Bien qu'encore assez méconnu en France, Every Time I Die avait plus sérieusement commencé à faire parler de lui suite à un second album de hardcore'n'roll plus qu'explosif. Il faut dire que les talents confirmés que sont Daryl Palumbo (Glassjaw et Head Automatica) ainsi que Gerard Way (My Chemical Romance) sur le disque avaient en partie assurés la publicité de ce Gutter Phenomenon. La formation américaine étant revenue de tournée les poches pleines d'images, il aurait été dommage de ne pas profiter tout de suite de ce bon début de notoriété en compilant ce qu'il y avait sous le coude. Le résultat : Shit Happens.
Un premier DVD répondant à un nom tout aussi délicat que l'attitude générale des membres d'Every Time I Die sur la route, ceux-ci proposant de partager leur intimité au cours d'un documentaire de plus de deux heures qui constituera la pièce principale de Shit Happens. Inutile de se fier à l'attristante musique ouvrant le ballet sous des paysages de neige immaculée, ce rockumentaire n'a absolument rien à rapprocher de ceux tentant de prouver aux spectateurs combien la vie de groupe peut s'avérer difficile. Aucun problème de line-up (sur la dernière tournée tout du moins, puisque le groupe s'est quand même séparé il y a plus de an de Kevin Falk) ni d'ego surdimensionné dans leurs rangs, le quintet ne semble aspiré qu'aux quelques préoccupations véritablement utiles, à savoir dormir, jouer sa musique et surtout s'amuser. Peut-on rêver mieux lorsque de plus, le public répond présent ? Shit Happens propose donc ce à quoi Every Time I Die aura le plus passé de temps au cours des douze derniers mois : des conneries. Et autant dire qu'à ce niveau, ces cinq barjos s'avèrent imbattables et n'ont strictement rien à envier aux protagonistes de Jackass. Beuveries et conséquences inévitables (les dégobillages sont légions, âmes sensibles s'abstenir), simulations sexuelles dans le tour bus, ballades en slip ultra-sexy dans les allées des festivals ou encore essorage de chaussette dans la bouche d'un fan, on ne pourra reprocher à ce DVD un quelconque manque de variété quant à son contenu potache, le tout se voyant de plus illustré par l'excellente musique des bostoniens. A peine remarquera-t-on l'absence de sous-titres, tant ceux-ci s'avèrent inutiles à la compréhension de leurs agissements.
Bien qu'amusant et basé pour une écrasante majorité sur le fun, le film reste donc avant tout destiné aux admirateurs de la bande à Keith Buckley puisque ne retraçant en rien le chemin ou les éventuelles difficultés rencontrées par le groupe jusque ici. Un léger assortiment de bonus pourra allécher le novice, même s'il reste d'avantage conseillé de découvrir Every Time I Die avant tout par ses albums. Les lives (« Emergency Broadcast Syndrome », « Godspeed Us To Sea », « Romeo a Go-Go » ainsi que « The Logic Of Crocodiles ») sont en effet filmés avec les moyens du bord, ce qui n'aide pas à la facilité d'accès d'un groupe déjà bien barré à l'origine. Le son reste approximatif (par sa captation, non à cause de la performance des musiciens), et les mouvements de caméras nombreux et aussi violents que la retranscription de ces quatre uppercuts sur-vitaminés sur scène. La folie semble avoir gagnée un public qui se jette dans tous les sens, tout comme le quintet qui livre en seulement quatre compositions un digne aperçu de ses performances scéniques déjantées. Bien que dénués de moyens financiers dignes de ce nom, les cinq vidéos rassemblées sur Shit Happens proposent quant à eux des scénarios bien différents, du banal montage live de « The Logic Of A Crocodile » au délirant et très flashy « The New Black ». Au milieu de tout cela, le clip de l'excellent « I Been Gone A Long Time », traitant des déviances sexuelles d'un père de famille, parait presque trop sérieux, mais se laissera délecter avec le même plaisir.
Shit Happens propose donc à boire et à manger, et ce de plus en grande abondance, inutile donc de s'en priver. Comme en témoigne ce DVD, Every Time I Die semble avoir trouvé le meilleur moyen d'éviter l'implosion en ne se prenant jamais au sérieux, et au vu des résultats, certains feraient mieux d'appliquer la formule…
.: Tracklist :.
– Film "The Life. The Stage. The Road. The DVD"
– Clips
– Lives
– Trailers