Du 1er au 3 octobre prochain aura lieu la onzième édition du festival Riddim Collision, organisé par le label Jarring Effects. Quel est le programme de cette année ?
Nico : Cette année 3 soirées, la première le jeudi, axée sur la performance et les musiques expérimentales où nous aurons l'honneur d'accueillir Pierre Bastien, Orka (avec Yann Tiersen!), Pan Sonic et Von Magnet. Le vendredi est le principe d’une carte blanche à High Tone avec un concept : 2 scènes, l'une sous forme d'un sound clash à la jamaïcaine, avec les mythiques Aba Shanti I et Martin Campbell accompagnés de jeunes groupes prometteurs, l'autre en sound system avec Disrupt, High Tone et bien d'autres. Le samedi sera dédié aux musiques électroniques (scène 1) et au hip-hop (scène 2), avec Si-Begg, Pole, Bogdan Raczynski et des artistes de chez nous, comme Ben Sharpa, Oddateee, Under Kontrol… ! De quoi finir en beauté le festival !!
La onzième édition du festival Riddim Collision se place plus que jamais sous le signe de la découverte musicale. Le festival accueillera des artistes produits par le label mais aussi de nombreux coups de coeurs. Quels sont les tiens ?
Nico : Pour moi, LE gros coup de coeur sera Orka & Yann Tiersen (chroniqué dans notre dernier Nuke d'ailleurs), mais on en parle plus tard! Pour les autres, en découverte le Stand High Crew, trois bretons qui font un dub mêlé de hip-hop ultra dansant!! Si-Begg, maestro venu d’outre-manche, qui produit un mélange breakbeat / dubstep riche et varié, bourré d'influences; après, on ne peut pas citer tout le monde, mais il y a aussi Pole et son ambient / électronica aérien, Harmonic 313 pour le dubstep / hip hop, Pan Sonic, 2nd Gen, … Toute modestie gardée, nous sommes vraiment très fiers de notre cru 2009, on espère que vous le serez tout autant en vous joignant à nous !
Personnellement, je crois qu'il y a un moment que je ne voudrais pas louper durant ce festival ; c'est lorsque Yann Tiersen se produira aux côtés d'Orka, un groupe venu des Iles Féroé. Peux-tu nous parler un peu plus de cette collaboration ?
Nico : Cette collaboration a eu lieu pour les 30 ans des Transmusicales de Rennes, en décembre 2008. Yann Tiersen, c'est un peu l'invité incontournable du festival, le dolmen local, et les Orka étaient la bonne surprise. Tous 2 proviennent du même label, Ici d’ailleurs, label défricheur de talents depuis ses origines, qui a dû favoriser cette rencontre. Organisés à la manière d'un orchestre, l'intégralité des instruments d’Orka sont faits main, avec des matériaux de récup' trouvés dans la ferme familiale de Jens. On peut y trouver une machine à embouteiller recyclée en flûte de pan, ou des percussions faites avec une clé à molette frappée sur un tonneau en métal, le tout formant un mélange folk/indus unique… Alors cela a excité la curiosité de notre breton, qui a proposé tout naturellement cette collaboration. Le groupe, quant à lui, connaissait (et appréciait) déjà Yann Tiersen, grâce à la musique d'Amélie Poulain. Au final, c'est tout naturellement que notre homme a intégré la formation, devenant membre à part entière du groupe. Jens L. Thomsen (l'homme à tout faire du groupe) lui a même créée pour l'occasion une harpabole (harpe-parabole) et une noiseline (violon-boût de bois), avec lesquelles il s'exerce sur scène. Nous sommes tous très impatients de voir ça !!
Il y a aussi tous les à-côtés du festival qui le rendent vraiment incontournable. L'ambiance est folle et on trouve de nombreux ateliers autour de la culture electro / hip hop / dub comme les graffs, les assos, etc. Quelles seront les surprises de cette année ?
Nico : Les grandes lignes pour cette année seront la projection d'un documentaire sur la culture techno de Detroit "The Cycle of Mental Machine", avec la présence de sa réalisatrice Jacqueline Caux, ainsi qu’une conférence menée par TOTAL RTT (binôme stéphanois) sur l'histoire des musiques électroniques. Nous accueillerons aussi le spectacle GENES 01 présenté par la compagnie Cékoisthéâtre, qui feront une relecture du texte de Fausto Paravidino. Ces animations introduiront le festival, du lundi au mercredi. Il y aura également une rencontre professionnelle avec les acteurs de la production phonographique régionale et nationale (FEPPRA – Fédération des Editeurs et Producteurs Phonographiques Rhône Alpes, la FEPPIA – Fédération des Editeurs et Producteurs Phonographiques Indépendant d’Aquitaine, CD1D.COM, C-MAL – Collectif des Musiques Actuelles de l’agglomération Lyonnaise. Nous réitérons enfin l'expérience avec les cagoles marseillaises de Pink Ponk, qui comme l'an dernier inonderont le festival de leur bonne humeur, à grands coups de boas, perruques, accessoires en tous genres et accoutrements déviants, pour notre plus grand plaisir.
