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Entretien avec Shawter de Dagoba juste avant le concert à l’Alhambra, le mercredi 13 décembre.

« C’est comme si c’était ma première tournée, ma première année. Toujours aussi jouissif ».

Entretien en toute simplicité avec Shawter, fondateur, compositeur et chanteur de Dagoba, avant le concert à l’Alhambra le 13 décembre.

Bonjour Shawter, je ne vais pas revenir sur la séparation du groupe, largement médiatisée, ni trop sur le dernier album, largement commenté également, aujourd’hui je préférerais aborder le sujet de la tournée, à quelques heures du concert à l’Alhambra. Paris c’est une date particulière ?

Shawter : ça reste une date particulière parce qu’il y a un peu plus de presse, les maisons de disques, les managements, tout le côté business qui est plus présent mais au niveau de l’intensité on essaie de ne pas faire de différence entre les concerts en province et à Paris.

La présence de plus de presse c’est un peu plus de stress pour toi ? Tu lis ce qu’on écrit sur le groupe ?

Pas plus de stress et je lis de moins en moins ce qu’on raconte sur le groupe. Je n’ai pas trop le temps et puis je ne suis pas un aficionado des réseaux sociaux.

Tu as dit un jour qu’internet était ton ennemi intime.

Oui. Je ne supporte pas trop ça, je suis plus chasse et pêche qu’internet. Je vis avec mais j’y ai trouvé très peu de bon et beaucoup de mauvais donc je m’en suis rapidement éloigné. J’essaie d’avoir un regard un peu plus détaché sur ça.

Comment s’est passée la tournée jusqu’à présent ? Y a t il des différences selon les villes, les publics ? Jouer au Hellfest ou dans une petite salle ça n’est pas trop différent ?

Ça ne pose pas de problème. On a toujours eu comme ligne de conduite de garder les pieds sur terre et physiquement par contre de garder le contact avec notre public. Ce qui change c’est plus en dehors de la scène, c’est à dire le confort pour l’équipe technique, le groupe, on est mieux reçus, mieux nourris, mieux logés et on fait des plus belles salles mais on tient à préserver un peu cet esprit undergound qui nous garde les pieds sur terre et nous empêche de nous reposer sur certains lauriers qui je pense pourraient être néfastes, l’envie de proposer toujours quelque chose de mieux, d’innovant et d’intéressant.

L’aventure a débuté il y a 20 ans. La passion est toujours là ?

Selon moi, on fait un métier vocation donc je ne pense pas qu’elle puisse s’amoindrir. Comme lorsqu’on choisit d’être pompier (en tout cas j’espère) ou policier ou prof c’est des vocations. On a ça en soi. D’apprendre, de sauver des gens ou d’essayer de les faire rêver et je ne vois pas comment ça peut vraiment s’amenuiser. Dans mon cas, c’est comme si c’était ma première tournée, ma première année. Toujours aussi jouissif.

Tu as le trac avant d’entrer en scène ? Un rituel ?

Non je n’ai pas de rituel particulier, je ne suis pas superstitieux, le trac pas trop non plus, j’essaie juste d’être en pleine possession de mes moyens surtout avant d’arriver dans les salles, ne pas tomber malade, être là à 100 % parce que le public a payé sa place et c’est la moindre des choses que de se présenter en pleine forme.

Tu pousses pas mal ta voix en concert, ce n’est pas un problème lorsque tu enchaînes les dates ?

Des fois c’est dur mais faire beaucoup de sport pendant la semaine aide beaucoup. On dit « bien dans son corps, bien dans sa tête » et j’essaie justement d’arriver bien dans ma tête, sûr de mes compétences et déjà ça annule une bonne partie de la retenue qu’un certain trac pourrait provoquer.

On peut parler d’un entraînement de sportif, d’une vie assez saine.

Oui. Je ne me permets de boire un petit coup ou de traîner un peu en soirée qu’en tournée. Le reste de la semaine j’ai une vie très saine. Je me couche tôt, je mange du riz, du poisson, je vais au sport tous les jours et ça me va très bien.

Tu pratiques l’apnée aussi je crois.

Oui. C’est quelque chose que je fais depuis ma plus tendre enfance, c’est ma passion numéro une.

Numéro une ?

Oui clairement. Je pense que même quand la scène, les lumières s’éteindront, je continuerai à aller à la pêche donc voilà tout est dit.

Mais elles ne vont pas s’éteindre ?

