Fiers de leur premier album ‘Leviathanima’, Beyond The Styx, groupe tourangeau, bouscule la scène metal/hardcore par des riffs furieux et un chant à la limite de faire passer l’Exorciste pour un pâle remake de la Mélodie du Bonheur. Emile (chant) et Adrien (batterie), les fondateurs du groupe reviennent sur l’épopée fantastique d’un groupe qui n’a pas fini de faire parler d’eux…
Qui êtes –vous Beyond The Styx ?/ Présentes-nous ton groupe en quelques mots…
Emile : Nous sommes un groupe tourangeau crée en 2010 par Adrien (batteur) et moi-même (chant). Au départ, nous avions une vision totalement différente des choses. Personnellement, j’étais plutôt dans une vision brutal /death core et Adrien, lui était plus dans le hardcore voire post hardcore dans le vrai et bon sens du terme (pas asking, alexandria et compagnie quoi). Nous avons commencé par monter un groupe chacun de notre côté. Mais au final, chacun de nous n’avait qu’une moitié de groupe. On s’est un peu retrouvés comme des cons, donc nous sommes partis sur un compromis de nos styles et Beyond the Styx est né en octobre 2010. La suite, est une grande période de recherche artistique avec un premier line-up. En 2011, nous sommes devenus actifs. En 2012, nous avons sortis notre premier EP ‘Sloughing of the Shades’. En 2013, nous nous sommes séparés de notre guitariste pour divergences artistiques et de notre bassiste pour raisons familiales. Ils ont été remplacés par David à la rythmique et Yohan à la basse. Nous avons tournés par la suite en Europe avec neuf dates en dix jours ! Nous avons également fait aussi de belles premières parties : Klone, Hacrid, Tagada Jones…Après cette tournée, nous nous sommes posés quelques mois pour travailler et sortir ce premier album ‘Leviathanima’.
Quelle est la genèse de Leviathanima, ce premier album ?
Emile : On voulait faire mal. Nous sommes dans une époque de crise où, personnellement, je sens l’humanité en grande souffrance et où ma propre sensibilité est heurtée. J’ai voulu faire le point sur le degré de monstruosité des monstres que nous incarnons en allant chercher dans la mythologie grecque certains parallèles. Aujourd’hui, les plus grands monstres ne sont plus issus de l’Antiquité, ils sont autour de nous. J’ai souhaitais créer des parallèles entre ces deux temps, ces deux univers, avec des monstres que nous n’avons pas de mal à nous représenter et des monstres que nous côtoyons mais surtout que nous composons tous les jours, car l’homme est un monstre et l’homme est un loup pour l’homme. Nous sommes partis de ce malaise pour faire ressortir d’avantages d’ombres, de violence et d’oppression. Notre mélodie est plus présente mais aussi plus malsaine. Cet album a permis d’affirmer une identité plus propre de ce que nous pouvons retranscrire sur scène.
Comme une sorte de grande baffe dans ta tronche ?
Emile : Je suis un provocateur mais je maîtrise ma provocation. Nous voulions interpeller pour créer du dialogue. C’est même un des leitmotive de ‘Leviathanima’ tout du long. Le groupe ayant des racines hardcore, pour certains, notre manière de faire est maladroite mais pour nous, même si il ne s’agit que de métaphores, nos textes sont militants. Je n’invite pas le public à s’engager avec moi mais plutôt à aller chercher au-delà des textes, de développer son imaginaire, sa propre interprétation.
Vos quelques années sur les routes et vos différentes rencontres musicales vous ont-elles poussés à explorer de nouvelles pistes pour Beyond The Styx ?
Emile : C’est sûr que ces dernières années et la composition de ce dernier album nous a permis de confirmer notre identité. Je fais partis des rares personnes du groupe qui a un regard beaucoup plus critique sur l’EP. Personnellement d’un point de vue vocal, je suis très fier de ce que j’ai pu rendre sur ce nouvel album. L’idée était d’expérimenter d’avantage l’expiration et des vocalises plus malsaines et plus torturés. Je pense m’y être approché sans y être totalement arrivé. Je souhaitais également avoir une gutturale mieux maîtrisé, quitte à toucher au Grind par moment, sans tomber dans les stéréotypes même si ce n’est pas facile dans ce milieu blindé de cadors où presque tout a déjà été fait.
