Quand un chroniqueur ne sait pas quoi raconter sur un groupe, il fait généralement un jeu de mots minable avec son nom, nous ne tomberons pas aussi bas aujourd’hui mais Victory Records nous livre encore un énième combo passé dans son moule, difficile en effet de distinguer vraiment qui sont tous ces groupes tant leur musique se ressemble… Mais ne nous arrêtons pas à cette barrière (infranchissable ?) du déjà entendu, avec ce deuxième album The Black Maria prouve qu’il a quelques (rares ?) atouts dans sa manche (courte ?).
Bien moins teenage et bien plus produit que Lead Us To Reason, le premier album, A Shared History Of Tragedy témoigne de la maturité grandissante du quintette de Toronto. Première impression avec The Perilous Curse: énergie et maitrise, chant qui s’envole, voix charismatique à la From First To Last, dynamisme ambiant, rien de très original tout de même, mais c’est efficace. Vient le tour de « Waking Up With Wolves » : belle montée en puissance et refrain exalté à souhait, c’est certainement le titre le plus accrocheur et le plus imparable de l’album.
Dès le troisième titre (« Nothing Comes Easy But You »), la formule des canadiens commence à s’essouffler dangereusement, la balade qui suit vient nous le confirmer : un style quelque peu stéréotypé et déjà entendu mille fois (« Van Gogh »). Les chansons se suivent et se ressemblent, l’attention baisse tout comme le rythme, un petit sursaut avec « Lucid » mais rien n’y fait, on s’ennuie. Difficile de ne pas être déçu, le début partait bien mais l’on se rend vite compte du formatage opéré sur le son qui perd dès lors toute identité.
The Black Maria a tout de même le don des intros réussies, elles sont souvent entrainantes, en particulier l’intro au piano de « The Concubine » et son ambiance haletante, dommage qu’elle ne soit pas assez mise en avant durant le reste de la chanson ; ou encore l’intro à la basse de « Fool’s Gold », et toujours ce même constat. Le problème est que l’on vire rapidement vers le surproduit, tout est trop calculé, les riffs, qu’ils soient lourds ou légers, passent en général inaperçus et l’on est peu surpris par ce que l’on entend. Le côté symphonique utilisé dans certains morceaux aurait certainement dû être bien plus mis en avant comme sur les dernières secondes de « A Thief In The Ranks (Your Bike) » pour réellement donner du style à la musique.
A Shared History Of Tragedy est au final plutôt redondant, assez proche même du son des autres groupes signés chez Victory. L’album parvient parfois à séduire grâce à certains refrains puissants et accrocheurs, le piano souvent présent reste cependant la plupart du temps sous-exploité. La musique aérienne du quatuor et le charisme du chanteur interpellent au début puis lassent malheureusement vite sur la longueur. The Black Maria doit prendre garde à ne pas tomber dans le piège de l’« emo-formatage », au risque de se casser définitivement les dents lors du prochain opus.
.: Tracklist :.
01. The Perilous Curse
02. Waking Up With Wolves
03. Nothing Comes Easy But You
04. Van Gogh
05. A Call To Arms
06. Lucid
07. The Concubine
08. Living Expenses
09. Fool’s Gold
10. A Thief In The Ranks (Your Bike)
11. 11:11