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[Live-Report] This Is Not A Love Song #2

Pour sa deuxième édition, le festival nîmois This is Not a Love Song n’a pas fait les choses à moitié en proposant une programmation de rêve. Vous me direz, l’année dernière aussi, en invitant des artistes tels que Mac Demarco, Daniel Johnston ou les Savages, entre autres. Mais bon, je passais mon bac à ce moment-là alors je n’ai pas pu y aller, avec beaucoup de regret. Impossible de rater l’évènement cette année donc, vu que je glande à la fac. Retour sur ce petit festival qui a (presque) tout d’un grand.

JOUR 1

Jeudi 29 Mai, 14h50. J’arrive en retard pour le premier jour, sinon ça ne serait pas drôle. Le temps de récupérer les pass que l’on rentre sur le site de la Paloma spécialement aménagé pour le festival, avec une scène extérieure, des transats, de nombreux ateliers créatifs basés sur le DIY, des graffeurs performant en direct devant les festivaliers… et bien sûr les deux salles intérieures. Bref, de quoi s’occuper tout en faisant plaisir à ses oreilles ; et je peux vous dire que le stand de couronnes de fleurs a rencontré un franc succès, surtout chez les filles.
Particularité, les concerts sont gratuits l’après-midi et se déroulent en plein air. Si vous le vouliez, vous auriez pu voir Temples gratuitement, mais bon, vu le prix des entrées (17€ la journée / 42€ les 3 jours) il n’y avait pas de quoi faire les radins ; mais disons que c’est un point positif pour les habitants des parages qui ont pu venir se détendre en ce jour de l’Ascension.

Gratuit ou pas, la prestation des Temples a laissé le public un peu de marbre, malgré un album convaincant et un style musical se prêtant bien au contexte. Il semblerait que le chanteur ait été agacé de la passivité de son auditoire, mais en même temps il n’y avait pas de quoi sauter en l’air, surtout quand le groupe se contente juste de jouer ses chansons en n’interagissant pas avec la foule, dommage.

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© Audrey Delaporte

18h, place à la partie payante du festival, qui démarre avec un set explosif de Man or Astro-Man ? dont je n’ai « malheureusement » pu que voir la fin car Anton Newcombe des Brian Jonestown Massacre était en conférence de presse à ce moment-là. En bon fan, je n’ai pas résisté à la possibilité de le voir et de lui parler. Un homme modeste, addict à la prise de photos depuis son iPhone, qui semble avoir fait la paix avec ses démons et qui ne mâche pas ses mots sur l’industrie musicale et la musique d’aujourd’hui : « La dubstep c’est d’la merde ». Il m’a d’ailleurs avoué avoir un gros coup de cœur pour Slowdive, qui passait peu de temps après la conférence. J’y suis donc allé, mais le style trop langoureux du groupe shoegaze m’a presque fait bailler et mes jambes commençaient à souffrir de rester en place, malgré de sacrés mélodies psychés. Le temps pour moi d’aller voir en parallèle The Cambodian Space Project, un mélange entre musique rock/blues et chant cambodgien, grosse claque.

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En prenant l’air dehors,  je découvre The Fall qui se produit sur la scène extérieure, groupe post-punk de la scène de Manchester. Le chanteur, certes un peu agé et un peu saoul, assure le show avec encore plus d’audace qu’un Iggy Pop ; en braillant dans son micro tout en provoquant le public, en tripotant le synthé de sa collègue (qui joue avec son sac à main) et en modifiant sans gêne les réglages de l’ampli de son guitariste. Du punk, du vrai, ça fait du bien.

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En errant un peu sur le site, je découvre un endroit divin mais restreint au public, servant de la sangria blanche, des merguez, et des bières gratuites. Je ne sais pas trop si j’avais le droit d’être là, mais bon, on m’a laissé entrer toute la soirée donc je profite de ces verres gratuits mais loin de faire le pique-assiette contrairement à d’autres, je ne citerai pas de noms; de toute manière je ne connaissais personne.
Hydratation faite, je fonce voir le concert que j’attendais le plus de la journée, celui des Brian Jonestown Massacre. La foule est présente, et le groupe enchaîne les tubes malgré un choix de chansons un peu calmes à mon goût parmi le large répertoire des BJM. En même temps, en une heure de set, impossible de jouer toutes les chansons notables du groupe. Et si ce dernier est orchestré autour d’Anton Newcombe, il ne serait rien sans les autres membres du groupe, et cela se ressent particulièrement lorsqu’ils entonnent des chansons du dernier album. La magie opère aux échos de « What You Isn’t » et le retour de Matt Hollywood fait l’unanimité lorsqu’ils entonnent « Not If You Were The Last Dandy On Earth » pour le plus grand plaisir des fans qui chantaient à tue-tête « Pa pa pa paaa paaaaa, ouh ouh ouuuuh ».

