fbpx
Vacarm.net
Image default

Marko Hietala : Revenir aux Basses

Je dois l’admettre : chez moi on est un peu fan de Nightwish. Alors quand le génial et fantasque Marko Hietala, bassiste du flag ship du Metal Finlandais, s’est décidé à sortir un album solo et à faire une petite tournée dans son coin, autant vous dire que j’étais aux anges et surtout très curieux de voir ce que ça allait donner. Verdict ? Suivez le guide.

Avant tout de même une petite digression – ça ne serait ni la première que je fais ni sans doute la dernière – : Nightwish est un drôle de groupe, avec de drôles de fans, et dans le lot le plus étrange et sans doute charismatique est sans doute ce cher Marko Hietala. Il faut voir : Nightwish c’est tout à la fois un grand du Metal comme un groupe très décrié pour son approche symphonique et lyrique, loin du côté Heavy et Rock des origines. Le groupe est un monument, dans ce qu’il a permis d’ouverture vers la musique de la Baltique, vers le retour d’instruments plus classiques dans la musique actuelle… Il y aurait quelque chose sans doute à travailler sur cette musique venue du Nord, sur l’influence Viking dans le Metal, sur la montée du Pagan, sur le travail folk – Metal qui a priori n’était pas évident pour un genre né du Heavy et de Black Sabbath. L’Histoire Musicale et ses surprises. Il faut voir aussi que le groupe a définitivement marqué une génération, mi émo mi Metal, une vraie fan base à pleurer à chaque soubresaut de l’Histoire du Rock. Avec évidemment des discussions à rallonge à coup de forums interposés pour savoir laquelle des trois chanteuses ayant été en front du groupe est la meilleure. Tout un folklore on vous dit. Et là dedans le bon Marko fait figure d’électron libre comme de proue. Faut dire que le mec passe pas inaperçu : mi-druide mi-viking, sa barbe à fourche est devenue au moins aussi célèbre que lui. Dès son entrée dans le groupe, il s’impose comme le second compositeur, avec Tuomas, des vœux de nuits. Passer de l’extérieur au cerveau de l’ombre, tout en étant la vraie égérie devant presque la chanteuse : ça vous pose un profil. Vous suivez ? Le truc se complique encore plus quand on ajoute le fait que Nightwish est un groupe qui joue quasiment tout au numérique, avec les violons en bandes derrière. Donc je résume : un groupe où le bassiste compose des violons par ordinateur, dans un groupe dont il n’est pas membre fondateur, où le cerveau est le pianiste, mais où tout le monde ne connait que la chanteuse, elle-même au centre de débats pour savoir si elle chante mieux ou moins bien que la précédente. Nightwish ce n’est pas un petit groupe de Metal, c’est au minimum une page entière de l’histoire de cette musique.

Du coup on ne va pas à ce concert de manière anodine. Ça serait faire insulte aux trois fans hardcores au premier rang venus du collège d’à côté. Ou à l’ingénieur qui sort de son bureau daredare pour voir un petit bout de son groupe de jeunesse. Pas facile d’écrire une chronique donc.

D’autant que ce n’est pas la première fois que je me penche sur un projet solo d’un mec issu de Nightwish. Et là, je plains Marko, mais il passe après un projet que j’ai adoré, made in Tuomas : toute une mise en musique d’un personnage fondamental de la culture moderne. Balthazar Picsou. Non je ne déconne pas. Sur aucune partie de la phrase. Ce qui rajoute encore du sel à la chose : un héros de l’Amérique version comics, chanté par un mec trop-dark-mimi qui lui-même vient de Finlande.

Et Marko dans tout ça ? Que dire sur ce Viking immense aux grands pieds de Hobbit. Il est tout à la fois le vieux salopard Sarouman, le magicien sympathique Gandalf et l’ami Sam qu’on aimerait tous avoir. Son album est plein de charme. Très franchement c’est plutôt bien. Moins symphonique que Nightwish. Plus Folk. Plus Rock aussi parfois. Le son me semble même beaucoup plus chaleureux sur Marko en solo que sur Nightwish en général, un côté plus artisanal ? Plus enregistrement live ? Allez savoir. Mais arrêtons de tout ramener à Nightwish. Car ce qui est le plus touchant dans l’album – et dans le concert- c’est que c’est bien Marko qui est au centre. Le nom du grand groupe ne sera même pas évoqué pendant le Show, Marko y fait une vague référence amusée : « ça fait plaisir de jouer dans des petits clubs, je ne sais pas si vous savez mais j’ai un autre poste à côté, et là-bas on ne peut plus trop se permettre ça ». Et effectivement Marko se fait plaisir : chanson sur son père, reprise de David Bowie, de Black Sabbath. L’artiste nous invite en souriant à rentrer dans son univers.