C'est plutôt rare de voir un label prendre le risque d'organiser lui même un festival d'une telle ampleur. Peux-tu nous donner plus de détails sur les motivations de Jarring Effects à produire 3 jours de concerts qui réuniront plusieurs milliers de spectateurs ?
Nico : Pour rectification, c'est l'association Jarring Effects qui prend en charge le festival, l’activité label étant gérée par la scop Jarring Effects Label. C'est l’association d'ailleurs qui gère tout l'aspect événementiel de Jarring Effects. Le festival, c'est une suite logique, l'organisation de soirées de plus en plus importantes, concrétisée par une JFX party en 1999, au Transbordeur. C'était les prémices du festival, avec High Tone, Meï Teï Shô, Ez3kiel, Monsieur Orange La volonté première du festival était/est d'offrir au plus grand nombre, via des politiques de prix attractives, la possibilité de découvrir des artistes émergents ou de renom provenant d'univers musicaux différents, le tout dans un cadre chaleureux et à taille humaine. Cette année, nous sommes au Marché de Gros de Lyon, seul lieu capable de nous accueillir. Nous composons donc avec les 2 scènes qui nous sont attribuées, soit une capacité d'accueil doublée par rapport aux précédentes éditions.
Penses-tu qu'on puisse expliquer les raisons du succès d'un événement comme le Riddim Collision par le fait que les artistes produits par Jarring Effects font partis d'une scène particulièrement cloisonnée ? Il existe assez peu de labels aussi atypiques que Jarring Effects qui sont des défricheurs de talents en France, non ?
Nico : Certes, proposer une programmation qui sorte un peu des clous des festivals "mainstream" nous a valu la reconnaissance que nous avons aujourd'hui. L'univers des musiques électroniques est large, et très à la mode. Je pense que ce qui fait la notoriété du festival, et son attrait, réside dans l'originalité de sa programmation, résolument axée sur les découvertes, le travail et triturage du son. Nous travaillons sur des niches, où le public est moins nombreux mais plus connaisseur, où la qualité prime sur le nom. Après, il y a aussi la politique de bas prix, attirant forcément un public, lyonnais ou non, désireux de faire la fête et écouter de la musique à moindres coûts. Il existe une multitude de labels défricheurs, spécialisés en un style particulier : BRK par le breakcore, Bee Records pour l'électro, les petits nouveaux d’Airflex Labs pour le dubstep, tout cela rien qu'à Lyon. Notre "atypisme" réside plutôt dans une logique globale de non-conformisme, de recherche de singularité, qui nous amène à faire les choix que nous faisons, à diversifier notre catalogue jour après jour, et à ne pas payer des têtes d’affiches hors de prix, privilégiant des artistes moins connus, mais tout aussi talentueux !
Organiser un festival d'une telle envergure, ce n'est pas une mince affaire. Vous avez un peu le stress cette année ? Qu'est-ce qui vous donne le plus de fil à retordre ?
Nico : Comme chaque année, jusqu'au moment où nous arriverons à l'échéance et verrons dans les faits si nos efforts ont payé, ce sera le stress. Cette année, nous doublons notre jauge ; nous n’avons donc pas le droit à l'erreur, il faut diffuser l'information massivement, susciter l'intérêt, la curiosité. C'est ce que nous nous efforçons de faire à la communication. Le gros casse-tête en ce moment est de savoir comment agencer le site, avec les stands, bars, scènes, installations, ce que fait très bien notre régisseur, Jo. Après, on vient de finaliser la programmation, c'est un gros soulagement, on n'avance plus à tâtons, nous sommes sur du concret! Maintenant, à nous de jouer !
Un dernier mot pour convaincre nos lecteurs qu'il faudra être présent les 1er, 2 et 3 octobre au Marché de Gros à Lyon pour assister au Festival Riddim Collision par Jarring Effects ?
Nico : Que ceux qui trouvent la même programmation, la même ambiance conviviale et familiale, la même politique tarifaire n'importe où ailleurs cet été (preuve à l'appui, quand même !) demandent Nicolas à l'entrée du festival, je leur paye des bières toute la soirée !!!!
Merci à Nico et à toute l'équipe de Jarring Effects pour son activisme quotidien.