Lorsque Obituary a annoncé son retour aux affaires mi-2004, tous les amoureux de death bien ficelé étaient aux anges. Malheureusement le manque d’originalité dont témoignait le très fade Frozen In Time en avait vite fait déchanter plus d’un, d’autant plus que l’album se profilait après huit longues années d’inactivités. Restait le live pour se consoler, toujours assuré avec un entrain et une efficacité dévastatrice. Deux ans plus tard, les cinq américains prouvent néanmoins avec Xecutioner’s Return qu’ils possèdent encore quelques belles pièces dans une besace déjà bien remplie.
Car pour un neuvième album, cette nouvelle livraison est une fort belle surprise. Non pas que la formation se ré-invente en profondeur, mais celle-ci livre avec ces onze pépites de choix une bonne tripotée de baffes ultra-catchy comme on n’en attendait plus. Dans la construction même de chaque composition, tout reste pourtant sans surprise et scrupuleusement similaire à ce qu’Obituary nous avait livré vingt quatre mois plus tôt. Du basique et sans prétention avant tout taillé pour sévèrement envoyer le bois sur scène, un ensemble quasi-dénué de toute complexité au profit d’une efficacité ainsi que d’une agressivité redoutable. Un disque d’une cohérence sans faille ou chaque titre semble presque tissé autour d’un unique riff impossible à déloger accompagné d’une basse qui ne fait que suivre bêtement, pour un bloc en acier trempé néanmoins bien écrabouillant comme il se doit. Le constat sera inévitablement le même au niveau des lignes de chant couchée par l’ami John Tardy, bien senties et confinées dans les graves oppressants, mais grandement similaire à ses performances d’antan. Face à la quasi-impossibilité d’évolution dans le milieu, on l’en pardonnera bien vite, d’autant plus que le bougre beugle avec classe et cœur (« Feel The Pain », tout est dans le titre). Tout en évitant d’appuyer trop frénétiquement sur la pédale d’accélérateur, le tempo étant maintenu vers le bas par un batteur évitant de se fouler les membres afin de privilégier une lourdeur digne d’un rouleau compresseur. Obituary bourrine avec joie et sans finesse aucune mais témoigne par ailleurs d’un groove implacable qui suffirait presque à rendre tout morceau de Xecutioner’s Return incontournable (le lent et appuyé « Face Your God » d’ouverture, « Bloodshot »).
Présenté ainsi, ce nouveau méfait des gars d’Obituary ne paraîtra guère plus folichon que son ennuyeux prédécesseur. C’était sans compter sur la nouvelle recrue du groupe répondant au nom de Ralph Santolla, qui parviendrait presque à ramener le groupe à ses prestigieuses origines. Fraîchement débarqué d’un Deicide pour lequel il a fait des merveilles (The Stench Of Redemption) et probablement lassé des âneries de Glen Benton, le beau chevelu remplace au pied levé le délinquant Allen West emprisonné pour ivresse ininterrompue. Ce qui n’est finalement pas un mal tant le musicien paraissait en panne d’inspiration depuis quelques années. Bien que n’ayant pas participé à la composition des ossatures en elles mêmes, Santolla regorge d’idée lorsqu’il s’agit de placer du solo old-school et technique dans tous les recoins, tache dont il s’acquitte à merveille sur Xecutioner’s Return. Ces multiples interventions chevaleresques illuminent véritablement les morceaux (« Feel The Pain », l’enchaînement « Evil Ways » / « Drop Dead », fabuleux) et viennent heureusement casser la monotonie dont souffraient les structures. On sent néanmoins que le guitariste a enregistré sur des bandes prêtes à l’emploi, apposant ses interventions là ou le travail de ses compères le permettait, tant le décalage semble prononcé entre sa technicité et des tissus instrumentaux d’une simplicité enfantine. Reste que sa participation s’avère rafraîchissante et grandement bienvenue, en dépit de ce léger sentiment de superposition de dernière minute.
Malgré un certain manque d’originalité, ce nouveau pavé se profile comme un véritable agent addictif et devient après quelques écoutes impossibles à déloger du lecteur, en grande partie grâce à la participation inspirée de Santolla. Si le guitariste vient à conserver sa place au détriment d’Allen West à sa sortie de prison l’an prochain, cette nouvelle association pourrait bien faire des ravages.
.: Tracklist :.
01. Face Your God
02. Lasting Presence
03. Evil Ways
04. Drop Dead
05. Bloodshot
06. Seal Your Fate
07. Feel the Pain
08. Contrast the Dead
09. Second Chance
10. Lies
11. In Your Head