Là où l’album était folk, le concert se fait bien plus rock. Presque avec des touches prog. Et tant mieux. On retrouve le sel des vrais concerts putain… Marko se plante dans la set list. Ses musiciens suivent. L’artiste revient en arrière. Tout le monde s’observe sur scène, se regarde : ils jouent ensemble. Même le roadie est mort de rire, dans une vraie complicité avec les musiciens sur scène. Voilà : la musique se fait. C’est ce que le Live devrait toujours être : l’endroit où la musique se fait, pas là où on la répète au millimètre de concerts en concerts.

D’autant plus appréciable que le bougre aux longs cheveux est un vrai technicien vocal. Et qu’en solo, il peut enfin montrer toute sa puissance vocale et la diversité de sa palette de jeux. Chœurs, cris, ballade… tout y passe. Je regrette même que le concert se fasse en Anglais, alors que son Album existe aussi dans une version bien plus authentique totalement en finlandais.

Verdict ? Marko est un vrai artiste. Très complet. Esthétiquement, vocalement, musicalement. C’est tout un Univers qui se déroule devant nos yeux, un Univers qu’il prend visiblement du plaisir à créer devant nous. D’ailleurs mention spéciale au batteur qui a sorti une très grande prestation et un solo de batterie réellement intéressant, suffisamment rare pour être souligné : un batteur qui emporte son public à la batterie, qui joue avec, qui le fait rire, avec une batterie, oui vous avez bien lu, ce n’est vraiment pas tous les jours qu’on en croise, alors il faut le souligner. Un tel Univers se prête presque difficilement à la petite salle de la Machine du Moulin Rouge où se tenait le concert. Car il y a définitivement de l’ambition là-dedans, de la personnalité, et un foutu talent venu du nord. Enfin merde quoi, cette chanson sur le père….

 Je sens que je me perds en description et dans mon live report. Mais c’est qu’il y a de quoi se perdre chez cet artiste : sa musique est comme sa barbe, touffue, unique, captivante. Bref. Je ne résiste pas à l’envie de vous partager certaines de ses phrases : « ma mère disait toujours que c’est un miracle que les petits garçons sortent de l’enfance en vie », « alors la vie ? Tu travailles. Tu t’ennuies. Tu te fais baiser plus souvent qu’à ton tour. Et vous pensez sérieusement que ça peut être mieux de l’autre côté ». Citation au fond mal choisie car elle ne reflète pas la joie touchante qui se dégage du concert, mais qui montre bien que le mec pense, joue avec sa vie et ses souvenirs pour les offrir au public. Mais directement. Sans le truchement d’une com’, de prête-nom, il y a définitivement quelque chose de sincère là dedans.

Et le mec joue avec les harmoniques de sa basse. Le Jaco Pastorius du metal.

Mais je me répète, alors je vais vous le dire une dernière fois. Saroumane est repassé du côté du bien. Et ce n’est pas plus mal.

Mais si vous n’avez rien compris à cet article : passez votre chemin.

  • Stones
  • The Voice Of My father
  • Star, Sand and Shadow
  • Dead’s God Son
  • For You
  • I Am The Way
  • Runner of The Railways
  • Death March for Freedom
  • I Dream
  • Truth Shall Set You Free

PS : la première partie Ocean Horse méritait le coup d’œil, même si je n’ai pas réussi à voir le concert en entier étant arrivé trop tard. Un mélange de Power et de Hardcore, le tout mâtiné de Slipknot. Allez écouter à l’occasion, ça tient grave la route.

PS encore une fois : vous avez vu ? On a mis des photos issues d’instagram : une manière de vous dire que Vacarm est enfin arrivé sur le réseau social aux images et que du coup vous pouvez aller nous suivre là bas, y’a des jeux concours et tout !

Vous pourriez aussi aimer...

Laissez un commentaire

Le webzine qui fait du bruit
Vacarm.net est un site d'actualité musicale. Chaque jour retrouvez de nouvelles chroniques des dernières sorties d'album, des interviews de vos artistes rock / metal favoris et des live report des meilleurs concerts et festivals français.