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Kadavar – For The Dead Travel Fast

La production est toujours un point d’attention particulier à l’écoute des albums de Kadavar, tant le groupe allemand a su se démarquer au cours de la décennie. Dès 2012, l’album éponyme révélait la propension de la formation à soigner ses soins rugueux et ses ambiances spectrales. Rebelote en 2013 avec « Abra Kadavar », désormais devenu un classique, qui propulse à l’époque le trio sur les plus grandes scènes. Kadavar profite de ses longues tournées pour enregistrer des lives d’une grande qualité (Live in Antwerp – 2012 et Live in Copenhagen – 2018) qui témoignent autant de la verve que de la virtuosité de ses membres dès lors qu’ils foulent les planches. Néanmoins, Kadavar reste un groupe de studio qui travaille avec acharnement pendant de longs mois leurs compositions. Ainsi, leur cinquième album, For The Dead Travel Fast, tout fraîchement sorti via Nuclear Blast ne déroge pas à la règle… et le résultat est impressionnant !

La signature chez Nuclear Blast a eu son importance pour Kadavar, marquant son éclosion internationale, mais aussi la maturation de ses productions. Le troisième opus, « Berlin » (2015),  fut un premier signal avec une production moderne – un peu lisse critiqueront certains – avant la sortie deux ans plus tard de « Rough Time » qui fait figure d’OVNI dans la discographie du groupe. Un album agréable mais empreint d’une certaine facilité à laquelle les trois berlinois ne nous avaient pas habitué. Le résultat était efficace et parfaitement taillé pour la scène, puisque le groupe développera une scénographie révélant leur statut de tête d’affiche. On aurait pu s’attendre à ce que Kadavar poursuive sur sa lancée, écrémant les impuretés de son jeu et gommant la complexité de ses compositions au profit d’une production plus easy listening. 

Quelle surprise à l’écoute de « For The Dead Travel Fast », puisqu’à l’inverse, Kadavar renoue avec ses premiers amours – à savoir un heavy rock sabbathien sombre et froid, au son grésillant sans nécessairement tomber dans l’extrême du dernier effort d’Uncle Acid & The Deadbeats. La voix de Christoph « Lupus » Lindemann évoque un spectre apparaissant dans la brume et la pénombre tandis que l’autre Christoph, dit « Tiger », s’acharne à matraquer vigoureusement et avec une sordide régularité ses fûts. Dès l’ouverture, sur le single « The Devil’s Master » on peut ressentir ce retour aux sources et cette fascinante noirceur, un brin crasseuse, qui s’affranchi de toute trivialité. Bien au contraire, le trio construit des ambiances aussi complexes qu’élégantes. C’est véritablement captivant, tant Kadavar semble à la recherche d’un son perdu entre l’éternelle référence qu’est Black Sabbath et un passé hippie.

Sur « Evil Forces », les berlinois musclent leur jeu donnant dans le heavy metal le plus old school, à grands coups d’accroches et de guitares trébuchantes. Autre single, « Children of the night » sonne comme un manifesto en touchant du doigt le son que seul Kadavar sait produire. Calmant le jeu sur « Dancing with the dead », Christoph « Lupus » s’épanche sur quelques solos à forte intensité mélodique et ne lâche pas la pédale de fuzz pour enflammer un autre brûlot (« Poison »). Il faut dire que la fin de l’album ne ménage pas l’auditeur, avec des compositions franchement radicales, à l’instar de « Demons in my mind » ou du très doom « Long Forgotten Song » qui clôture ce cinquième album.

Avec « For The Dead Travel Fast », Kadavar soigne son image avec un juste retour aux sources. Un son très 70’s qui a le goût de l’excellence et ne se complait pas dans la facilité.

.: Tracklist :.

  1. The End
  2. The Devil’s Master
  3. Evil Forces
  4. Children of the Night
  5. Dancing with the Dead
  6. Poison
  7. Demons in my Mind
  8. Saturnales
  9. Long Forgotten Song

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