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Pleinement satisfait du concert précédent, il est temps de sortir pour écouter Suuns autour d’un verre de sangria, qui a su entretenir l’énergie du public avec un répertoire oscillant entre rock et électro, mélodies légères et ambiances sombres. Les ayant vus il y’a quelques mois, le groupe a fait un effort notable au niveau de leur set pour l’adapter au festival et éviter les coupures brutales entre les morceaux, on aurait dit, à moins que j’ais abusé de la sangria. L’heure tourne, et il est déjà l’heure du dernier concert de la journée, enfin, plutôt des deux derniers qui ont lieu en même temps. Après un choix cornélien, je suis donc allé voir les Jon Spencer Blues Explosion, et comme son nom l’indique, c’était explosif, rarement vu un concert du genre. Je n’ai même pas réussi à prendre une photo nette tellement ils bougeaient dans tous les sens, c’est dire. Désolé pour Moodoïd qui se produisait en même temps, même si j’ai eu de très bons échos de leur prestation, ça sera pour une prochaine fois !

JOUR 2

Vendredi 30 Mai, 15h. Encore en retard, et je rate avec regret les Wooden Shjips, faute à un réveil tardif. Qu’importe puisque Courtney Barnett arrive peu de temps après pour nous présenter ces ballades folk. Je m’attendais à ce qu’elle soit accompagnée, mais son batteur a eu des problèmes de passeport apparemment. Mais la jeune fille se débrouille très bien en solo et c’était un régal de l’écouter tout en flânant sur un transat.
Pendant Surperchunk, que je n’ai pas trop apprécié, j’ai essayé avec ma complice de la veille de retourner à l’endroit saint de la gratuité pour me procurer à nouveau de la délicieuse sangria blanche. Mais nous avons trouvé portes closes devant l’entrée de l’espace. Ils avaient oublié de filtrer les journalistes la veille, et c’est là que nous avons appris que c’était un espace VIP, EXCUSEZ-MOI ! Mais ce n’est pas grave, puisque c’est moi qui conduis ce soir pour rentrer. C’est donc sur une odeur de barbecue auquel nous ne sommes pas conviés que nous nous dirigeons pour voir Midlake, à l’intérieur. Cette nouvelle formation amputée du chanteur initial n’empêche pas au groupe de propager sa folk hypnotisante, même s’il devient long de rester debout, genoux immobiles, malgré que ce fut très bien.

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La faim justifie les moyens, il est temps de se nourrir de patates persillées sur fond de Findlay qui n’hésite pas à pomper allègrement le riff de guitare de « Loud Pipes » de Ratatat sur une de leur chanson, leur dernier single pas encore publié; on comprend mieux pourquoi ils espèrent qu’il sorte un jour. Massacre d’Iggy Pop avec une reprise de « I Wanna Be Your Dog », l’attente devient vraiment longue, j’ai faim. Mais mention spéciale pour le titre « Greasy Love » qui m’aura fait bouger la tête.
Dans un style folk également mais plus percutant, ce sont les Neutral Milk Hotel, encore plus barbus que ZZ Top qui ont fait bougé la grande salle de la Paloma, dommage qu’on n’ait pas eu la possibilité de prendre des photos, contrôle de l’image oblige, un mal pour un bien. Heure creuse par la suite, avec Earl Sweatshirt venu déchaîner le public extérieur avec son rap US aux lourdes basses. Les adeptes du genre ont apprécié, je me suis réfugié à l’intérieur, dans un club blindé pour voir Rodrigo Amarante, chanteur brésilien barbu aux airs de Devendra Banhart. Enfin, j’ai essayé, entrée bloquée dans le couloir, je n’ai entendu que quelques bribes de chansons en apercevant à peine le chanteur, avant de me décourager devant la foule affluente. Je me balade en attendant Cat Power dans la grande salle, ce n’est pas aujourd’hui que je ferai un photomaton gratuit, avec plus d’une demi-heure d’attente, c’était l’attraction phare du festival mais bien connue des adeptes de la Paloma.

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Je n’ai d’ailleurs pas eu la subtilité et la sensibilité nécessaire pour m’intéresser suffisamment à la chanteuse, c’est ennuyant de rester immobile encore un peu plus. Je passe vite à autre chose et je vais voir si c’est mieux du côté de Jungle, et c’était le cas.

