Cap'tain Planet : En deux mots, Svinkels, c'est quoi ce délire ? {multithumb thumb_width=450 thumb_height=300}
Gerard Baste : C'est pas un délire, c'est super sérieux ! En deux mots, le délire c'est de faire du rap en parlant de trucs qui nous arrivent. En l'occurrence quand on a commencé, c'était de ne pas aller à l'école, de boire des bières, aller dans des fêtes, etc…
C : Je me suis bien renseigné sur vous, on m'a dit justement que vous étiez des aristocrates qui ne buvaient pas d'alcool, pouvez-vous me confirmer l'information ?
G : Y a du vrai là-dedans car ce qui est sûr c'est qu'on est pas des caille-ra et qu'on ne boit plus beaucoup de bière mais plutôt du vin … ou alors on passe directement aux drogues ! De la plus banale à la plus compliquée à gérer tous les jours …
C : Aujourd'hui on voit de plus en plus de groupes qui revendiquent la fusion des styles d'une manière plus ou moins réussie. Quel regard portez-vous justement sur ce terme de « fusion » au sein de Svinkels ? Quel est le message à faire passer ?
G : Aujourd'hui il n'y a plus vraiment de fusion. Tout s'influence : le rock est influencé par l'electro et inversement pour prendre un exemple. On ne peut plus parler de musique « fusion » comme dans les années 80. Un groupe de rock peut très bien avoir des pont Drum'n'bass. Le rap a aussi énormément changé depuis ses débuts. A l'époque où on a commencé, on était influencé par le Wu Tang, Cypress Hill, Assassin, etc… mais on ne s'est jamais dit qu'on allait essayer de mélanger le rap et le rock.
DJ Pone : C'est vraiment une attitude. Le rock s'est greffé naturellement …
G : Le mélange rap/rock est plus un concept que le délire alcool/drogue qui est un délire. On est un groupe à concept rock rentre-dedans avec le mode de vie qui s'ensuit et qui n'est pas habituellement celui des rappeurs.
C : Les jeunes issus du milieu rock dénigrent souvent le rap. Comment expliquez-vous cet engouement venu de la part des « rockers » autour de Svinkels ? Ce n'est quand même pas la chanson « Réveille le punk » qui a produit ça à elle seule …
G : Si tu regardes bien, le combat rock contre rap c'est un débat de cour d'école. Passé 17 piges, ça n'existe plus vraiment … C'est vraiment parce qu'à un moment le rap a explosé et certains se sont mis à dire « Hey, vous êtes minables avec vos casquettes Lacoste » … ce qui n'est pas tout à fait faux ! Du coup ils se sont mis à écouter du métal. Quand tu es gosses tu t'identifies vite à une scène alors tu as le choix entre des gars avec des casquettes et d'autres avec des sacs à dos Slipknot …Quand tu deviens plus grand, tu t'ouvres à d'autres scènes.
DJ Pone : Je ne suis même pas sûr qu'on ait un public rock. On a un public qui se déplace aux concerts. Demain il y aura Tiken Jah Fakoly qui jouera sur la même scène que nous et je suis sûr qu'il aura le même public … Je pense que le public nous voit comme un groupe de scène avec une énergie particulière qui se dégage.
G : Le public s'identifie aussi aux textes. On a tous fait les mêmes choses …
C : Une question qui porte à réflexion. Elle a été posée sur notre forum et nous tentons d'y répondre avec l'aide de groupes de différents horizons. Selon vous, que représente l'artiste en 2005 ?
G : A partir du moment où tu fais de la musique, qui est un art, tu es un artiste selon moi. Après il y a une différence entre ceux qui font de l'art parce qu'ils en ont besoin, ceux qui le font parce qu'ils veulent le faire connaître et enfin d'autres qui sont des « entertainers ». Je pense qu'à partir du moment où tu crées, tu es un artiste.
C : Et selon vous, jusqu'où peut aller l'engagement politique de l'artiste ?
G : L'artiste peut dépasser le stade d'artiste mais ce n'est pas quelque chose qui se pense à l'avance. Regarde Bob Marley, il ne s'est pas dit qu'il allait devenir un véritable homme politique … Il a représenté quelque chose pour de nombreuses personnes. Les Svinkels ne jouent pas ce rôle. Nous on caricature ce qui nous entourent… Chacun choisi son engagement. Par exemple Zebda fait des choses plus politiques en animant des fêtes de quartier …
C : Economiquement, est-ce que le groupe Svinkels fait vivre ses membres ?
DJ Pone : Non pas vraiment pour moi …
G : On ne fait que ça mais bon, on n'est pas milliardaires …
C : Vous êtes reconnus, vous avez beaucoup tourné, réalisé et participé à de nombreux enregistrements. Quel bilan pour Svinkels et quels objectifs à atteindre ?
DJ Pone : Faire un disque en 6 mois …
G : Faire un disque en 6 mois et vendre autant de cds qu'on en a vendu en 6 ans !
DJ Pone : Faire deux belles tournées et toucher le plus de monde possible …
G : On va d'abord finir les dates et ensuite plus rien jusqu'à la sortie de l'album …
C : DJ Pone peux-tu me parler de l'album de remix des Svinkels ?
DJ Pone : J'ai trouvé qu'il fallait vraiment sortir un album avant la sortie du prochain. J'avais déjà fait ce genre de skeud pour le groupe Triptik. J'avais remixé de vieux morceaux qu'ils avaient. Je les avais remixé comme une mixtape habituelle. J'ai eu envie de le faire avec le Svink et la maison de disque était OK.
G : On a voulu mettre des inédits mais on nous a dit qu'ils étaient trop pourris alors on a mis que des vieux titres !!! (rires)
DJ Pone : En plus avec des inédits ça n'aurait pas été efficace. On voyait que notre public changeait. C'était surtout intéressant de pouvoir offrir quelque chose de nouveau sans faire une compil banale. J'ai mixé d'une manière assez simple comme le font d'autres DJ mais j'ai aussi ajouté des choses plus subtiles pour les fans du Svink. Il y par exemple des morceaux de live entre les morceaux pour rappeler l'énergie des concerts.
C : Tu a essayé de garder une certaine cohérence entre les morceaux ?
DJ Pone : Ouais bien sûr, les morceaux se suivent. Il fallait que les morceaux coulent entres eux. Ca a été facilité par le fait que j'avais toutes les pistes originales à ma disposition ….
C : Préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
G : J'aimerais qu'elles éjaculent en nous voyant !
DJ Pone : Qu'elles nous montrent leur bite !
G : Ouais voilà, qu'elles fassent des trucs de bonhomme : qu'elles se grattent les couilles, etc …