Même si vous ne connaissez pas Band of Skulls, vous avez forcément entendu un de leur morceau à la TV où à la radio dans diverses publicités d’Hugo Boss à Swatch. Groupe de première partie sur les tournées de Queen of the Stone Age, Band of Skulls a bâti sa réputation sur des performances scéniques très « heavy », un trio rock d’enfer à réveiller les morts. De passage à Paris, ils ont présentés leur nouvel et troisième album « Himalayan » au Trabendo. Quelques jours auparavant, Vacarm.net avait rencontré les anglais pour connaître les clés de leur succès.
Vous avez commencé votre carrière en 2008, depuis tout s’est enchaîné très rapidement : albums, pubs, tournées, concerts…à quoi pensez-vous lorsque vous vous arrêtez sur ces six dernières années ?
Emma Richardson : Nous avons déjà accompli beaucoup de choses J ! (Rires). Le plus merveilleux, c’est d’avoir eu la chance de jouer dans de nombreux pays du monde.
Matt Hayward : C’est vertigineux de penser qu’hier nous jouions quelques dates par ci par là en Angleterre et que du jour au lendemain on se retrouve à jouer 200 concerts à travers le monde en seulement un an et qu’il est temps d’enchaîner sur un nouvel album, retourné en tournée et tout recommencer ainsi de suite. Je pense que nous pouvons être fiers de notre réussite.
Vous avez aussi réussi à vous positionner comme un groupe incontournable de la scène rock actuel en jouant en premières parties de titans comme Queens of the Stone Age ou Dead Weather. Vous êtes un peu devenu les nouveaux « chouchous » du moment ?
Russell Marsden : Nous sommes vraiment très honorés quand nous sommes invités à jouer pour des groupes de cette prestance. Mais ce qui est le plus gratifiant, c’est de se rendre compte qu’ils aiment exactement la même musique que nous. Nous avons des relations très respectueuses entre nous. Je crois que ces rencontres nous ont permis d’avoir plus confiance en nous même si nous sommes restés les mêmes et que nous jouons toujours notre musique avec sérieux, peu importe le public ou la tête d’affiche. Nous avons autant de responsabilités qu’eux à faire de la grande musique et j’espère que nous avons réussi à gagner notre propre public.
Matt Hayward : C’est toujours très difficile de jouer devant un public que tu ne connais pas et qui est venu spécialement voir un groupe qui n’est pas le tien ! On attend toujours de la première partie qu’elle chauffe la salle. Nous avons été plutôt chanceux pour Queens of the Stone Age à Paris en novembre dernier, l’accueil a été incroyable.
Qui a été votre révélation rock ? A quel moment de votre vie, avez-vous décidé de devenir musicien ?
Matt Hayward : Oulà…depuis un bout de temps en fait. Russell et moi, nous nous sommes connus gamins et ça commençait déjà à cet époque même si nous avons mis un petit moment à apprivoiser nos instruments (Rires) ! La musique a toujours été une priorité dans notre vie. Malgré nos différents parcours, nous en revenions toujours au groupe et à la musique.
Russell Marsden : J’ai commencé avec les vinyles de mes parents. Puis, j’ai eu un violon mais quand j’ai commencé à jouer avec les cordes en les triturant de gauche à droite et de droite à gauche, je me suis dit qu’il serait peut-être temps de changer d’instrument (Rires) ! Mais je ne connaissais pas vraiment beaucoup d’artistes jusqu’à ce que je rencontre Matt. En plus aucun membre de ma famille ne jouait d’un instrument, j’étais donc un musicien solitaire ! Mais quand nous nous sommes rencontrés avec Matt, la connexion s’est faite et nous nous sommes mis à CROIRE…(Rires).
