As They Burn – Ego Death

As They Burn était un peu passé sous les projecteurs comme une étoile filante. Profitant du gros coup de boost qu’aura connu le deathcore de la génération Myspace – un réseau qui n’évoquera sans-doute plus grand-chose aux kids de la génération suivante –, les Parisiens avaient su élargir leur spectre musical tout en s’appuyant sur une signature au sein de l’écurie US Victory Records – Emmure, Ill Nino –. Leur second album, Will.Love.Life, déroulait les arguments massue : prod’ impeccable, compos en béton armé et vocaux versatiles et maîtrisés. Le groupe explose pourtant presque en plein vol, alors même que le travail sur un troisième disque est amorcé. Dix ans plus tard, alors que le monde à radicalement changé, As They Burn amorce son retour et reprend modestement le taf à zéro, en indé et par le biais d’un EP 6 titres.

Inutile d’y aller par quatre chemins. Malgré un changement important de line-up – Fabio et Hoby, les deux gratteux, et Bastien aux claviers ne rempilent pas –, les gars n’ont absolument rien perdu de leur savoir-faire. Et en 25 petites minutes, ce Ego Death vient clairement les replacer en bonne position sur l’échiquier. Alors que le groupe avait justifié à l’époque sa séparation par des difficultés à se surpasser / renouveler musicalement, cette petite poignée de nouveaux morceaux affichent l’équilibre qui aurait pu être celui recherché par le passé. As They Burn conserve son ADN originel en bourrant dans le lard mais appuie encore davantage sur l’intensité de ses mélodies. Si l’on pouvait reprocher au mouvement deathcore de trop rarement jouer sur les contrastes, As They Burn avait commencé à s’en affranchir avec Will.Love.Life et termine enfin sa mue avec cet EP tardif mais ultra-solide. Les gamins des nineties / début des années 2000 y trouveront leur came : un gros son gonflé aux amphétamines bardé de mélodies aux vocaux arrachés. Les sonorités nü – et cela n’a rien de péjoratif – transpirent dans tous les recoins de leur musique. Samples, envolées atmo, ping-pong habile entre hurlements puissants et chant clair etc. : le groupe revendique clairement ses influences – le très Deftonien « V.I.T.R.I.O.L. » –.

La fin de la première vague du néo – vers 2004-2005 – s’était soldée par un certain dénigrement du néo par le public. Comme si les indénombrables metalheads qui s’étaient construits avec cette musique se sentaient le besoin de prouver qu’ils écoutaient désormais des choses plus « adultes ». Le genre revient en grâce avec des formations comme Cane Hill ou Tetrarch, ainsi que de belles places sur les festivals prestigieux à des groupes que tout le monde vendaient comme terminésil y a encore dix piges. As They Burn pourrait bien profiter de ce nouvel essor, mais pose sa musique sans opportuniste et avec comme seul souhait de s’éclater. L’authenticité et l’envie du quintet dégueulent littéralement de chacun des six titres proposés ici, et notamment du chant de Kevin Traoré. Le mec se défonce clairement pour livrer le meilleur de lui-même. Les refrains tabassent, l’émotion est là, c’est clair, net et sans bavures. Et surtout d’une cohérence folle, fluide et sans mélodies forcées, contrairement à certains combos metalcore qui ne savent pas toujours utiliser le registre clair à bon escient.

Les sceptiques qui ne disposent que de quelques minutes pourront poser au moins une oreille sur le single velu « Ego Death », tout y est : un riffing efficace, la noirceur, l’alternance des rythmes et des ambiances, et un refrain qui déboite. Saluons le boulot du nouveau guitariste Luigi et souhaitons le meilleur au groupe pour la suite, en espérant que les espoirs placés dans cet excellent EP se concrétiserons avec une belle tournée et un format album le plus rapidement possible.