Groupe des temps immémoriaux, Flying Pooh a toujours été un OVNI musical. A contresens des tendances, en avance sur son temps et se jouant des clichés, le groupe du Val d’Oise ne fait pas partie du music business. A ceux qui pensaient que Spanking Day, sorti en 2005, serait l’album de la consécration, Flying Pooh répondit par un long silence radio. Par dépit en fait, puisque plongé dans un long procès contre leur distributeur, Flying Pooh n’a réussi à réunir ses forces qu’en 2011 pour nous présenter une nouvelle œuvre aux douces sonorités rock’n’roll. Retour fracassant sur un groupe de fracassés.
Flying Pooh sont des alchimistes de la folie, des instigateurs du désordre ou encore des fontaines de démence. Inventeurs du polka-core avec « Meecztow Revolution » (Viva San Antonio – 2001) et adeptes des pratiques sonores sado-masochistes les plus extrêmes (Spanking Day – 2005), le retour surprenant de Flying Pooh avec Never Slow Down, en autoproduction, nous laisse pantois. A quoi peut-on s’attendre 6 ans après « Super Pin-Up » ? Les Flying Pooh ont-ils enfin jeté mamie dans les orties ? Si Flying Pooh nous avait habitué aux mélanges les plus extrêmes, poussés depuis leur débuts par le mouvement néo et la fusion du début des années 2000, Never Slow Down marque une rupture nette dans la discographie du groupe. Never Slow Down est un album de rock. Pas de polka-core ou de pseudo-style bizarre, oubliez les clavecins et les rythmes funk ; Flying Pooh joue de la guitare saturée à 120bpm et hurle dans un micro, point barre. Cependant, ne voyez pas là l’ombre d’une critique, Never Slow Down est un excellent album qui conserve toute l’authenticité de Flying Pooh. Et puis, quoi de mieux qu’un bon vieux rock qui tâche pour accompagner une image influencée par les films grindhouses ?
En effet, si les claviers et autres bizarreries du groupe ne sont plus mises en avant comme dans un cabinet de curiosités, les voici qui restent audibles et perceptibles sur quelques morceaux dont seul Flying Pooh connait la recette, « Never Slow down », « Dance with me my love », « O’Brother ». Le satané Satanus multiplie les allusions graveleuses et, pervers comme pas deux, en rajoute une couche avec une démonstration de sexualité perverse (« Cabaret », « Busty Booty Babes »). Dans tout ce mic-mac créatif, on retrouve quelques titres plus simples mais néanmoins particulièrement efficaces ; c’est d’ailleurs les mélodies de ces compositions que l’on gardera en tête. L’exaltant « My Way » dont le refrain nous fait aspirer à la nostalgie d’une bonne vieille partie de jambes en l’air, ou encore « Holy Black Candy » et son rythme sautillant comme le mouvement d’une forte poitrine sans soutien. Voici donc tout le paradoxe de cet album : beaucoup trop bien pensé pour un groupe qui nous a habitué au délire. Pourquoi Flying Pooh nous livre quelques singles bien lisses (mais néanmoins excellents !) visant a priori à toucher un public plus large alors qu’ils n’ont jusqu’ici jamais aspiré à la gloire ? Pourquoi Flying Pooh ne s’est-il pas concentré sur plus d’expérimentations sonores légitimant ainsi sa particularité d’ovni sonore ?
Si, à titre personnel, je trouve cet album excellent et qu’il ne quittera pas ma discothèque durant les prochaines années, je reste dubitatif quant au choix artistique opéré par le groupe. Voici un pari risqué tout comme pourrait le faire un adolescent cherchant à devenir star dans le monde du football : il y a beaucoup de licenciés et peu d’élus. A vous de faire votre avis. Si vous êtes en quête d’une nostalgie retrouvée, passez votre chemin, tout comme Flying Pooh a tourné la page d’une musique datée.
.: tracklist :.
1. Cabaret
2. My Way
3. Dance With Me My Lov’
4. O’Brother
5. The Lose
6. Busty Booty Babes
7. So Happy
8. Never Slow Down
9. Holy Black Candy
10. Let’s