Emma Richardson : Au début, je ne m’y intéressais pas vraiment. Mon père jouait sur une vieille guitare acoustique. Un jour, je lui ai demandé de m’apprendre deux, trois notes et je suis tombée dedans ! Je me souviens du premier concert que nous avons fait à Winchester, j’étais morte de peur. Mais une fois le concert achevé, je ne désirais plus qu’une chose, recommencer !
Vous n’êtes que trois et pourtant sur scène, c’est comme si vous étiez mille. Comment faites-vous pour obtenir cette puissance ?
Russell Marsden : Le son est ta puissance. Il change, il évolue à chaque performance mais tu ne dois pas te contenter de l’améliorer, tu dois aussi le maintenir. Tous les jours, nous nous demandons comment rendre notre son meilleur à chaque moment du concert. Nous ne sommes que trois alors pour astuce que nous trouvons, nous essayons d’en tirer le maximum pour faire sonner un trio comme un orchestre. Chaque petite idée est une mine d’or. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas mais nous essayons toujours de donner le meilleur de nous-même aussi bien dans notre musique que dans nos textes. La perception de chacun peut changer la dynamique d’une chanson ou ses arrangements. Nous nous entraidons beaucoup même si parfois nous nous compliquons la vie pour pas grand-chose.
Ce perfectionnisme, ce son profond qui englobe tout un public dans un écho, c’est un peu pink floydien, non ?
Russell Marsden : Nous avons surtout un excellent producteur et un ingénieur son fantastique pour nos concerts, ce qui aide beaucoup pour les effets magiques. Je profite de cette question pour te remercier Pitt, chapeau mec ! Il nous suit partout depuis le début, il fait presque parti du groupe. Si nos shows sont de plus en plus bons, c’est vraiment grâce à lui. Il nous connaît bien et il sait à quel moment poussé le son ou jouer avec les lumières.
Matt Hayward : Je crois aussi que nous avons un son un peu « spécial », intemporel et sauvage, ce qui le rend pink floydien.
Russell Marsden : Quand nous étions gamins, le père de Matt a écouté nos premières compos (qui sont devenus très embarrassantes au pasage (Rires)). Il nous disait « C’est bien mais vous devez penser un peu plus aux lumières et aux nuances. ». Et c’est peut-être le meilleur conseil qui nous a été donné. Ça nous rappelle que nous ne devons pas nous contenter de ce qu’on a, mais d’aller toujours plus loin.
Matt Hayward : Je pense que c’est vital pour un groupe, d’autant plus que nous ne sommes que trois pour marquer la différence.
Votre nouvel album « Himalayan » transpire ce perfectionnisme, le son est beaucoup plus travaillé et peut-être un peu moins brut que sur les albums précédents, non ?
Russel Marsden : C’est naturel pour nous. Nous écrivons des chansons en permanence et parfois nous arrêtons de tourner pour les enregistrer. Cet album représente un moment de nous-même, une photographie du temps. Maintenant, c’est déjà du passé, ces chansons ont été écrites l’été dernier. Bien sûr, nous avons conservé quelques éléments de nos précédents albums mais je crois qu’ « Himalayan » est plus direct et plus concentré. Mais je pense aussi que cette impression explosera lors de nos concerts où la musique pourra s’exprimer sans limite.
Cet album sera sûrement plus facile à écouter pour les « novices », ce qui ne nous connaissent pas ou qui ne nous ont pas vus en live. Mais, il n’y a rien de commercial dedans, ce mot n’a pas de sens pour nous. Nous avons travaillés ces chansons. Nous méritons un peu d’indulgence. Si nous étions toujours les mêmes, le public se serait vite ennuyé de nous.
Pourtant sans le vouloir, vous avez commencé à être commercial dès vos débuts avec des pubs comme Hugo Boss qui utilise « Patterns » de votre 1er album !
Russel Marsden : (Rires) Les publicitaires adorent le prog-rock !
Matt Hayward : Du moment que nous sommes honnêtes avec nous-même et avec le public, nous n’aurons pas à nous soucier d’être devenu de la viande à fast food. Notre musique vient de nous et ça de manière tout à fait naturel. Après chacun pense ce qu’il veut.
