Cap'tain Planet : Comment décririez-vous à un néophyte ce qu'est le dub ?
Alexis Mauri : Le Dub, à la base, ce sont les version instrumentales de chansons sur lesquelles le producteur/ingénieur délire a partir des enregistrements originaux. Il en fait sa propre ré-interprétation, souvent aidé par les forces cosmiques (du cosmos, loin… là bas) qui poussent très bien si on les arrose… Le résultat est une sorte de sublimation du morceau car le producteur/ingénieur va à l'essentiel en mettant en avant la rythmique basse/batterie avec des ajouts sporadiques d'instruments dans des échos, des delays, des réverbs… Le dub est le premier genre musical qui a mis le producteur au rang d'artiste. Qu'est-ce que t'en penses Stéf ?
Stéfane Goldman : C'est bien… c'est bien …
C : Existe-il un public adéquat et particulier à votre style musical ?
A & S : Non, d'ailleurs on ne vend pas de disques…. et puis le disque est mort, maintenant notre truc c'est les jeux video.
C : Parlons de vous, peux-tu nous éclairer sur votre univers ?
S : Nous sommes terriens, malgré les apparences et ce que peuvent dire les mauvaises langues… Nous habitons donc la terre, vers le 18 ème à Paris. C'est souvent le bordel au studio car Alexis ne range jamais ses jouets, nous sommes donc entourés de jacks, bandes magnétiques, de pédales, de ressorts et de fumée.
A : Ce qui se ressent dans notre musique, qui sent parfois le brouillard londonien.
C : Quelles émotions essayez-vous de faire passer à l'auditeur ?
S & A : Dubphonic, mieux que le professeur M'amdala, règle tous vos soucis d'agent et problèmes de coeur, et fait aussi revenir l'être aimé… succès garanti aux examens et aux mariages. Nous recommandons donc chaudement d'écouter »(plusieurs fois) notre album « Smoke Signals » paru chez Hammerbass afin d'en expérimenter les joies et les plaisirs , souvent proches du sexe tantrique…
C : Le dub est une musique de studio, qu'est ce qui diffère pour vous entre la scène et le studio ?
S : Le studio c'est un peu le bordel, mais la scène c'est beaucoup plus le bordel… On laisse beaucoup de place à l'improvisation et à l'illumination.
C : Quel type de relation cherchez-vous à établir avec votre public ? Est-ce que cette relation diffère entre la scène et l'album ?
A : On ne peut pas vous le dire, nous risquerions de choquer les plus prudes d'entre nous. Nous préferons donc éviter le sujet…
C : La scène dub française est originale, on parle souvent de « phénomène français », êtes-vous en accord avec cela ?
S : C'est vrai, nous sommes français ! Mais nous ne sommes pas pour autant des phénomènes de foire… Nous parlons musique (question: Chank, hank, ank , nk, k… Réponse : Karakaboum…)
A : Nous limiter à la France serait pourtant réducteur, et nous bloquerait de l'intérieur de nous…
C : Qu'est ce qui fait la force de la scène française selon vous ?
S & A : Son existence se suffit à elle même pour créer notre fierté… le dub est aussi très fort en Thailande!
C : Comment expliquez-vous le fait que chaque groupe de dub même s'il est associé à cette appellation sonne d'une façon tout à fait différente d'un autre ? (la musique d'High Tone ne ressemble pas du tout à celle d'Improvisators Dub ou d'Ez3kiel alors que dans le rock ou le punk on retrouve des similitudes entre chaque groupe …)
S & A : On est pas d'accord ! Dans toute musique existent des lieux communs, et la musique se différencie par les caractères et la personnalité de l'être humain… On ne peut pas dire que tout le rock soit semblable et on peut dire que certains groupes de dub se ressemblent… Il ne s'agit que de recyclage…
C : Comment voyez-vous évoluer le dub français dans le futur ?
S : Nous vivons dans le moment, il ne faudrait pas qu'il soit français, il faudrait qu'il soit mondial ! Le but ultime étant d'atteindre un langage universel et fédérateur, qui nous ferait nous aimer les uns les autres, les groupes d'Allemagne, de Jamaique, de Thailande, du Japon (coucou Nanao!!!) …
A : Comme s'il y avait une grande fête dans ma bouche et que tout le monde y était invité…
C : Pensez-vous qu'une exportation à grande échelle du dub soit possible ?
A : Sous la menace, peut-être….
S : en effet!
C : Préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
S & A : Qu'elles s'évanouissent !!! Cela dit, ça vient souvent après les pleurs…. Nous pourrions donc les cueillir telles des fleurs et les mettre dans un vase avec un peu d'eau et une pièce de 20 cents (il parait que c'est bien…), puis les mettre à la lumière !! Car au fond , nous ne sommes rien sans elles !