Le public ‘core’ s’attend aussi à ce que certains « codes » soient respectés – finalement le milieu ne serait-il pas un peu conservateur ?
Emile : Disons qu’il n’y a pas vraiment le choix n’ont plus pour les musiciens car après il faut la jouer sur scène ! Il faut pouvoir tenir le set. Je me suis rendu compte avec l’EP que je pouvais être par moment limité dans mon expression scénique. C’est là aussi que je me rends compte que j’ai mis la barre haute sur l’album malgré moi (Rires). Il y a des choses que j’aimerai pouvoir exprimé différemment sur scène que sur l’album mais physiquement défendre un set de 45 minutes, ce n’est pas comme un set de 25 min, ça tire quand même pas mal sur les cordes vocales !
Beyond The Styx et toi en particulier vous dégagez énormément d’énergie sur scène, comment prépares-tu ces performances ?
Emile : J’ai toujours une phase d’isolement aussi bien dans l’écriture que dans la préparation scénique. J’ai besoin de me retrouver seul face à moi-même pour essayer de rentrer la peau de ce ‘personnage’ qui fait parti de moi et que j’incarne, un peu comme une transformation de Dr Jekyll en Mr Hyde. Pour les échauffements vocaux, je m’inspire de la technique du chanteur de The Haunted, qui m’a été transmise par David Potvin (Dôme Studio/One Way Mirror). Il y a quand même aussi un échauffement physique qui fait marrer beaucoup de gens surtout quand il n’y a pas de place en backstage. J’ai eu des lendemains de concerts très durs et je considère aujourd’hui que quand tu dois enchaîner des dates, tu dois être prêt. Je ne suis pas straight edge, je suis végétarien mais je bois de l’alcool avec modération et surtout je ne touche pas aux drogues de synthèse. J’ai une hygiène de vie respectable car si on commence déjà à faire n’importe quoi à notre niveau on ne tiendra pas dix ans !
Vous avez enregistré ‘Leviathanima’ en quelques jours au Dôme Studio avec les frères Potvin à qui vous aviez déjà confié votre EP – un rythme plutôt intense aussi pour un premier album, non ?
Emile : Ça n’a pas été rose tous les jours, il y a eu des coups durs mais nous étions bien préparer. Nous ne pouvions pas nous permettre de faire des erreurs car financièrement ce n’était pas possible. Nous avons tenus le rythme, ce qui est plutôt une prouesse vu parfois la technicité de certains riffs. J’ai enregistré le chant en trois jours et demi pour dix titres ! Pour tout t’avouer, je ne pensais pas en être capable, je pensais mettre plus de temps donc je suis très content de moi, même si le dernier jour a été très difficile à cause du stress. Quand tu es chanteur, c’est toi qui clôture la boucle et c’est beaucoup de pression quand tout le monde t’attends sur ce moment.
Entre temps, Adrien, batteur-fondateur, rejoint la conversation.
Adrien : C’était un moment intense mais agréable. Trois jours de prises, quatre morceaux par jour, c’est sûr qu’à la fin de la journée tu es rincé mais content ! Même si chaque soir tu penses au lendemain en te disant ‘oh putain demain ça recommence’, tu es heureux car c’est une grande expérience.
Emile : En plus, David (Potevin) ne laisse rien passer même pas un poil de cul ! Ça peut durer longtemps voir très très très longtemps sur des solos ! Et encore, on a de la chance de travailler avec des gens qui nous connaissent et qui sont quand même relativement cool d’un point de vue humain ! Parce qu’ils auraient pu très bien nous dire de rentrer chez nous pour revoir nos riffs et de revenir dans deux mois ! Ils savent déconner et être sérieux quand il le faut, c’est des vrais pros.
Les frères Potvin (Dôme Studio/One Way Mirror) sont un peu vos mentors ?
Emile : C’est vrai que nous avons un peu travaillé en parallèle avec Franck sur les aspects visuels et scéniques du groupe. Franck nous coache comme il le fait avec TANK et ça nous apporte énormément d’être entouré par des personnes d’expériences qui ont tournés avec des groupes comme Soilwork.