Emma Richardson : Nous ne sortons que ce que nous avons envie de faire.
Matt Hayward : Et nous sommes les pires critiques de nous-mêmes ! (Rires)
Russel Marsden : Si nous devenons des copies de nous-mêmes autant arrêter. Nous devons évoluer et être exigent. Nous prenons des risques pour aller encore plus loin. Nous sommes vraiment fiers de cet album. Mais, je pense que le prochain album sera un vrai challenge pour nous car nous sommes imprégnés de tous les lieux que nous avons visités pendant notre tournée.
Parlons de votre nouveau clip « Nightmares », êtes-vous aussi impliqués dans vos vidéos ?
Emma Watson : Oui, nous avions quelques idées sur le scénario. Greg Davenport (réalisateur) a réussi à transcender ces idées en un clip fabuleux.
Russel Marsden : La première idée était de se rendre à Almeria en Espagne pour retrouver cette ambiance désertique et mystique à la Death Valley. C’était génial comme idée et on pensait pouvoir enregistrer aussi notre album là-bas. Puis il a changé d’avis et il nous a emmenés à Londres où nous sommes restés coincés pendant des jours à cause de l’une des pires tempêtes que l’Angleterre est connu ! Nous avons enregistrés nos sessions et l’argent du clip est retourné au label à Los Angeles ! (Rires). Mais les choses ont finalement bien tournés. Il a donné la dimension exacte qu’il fallait à cette chanson. C’est un parfait équilibre entre le texte, la vidéo et la musique.
Emma Richardson : Le clip transmet exactement les émotions que nous cherchions à partager au travers de la musique.
Russel Marsden : Le résultat final nous a vraiment surpris. Maintenant, quand je joue cette chanson, je ne vois plus que des couleurs pastel se dispersant dans le désert au soleil couchant.
Qui a le dernier mot sur les singles ?
Matt Hayward : Nous avons la chance d’être très indépendant ce côté-là et nous décidons de tout. Mais, nous écoutons tout de même l’avis de nos amis, des personnes avec qui nous travaillons en qui nous avons confiance.
Russel Mardsen : Nous faisons en sorte que chacun de nos titres soient bons donc nous sommes contents de chaque single. Cela n’a pas vraiment d’importance pour nous. « Nightmares » est un bon single car il révèle des nouveaux éléments de notre musique, de cet album.
Peut-on vous souhaiter une carrière aussi longue que les Rolling Stones ? Vous voyez –vous encore sur scène à 70 ans ?
Russel Mardsen : C’est une question intéressante…Tu ne peux pas critiquer la passion qu’ils ont pour leur métier. C’est évident qu’être sur scène, c’est ce qu’ils aiment le plus. Il y a tellement d’histoires liées à leurs chansons. Ils ont le droit de les jouer. Tout le monde aimerait les voir jouer dans des petites salles mais ils devraient alors jouer tous les soirs de l’année. Il est vrai qu’il est dommage de les voir dans des stades mais bon, ils n’ont pas vraiment le choix. Mais, c’est ce qui permet de garder des espaces pour des nouveaux groupes qui aspirent à la même carrière. Ce qui est vraiment dommage, ce sont tous ces vieux groupes qui se reforment et cachent un peu le nouveau paysage musical du rock qui cherche à se faire une place. Toute musique devrait durer éternellement, car c’est un peu l’essence de la musique. Après, nous jouons depuis nos 11 ans donc on a déjà un peu l’impression d’être des dinosaures (Rires). Ce qui est un peu flippant en fait quand on y repense…ok on arrête la musique l’année prochaine (Rires).
Matt Hayward : Nous prenons maintenant rendez-vous avec Vacarm.net pour les inviter à notre concert dans 40 ans !
Merci à vous, invitation retenue !