Malgré une formation intéressante avec deux chanteurs, des chœurs, des percussions et des bouteilles de Coca-Cola en guise de cymbales, il est dommage que la même recette ait été ressassée tout le long du concert, ce qui a rendu la prestation lassante sur la longue. Mais bon, je me console en me disant que dans peu de temps, les Black Lips viendront mettre le feu à l’extérieur et que le sang recommencera à circuler dans mes jambes en me déhanchant sur « Modern Art », et c’est effectivement ce qui s’est passé. Un brin de débilité (je cite « Lavez-vous les dents. Si vous le faîtes pas pour vous, faîtes le pour votre mère) , un public en folie, des distributions de bières gratuites, le groupe californien a fait l’unanimité en une heure de concert qui était bien trop courte.

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Double combo de la mort, c’est Ty Segall qui est venu enchaîner par la suite dans la grande salle, croisé auparavant au stand de merchandising en train de vendre et dédicacer des vinyles ; inutile de vous dire que je n’ai pas pu résister. Une fois le prodige sur scène non plus, je n’ai pas résisté. Lui et sa bande de potes nous ont dégainé un punk-rock sulfureux, garage à souhait,  à base de riffs puissants et percutants dont il était difficile de rester insensible. Une heure d’énergie brute, je ne sens plus mes jambes mais plus pour la même raison qu’auparavant, de la bonne fatigue.

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Pour clôturer ce deuxième soir, c’est Daniel Avery qui est venu mettre l’ambiance dans la grande salle de la Paloma avec ses morceaux d’électro-minimal. C’était bien construit et ça donnait envie de se lâcher sur le dancefloor, moi qui ne suis pas spécialement friand de ce genre musical, mais écouter un tel style de musique assis dans les gradins à cause de la fatigue n’a pas grand intérêt, et puis j’allais pas danser avec un vinyle sous le bras, ça va pas non. Let’s go home.

 

JOUR 3

Vendredi 31 Mai, 16h30. Toujours en retard. Ce dernier jour de festival, qui propose une line-up plus électronique qu’à l’accoutumée, est le seul qui n’a pas fait sold out, et ça se voit sur le site; c’est d’ailleurs le seul jour où je ne connaissais que 10% de la programmation. Qui a dit que le rock était mort? J’arrive donc pour le dernier concert de l’après-midi, Rich Aucoin, jeune canadien accompagné d’un batteur qui a profité du peu de personnes devant la scène pour venir chanter dans la fosse au milieu du public pour le plus grand plaisir des curieux; merci la technologie et les micros sans fils. Comment résister devant autant de générosité?

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Par la suite, j’ai rencontré Rocky, groupe français de pop-dance qui se produisait quelques heures plus tard à l’extérieur, sacrifiant ainsi la possibilité de voir Harold Martinez, nîmois bluesman soutenu par le label de la Paloma; tout comme les Mofo Party Plan. Avant de sortir voir le groupe précédemment rencontré,  c’est dans la grande salle que je me rends pour écouter Holy Ghost qui a su faire danser les gens avec sa disco entraînante.

La palme de la grosse blague revient à Sky Ferreira, mannequin et chanteuse à ses heures perdues qui a plus séduit par sa tenue que par sa prestation. On nous la présentait comme la nouvelle Courtney Love, mais quand on se rend compte que ce n’est que du superficiel, qu’elle est blonde sur le programme et qu’elle débarque brune et que son visage est aussi expressif que celui de Kristen Stewart on préfère déserter la salle… Mais cette imposture a vite été oubliée pour laisser place au coup de coeur de la soirée, Golden Teacher. Sur fond de percussions tribales et de synthétiseurs, le groupe a propagé son univers dans le club, pour un grand moment de n’importe quoi dansant. Avec deux voix, un chanteur punk fou gesticulant dans tous les sens et une chanteuse tirant des regards fantomatique et twerkant comme Miley Cyrus ne le fera jamais, c’était un grand moment.

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C’était ensuite au tour de Glitch Mob de se produire. Mais à peine la porte ouverte que le son qui sortait de la grande salle me propulse en arrière, c’était vraiment trop fort. Pourtant, j’ai l’habitude, j’ai passé tout le festival sans bouchons et je joue dans un garage avec des potes, mais là c’était vraiment trop, mes tympans claquaient, j’ai pris la fuite pour aller voir Fatima Al Qadiri qui jouait à côté. Mais là encore, déception. Une femme cachée derrière son mac qui enchaînant les morceaux, et des morceaux pas très convaincants… Je noie mon chagrin dans la bière avant de jeter une oreille à Acid Arab, mélange intéressant entre mélodies orientales et son électro, mais il se fait déjà l’heure de partir.

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BILAN

Malgré un dernier jour un peu faiblard par rapport aux autres, ce festival vaut très largement le coup grâce à sa programmation hors-norme et inégalable en France. A ce propos, pleins de groupes voulait une affiche en souvenir grâce à cette programmation qui n’a pas séduit que le public. Bilan plus qu’honorable pour cette deuxième édition donc. A l’année prochaine!

Crédit photo d’en-tête © Stéphane Rip

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