D’où vient l’idée de faire mixer l’album par Jamie King aux Etats-Unis (Between the Buried and Me/In the Midst of Lions)?
Emile : L’idée vient d’une rencontre par des amis en commun qui nous l’ont recommandé. Je suis un gros fan de Between the Buried and Me (même si j’ai un peu lâché ces dernières années) et je ne savais pas que c’était lui qui les avaient réalisés. Au début, nous voulions mixer l’album en Europe mais nous avons eu quelques déconvenues de la part des mixeurs d’un point de vue artistique et financier. Notre projet a emballé Jamie King et de notre côté nous avons énormément apprécié son aspect humain, ponctuel, professionnel, donc toutes les conditions étaient réunies pour une collaboration. Il était, à ce moment là, à notre niveau, la personne adéquate et optimale pour réaliser le meilleur album possible.
Adrien : L’album a été mixé en quasiment 15 jours et dès la première écoute, c’était quasiment la bonne ! Il a même fait un peu parler de nous sur ses réseaux.
Vous avez également rejoint le collectif Klonosphère – tout commence sur les chapeaux de roues en faite ?
Emile : C’est un honneur pour nous de rejoindre Klonosphère. C’est génial d’être entouré par des personnes qui appartiennent au Top des créatifs français (nb. Klonosphère est un collectif crée par les membres de Trepalium, Hacrid et Klone). C’est une reconnaissance importante de la part de nos pairs et un gage d’autosatisfaction.
Adrien : Nous sommes très libres, chacun fait sa musique. Nous les avions rencontrés, il y a quelques années pour l’EP, ils n’étaient pas intéresser par notre travail à ce moment là. Nous sommes revenus avec ce premier album et comme tout était clean, l’image du groupe, l’univers graphique, le son, l’identité, nous avons signé avec eux. Mais Klonosphère est d’abord un collectif avant d’être un label même si nous avons un contrat d’exclusivité, un engagement de deux ans et une distribution chez Season of Mist, ce qui est loin d’être négligeable !
Vous êtes donc en pleine phase ascendante, quelles sont vos ambitions pour la suite ?
Emile : Toucher les plus grosses scènes et les plus grands festivals. Il n’est pas dit qu’un jour, nous fassions une tournée avec la clique du Klonosphère. Nous aimerions également atteindre des groupes américains ou français connus et accessibles pour faire leurs premières parties comme Trepalium ou Dagoba s’ils cherchent un tour support. On nous a déjà proposés des premières parties de groupes américains aux US mais inaccessibles pour le moment financièrement mais également qui ne nous parlent pas toujours musicalement. Il faut quand même une certaine cohésion si tu veux te faire connaître et pas accepter n’importe quoi. Par exemple, tourner avec Benighted, un groupe que j’aime beaucoup, ce n’est pas possible parce que nous n’avons pas ce niveau de brutal/death. Je ne sais pas si l’esprit des « death/metalleux » avec tout le respect que j’ai pour eux, soit assez ouvert pour nous accueillir sur une première partie aujourd’hui.
Les différentes communautés de métal sont assez cloisonnés quand tu fais du brutal/death tu ne peux pas facilement toucher le public metal/core…
Emile : Le problème, c’est que je ne me reconnais pas dans la scène ‘metalcore’, si je devais tourner avec The Arrs, ça se discuterait mais par exemple la scène metalcore américaine me parle très peu.
Et un splitt avec d’autres groupes de la scène métal française ?
Emile : Wahou, euh je ne sais pas. J’irais peut être poussé la chansonnette avec les gars de Dysmorphic et peut-être que Baptiste viendra nous rendre la pareille dans deux ans sur un titre car nous avons déjà partagés une scène ensemble à Angers. C’est un gars que j’apprécie beaucoup. Je ne suis pas très favorable au splitt mais venir poser ma voix à droite, à gauche avec des potes pourquoi pas.
Beyond The Styx en concert :
16/04 – Le Zinc (Poitiers)
17/04 – Le Sprint Bar (Clermont Ferrand)
18/04 – Le Blogg (Lyon)
24/04 – La Belle Rouge (Joué-les-Tours)
01/05 – Le No Man’s Land (Volmerange Les Mines)
02/05 – Le Midland (Lille)