{multithumb thumb_width=480 thumb_height=389}Un peu moins d'un après leur dernière prestation à Paris, DevilDriver nous faisait le plaisir d'un second passage par le Trabendo. Bien que programmée avec John Boecklin, on nous annonce que le larron est en ballade dans le coin et que l'interview se déroulera avec Mike (guitare), quelques secondes avant que les deux intéressés ne pointent ensemble le bout de leurs nez. Un temps envisagé avec les deux musiciens, l’entretien se déroulera finalement comme convenu, aux côtés d’un John Boecklin qui nous éclaire sur la genèse de The Last Kind Words, dernier opus en date, ainsi que sur le futur de DevilDriver.
BEN : DevilDriver compose très vite. Chaque membre excepté Dez joue de la guitare dans le groupe, comment prenez-vous en compte les envies de chacun pour construire un morceau ?
John Boecklin (batterie) : Chacun écrit autant qu’il le peut, en effet. Quand nous décidons de composer en vue d’un nouvel album, nous nous retrouvons tous chez Mike. Nous travaillons beaucoup sur ordinateur, tout le monde écrit énormément et nous enregistrons par la suite des heures et des heures. Nous composons comme ça et nous conservons les morceaux qui nous semblent vraiment bons. Dez pose ensuite les parties vocales, il arrive à quelques occasions qu’il ait des idées d’arrangements, mais la plupart du temps il n’intervient que sur le chant.
Mike (guitare) est arrivé juste avant l’enregistrement de The Fury Of Our Maker’s Hand…
Pas vraiment. Nous avons fait deux tournées pour défendre notre premier disque. Mike est arrivée pour la seconde.
Est-ce un processus difficile d’intégrer un nouveau musicien, ou êtes-vous directement tombés sur la bonne personne ?
Mike est une très vieille connaissance, nous avions déjà joué ensemble dans des groupes avant DevilDriver. Ca n’a posé aucun problème, puisqu’il savait déjà comment chaque musicien fonctionnait. Ca c’est donc très bien passé, tout le monde le connaissait bien, sauf Dez.
Mike n’avait pas eu l’occasion de vraiment composer pour The Fury Of Our Maker’s Hand…
Oui, mais il avait notamment écrit le single « Hold Back The Day » en intégralité, et sinon il avait participé sur des morceaux aux structures déjà majoritairement composées en effet.
A-t-il pris une place plus importante dans le processus d’écriture de The Last Kind Words ?
Tout à fait. Pour ce dernier album il a composé « Clouds Over California », « These Fighting Words » ainsi que « Head On Heartache (Let Them Rot) ». Donc oui, il est devenu… Moins hésitant je pense. Ce qui est le cas pour tout le monde dans le groupe au final. C’est notre troisième album donc nous sommes désormais à l’aise avec cette façon de travailler. Et ça fonctionne très bien.
On trouve de nouveaux éléments sur ce disque, notamment des solos de guitares plus nombreux ainsi qu’une partie de clavier assez surprenante. Aviez-vous à l’idée d’intégrer ces nouvelles composantes dès le départ, ou est-ce une évolution qui est venue d’elle-même ?
C'est assez difficile à dire, je suis batteur mais je sais que quand nous avons débuté la composition, les guitaristes avaient vraiment cette envie d’intégrer plus de solos. Nous avons donc aménagé des parties pour ces interventions en guitares lead, c’était intentionnel mais tout est néanmoins venu très naturellement. Nous avions aussi décidé de jouer beaucoup plus vite qu’auparavant, c’était vraiment des souhaits partagés par tout le monde.
Qui a écrit cette partie de clavier ?
A la fin de l’enregistrement du chant de Dez, nous avons rencontré un pianiste professionnel. Nous lui avons donc proposé d’enregistrer une partie d’orgue, nous ne savions pas si nous l’utiliserions sur le disque. Finalement, elle est bien présente sur l’album !
The Last Kind Words est plus rapide et sombre que ces prédécesseurs, y’a-t-il eu une raison particulière à cette orientation ?
Pas vraiment. Je ne sais pas trop en fait. Nous jouons la musique dont nous avons envie, sans réellement nous soucier des exigences extérieures…
Nous pouvons donc prédire que DevilDriver continuera dans cette direction ?
Tout à fait, c’est sûr à plus de 100% !
Avez-vous commencé à écrire pour le prochain ?
Nous avons déjà deux chansons qui sont quasiment terminées. Je pense qu’elles s’inscrivent dans la même veine que ce que nous avons fait sur The Last Kind Words. Nous composons dès que nous avons un peu de temps libre, comme en janvier ou nous avons eu une semaine de pause. Nous n’écrivons par contre jamais sur la route, uniquement chez nous. Je pense qu’un nouvel album devrait être prêt à être enregistré dès le mois de novembre.
DevilDriver est presque en opposition à tous ces groupes américains qui sombrent dans les mélodies avec les années et le succès. Quelle est ton opinion sur cette scène metalcore qui remporte actuellement un véritable engouement à travers le monde ?
Je trouve qu’il y a vraiment de bonnes choses, j’aime certains des groupes catalogués dans ce style. Une formation comme Killswitch Engage fait vraiment sa musique de façon honnête, et ils ont initiés un mouvement qui grossit depuis les six dernières années. Globalement, je suis assez enthousiaste sur le metal américain ces dernières années.
Votre musique conserve ses spécificités et ne se plie pas à un mouvement de mode particulier. Parvenez-vous à conserver toutes vos libertés sur une structure de la taille de Roadrunner ?
Ils ne nous obligent à rien. Nous n’avons pas vraiment de difficultés avec Roadrunner, ils gardent bien sûr une oreille sur notre travail mais la décision finale nous revient toujours.
The Last Kind Words n’a été distribué aux Etats-Unis que deux mois après l’Europe. Connais-tu les raisons de ce retard ?
Pas du tout. Ils avaient probablement un autre truc à distribuer avant nous (rires) !
Certaines chansons comme « Guilty As Sin », « Digging Up The Corpses » et « Unlucky 13 » n’ont été conservées que pour les B-Sides. Pourtant seule « Guilty As Sin » sonne vraiment différemment de votre répertoire habituel. Pourquoi avoir écartées les deux autres ?
C’est en fait très simple. Ces chansons avaient initialement été composées pour The Fury Of Our Maker’s Hand, mais elles n’ont pas été finalisées à temps donc nous n’avons pas pu les intégrer à la track-list du disque. Nous les avons donc gardé pour les éditions spéciales, et pour des bandes-originales de films.
Votre nouveau single « Head On To Heartache (Let The Rot) » propose d’ailleurs ces B-Sides et n’est actuellement disponible qu’en téléchargement légal. Arrives-tu à imaginer un jour ne distribuer votre musique que par ce biais ?
Oui, ça finira par arriver, c'est certain. Je ne sais pas trop quand, mais il semble que les gens en aient marre d’acheter des disques. On finira bien par arriver à ce mode de distribution, dans dix ou quinze ans… Enfin même plutôt cinq (rires) !
Vous parliez de la sortie d’un DVD pendant la tournée The Fury Of Our Maker’s Hand. Est-ce toujours en projet ?
Oui, nous prévoyons d’ailleurs de filmer l’intégralité d’un concert fin juin à Los-Angeles. Rien n’est encore pré-défini, mais nous espérons une sortie à l’automne. Ce qui est par contre certain, c’est que depuis le temps nous allons vraiment avoir beaucoup de choses à mettre sur ce futur DVD !