Non mais un jour ou l’autre. Comme je te l’ai dit, j’aime bien me présenter à 100 % de mes fonctions et malheureusement, avec le temps qui passe, le 100 % quand on a 50 ans n’est plus le 100 % de quand on a 25 ans donc je ne sais pas si j’ai vraiment envie, par pure sincérité, de me présenter à mon public le jour où je n’aurai plus la condition physique suffisante.

L’interprétation sur scène du dernier album est plus brute que l’enregistrement studio ?

C’est ultra énergique, ultra convivial, avec plus de scénographie mais bon ça c’est des détails techniques mais on joue avec la même rage les titres du premier album comme du dernier. Le but c’est de faire repartir le public avec la banane et des étoiles dans les yeux.

Vous supprimez certaines choses sur scène par rapport à l’enregistrement ?

Non. Ça c’est une particularité du groupe. On joue l’intégralité de chaque note de chaque instrument qui est proposé sur cd. C’est dur à mettre en place parce qu’on est obligés de jouer avec des séquences d’orchestration, il faut être très précis mais tout ce qui est interprété, tout ce qui est proposé sur cd l’est en live.

Que cherches-tu à transmettre sur scène au niveau des émotions ?

Une communion avec le public. Je sais que sans l’énergie qu’ils vont me retransmettre ma prestation ne pourra pas être aussi bonne que si je suis seul en répète. Faire le premier pas vers eux, voir comment ils répondent. Comme je dis souvent aux photographes, aux caméras, moi je préfère qu’ils prennent le public en photo que le groupe parce que bien souvent le spectacle vivant c’est eux plus que nous. Nous on est quatre, eux ils sont mille, on ne peut pas lutter, c’est eux la beauté du spectacle.

Quand des gens ne fréquentant jamais les salles de concerts metal me demandent ce qu’est un wall of death j’ai pour habitude de montrer celui de Dagoba au Hellfest en 2014 et chaque fois les gens me demandent « mais pourquoi font-ils ça » ? Alors pourquoi selon toi ?

Ça me fait penser à une anecdote. J’ai mis très longtemps à comprendre l’expression corporelle comme la danse par exemple et un jour je pensais à une navette spatiale avec des extra-terrestres qui viendraient sur terre et qui n’entendraient pas, n’auraient pas d’ouïe, et qui se pointeraient dans une discothèque et verraient ces êtres humains danser, se déhancher sur … rien et il y a quelque chose d’incompréhensible. Les gens sont contents, dansent, se meuvent, c’est quelque chose de très instinctif et je pense que le wall of death c’est ça, une façon comme une autre de communier.

Depuis la scène, quand tu as vu ce mega wall of death, tu pensais quoi ?

J’étais d’abord surpris parce qu’on ne représentait pas une tête d’affiche, même si on est en France on sait qu’on représentera toujours le petit groupe de Marseille et je me suis dis que de faire réagir la quasi intégralité du festival, c’était une reconnaissance incroyable et pareil, qu’est-ce qu’on retient de notre prestation si ce n’est la prestation de notre public ce jour là ?

Au niveau des retours de l’album, j’ai l’impression qu’il se passe un truc, pourtant ça fait 20 ans que le groupe existe mais on dirait qu’un pas supplémentaire est franchi. Il y a eu un changement de line-up que tu n’as pas cherché, cet album sort et il fait l’unanimité. Tu en penses quoi ?

C’est clairement le premier album où on a des retours unanimes. Moi je ne m’en suis pas trop occupé parce que je ne suis pas très réseaux sociaux. Ça veut simplement dire que l’adage « nul n’est irremplaçable » est vérifiable.

Marseille n’est pas une ville très metal. Pourquoi avoir fait le choix de cette musique il y a 20 ans ?

C’est une vocation. Je suis tombé dessus, ça m’a plus et je ne me voyais pas faire autre chose.

Si tu n’avais pas fait ça, tu aurais fait quoi ?

J’avais un bon niveau au foot, il a fallu que je choisisse à un moment charnière entre continuer le ballon et faire de la musique sinon je me serais bien vu aussi dans un corps plus militaire. J’aime bien l’esprit d’équipe et ça ne m’aurait pas dérangé.

L’avenir pour toi ?

Perdurer et continuer à prendre autant de plaisir soir après soir, voyager grâce au groupe et se faire plaisir en studio pour proposer la musique qu’on aime.

Un grand merci à Shawter pour cet entretien.

 

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