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Eluveitie, Lacuna Coil et Infected Rain à Rennes (L’étage – 30 novembre 2019)

Les line-up de certaines tournées ont parfois de quoi surprendre. C’est clairement le cas de cette affiche Lacuna Coil / Eluveitie qui parcourt l’Europe de long en large. Les deux groupes sont assez éloignés musicalement et drainent fort logiquement des publics assez différents. Jackpot pour Live Nation : la quasi-intégralité des dates sont sold-out depuis de nombreux mois. L’alternance entre headliner et groupe support est une preuve supplémentaire de la maîtrise du business dont peut se targuer le géant de l’entertainent rock. Extrêmement populaire au Royaume-Uni, Lacuna Coil aura tenu le haut de l’affiche outre-manche avant de céder sa place en France à Eluveitie. Dans l’immédiat, le public Rennais se coltine près de trente minutes d’attente sous une pluie battante afin de passer entre les mains de la sécurité. Pas vraiment optimal, le set des moldaves d’Infected Rain débutant alors même qu’une partie des spectateurs se fait encore saucer le poil.

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Mené par la bondissante Elena « Scissorhands » Cataraga, le combo attaque dans le dur… Et la pénombre. Une entrée en scène sympa – à moins que le technicien lights ne soit encore bloqué à l’extérieur ? – pour les cinq musiciens, qui vont dérouler sur un peu plus de trente minutes un show puissant, expressif et très efficace. Actif depuis une grosse dizaine d’années, le groupe vient de franchir un cap avec la publication de son quatrième album, Endorphin, soutenu pour la première fois par un label d’envergure. Napalm Records a mis ces derniers mois les gros moyens en offrant au quintet toute la visibilité nécessaire. En pleine ascension, Infected Rain confirme tous les espoirs placés en eux en balançant un metalcore bien maîtrisé et sans temps morts. Bardée d’influences néo – samples, phrasé rapcore –, leur musique alterne avec brio tirades ultra-vénères et refrains catchy à souhait. L’ensemble fait son petit effet, la dreadlocké Elena Catarga se donnant corps et âme pour entraîner les premiers rangs dans son jeu. Côté set-list, les quintet font sans surprise la part belle au nouvel album avec quatre titres sur sept. L’occasion de découvrir tout le potentiel live des redoutables singles « Black Gold » et « Passerby ». Explosif.

Setlist : « Mold », « Passerby », « Orphan Soul », « Lure », « Black Gold », « The Earth Mantra », « Sweet, Sweet Lies ».

Place aux ritals de Lacuna Coil et leur « nu-goth-insèreicicequetuveux-metal ». Relégué « very special guest » pour les dates hexagonales, le désormais quintet – qui ne compte plus qu’un unique guitariste depuis deux albums – a malheureusement dégressé son programme, alors même qu’il s’agit là de leurs uniques dates en France. Dommage. Mais ne boudons pas notre plaisir : Lacuna Coil dispose de quarante-cinq minutes pour exécuter dix titres. Un timing hyper-serré qui contraint le groupe a faire des choix radicaux et à faire l’impasse sur un bon paquet de classiques, voire d’albums – les plus anciens, mais également les récents Dark Adrenaline et Shallow Life –. Les Italiens sont sur la route pour défendre Black Anima et vont par conséquent lui consacrer plus d’un tiers du set. Le groupe attaque pourtant mal en massacrant le relativement mauvais « Blood, Tears, Dust », sur lequel les musiciens semblent peiner à trouver leurs marques et se voient clairement desservis par un son bancal. L’ensemble s’équilibre heureusement rapidement. Le duo Andrea Ferro / Cristina Scabbia présentant une belle complémentarité, qu’il s’agisse de chant comme de jeu scénique.

Relativement éclipsé lors de l’ère Karmacode, Andrea Ferro a repris des couleurs ces dernières années et occupe aujourd’hui un poste de premier plan. Le bonhomme charbonne dur afin de retranscrire l’ambiance dark des morceaux issus de Black Anima, dont les excellents « Reckless » et « Sword of Anger » qui passent avec brio le cap du live. Cristina Scabbia reste malgré tout la chauffeuse de salle par excellence, quitte à s’aventurer dans quelques annonces un brin too-much. Le discours est calibré mais le public répond du tac-au-tac. Son chant est juste mais l’on devine quelques bandes pré-enregistrées de ci et là pour assurer le soutien, ce qui n’était pas forcément le cas il y a quelques années. Pour sa défense, certains titres multiplient les lignes en backing-vocals – « Veneficium » et ses refrains aux inspirations religieuses – complexes à retranscrire live. Rien de bien dérangeant néanmoins. Le quintet s’est gardé le tubissime « Heaven’s a Lie » pour la nostalgie, moment fort du set, et termine en haranguant la foule, invitée à scander « we fear nothing » avant le fédérateur « Nothing Stands in our Way ». On aurait bien évidemment pris 3-4 titres de plus ou un morceau original en lieu et place de « Enjoy the Silence », cover de Depeche Mode. En l’état, Lacuna Coil a fait le taf en s’appuyant sur un petit chapelet de morceaux judicieux et bien gaulés. Le public aura l’occasion de recroiser leur route au Hellfest.

Setlist : « Blood, Tears, Dust », « Our Truth », « Reckless », « Layers of Time », « Enjoy the Silence » (Depeche Mode cover), « The House of Shame », « Sword of Anger », « Heaven’s a Lie », « Veneficium », « Nothing Stands in Our Way ».

Changement de ton avec Eluveitie. Les folk-metalleux suisses se sont taillés une solide réputation et semblent convaincre en terres bretonnes. Le groupe mise sur une formule particulière à base riffs solides quasi-thrash et d’une foule d’influences traditionnelles. La mixture étonne et détonne. Flûtes, harpe, mandoline, violon, vielle, cornemuse, Eluveitie sort le panel complet d’instruments médiévaux et celtiques pour accompagner les canevas furieux construits par sa section instrumentale « classique ». Le frontman et multi-instrumentiste Chrigel Glanzmann est excellent en growl, et affiche un chant proche de celui d’un Anders Friden de la grande époque. Sur scène, c’est le fest-noz maousse-costaud de l’enfer. Les Eluveitie sont près de dix musiciens sur les planches et font exploser l’ambiance en à peine plus de quelques mesures. D’après les bribes de conversations glanées avant le début du set, les suisses vaient fait fureur dans le coin en assurant un show grandiose quelques mois plus tôt au Motocultor. Et ils ne vont pas décevoir leur public à l’occasion de ce concert indoor en déroulant pas moins de 18 titres. Le public de Lacuna Coil est sans surprise moins sensible à leur approche et étudie la chose en fond de salle. C’est clairement mon cas. Affaire à creuser sur disque(s).

Setlist: « Ategnatos », « King », « L’Appel des Montagnes », « Deathwalker », « Quoth the Raven »,« The Slumber », « Worship », « Artio », « Epona », « A Rose for Epona », « Ambiramus », « Drum Solo », « Havoc », « Thousandfold », « Breathe », « Helvetios », « Rebirth », « Inis Mona ».

Un grand merci à Elodie (HIM Média) et à Flo DBDL pour les photos.

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