Pour les aficionados de Bill Gates, un CoreDump est un fichier crée quand un système plante. C’est à dire relativement souvent. Du côté de Mâçon, les ex-membres d’Ex-LD plantent eux des clous légèrement plus burnés sous le même nom. Une optique bien plus heureuse et alléchante. Cinq petits titres pour un tout premier EP totalement auto-produit, le message de CoreDump passe très vite. Un mal pour un bien.
S’il demeure parfois difficile de se faire un avis tranché sur un format court, cette petite poignée de composition suffit à défriser le brushing le plus férocement tenu ainsi qu’à émettre un jugement indiscutablement positif. Non pas que CoreDump ne fasse dans l’attaque hargneuse de conduit auditif à mémé pantouflarde, le tout restant très aisément facile d’accès, mais l’énergie salvatrice déployée par le combo sur ces courtes vingt minutes demeure plus qu’appréciable et bienvenue. Ces chevaliers d’un nouveau genre grimpent à l’assaut de l’ennui et de la stagnation et remplissent leur mission avec brio, expérience de la scène et influences de choix obligent (on trouvera de ci et là quelques bons morceaux de Lofo ou encore Refused arrangés à la sauce des Mâçonnais). Rapidité d’exécution et riffs jumpy en acier trempés (un « Face contre Terre » d’ouverture qui déclare d’emblée les ambitions du groupe) restent les maîtres mots du hardcore’n’roll décoiffant de CoreDump, et le quintet tend à démontrer avec ce premier EP qu’ils ont assimilé toutes leurs leçons en la matière tant l’ensemble s’avère massif et hautement efficace. Pour autant, les musiciens ne se contentent pas de bourriner sans réfléchir, mais construisent de véritables et entêtantes lignes mélodiques (le très bon « L’opium du Peuple », « Le Fond du Bocal »). Une probable réminiscence du mouvement néo-metal, sans l’aspect radiophonique et opportuniste parfois présenté par ses plus mauvais représentants.
La musique de CoreDump s’éloigne en effet des standards formatés, bien qu’omettant globalement l’originalité au profit de l’efficacité, pour le coup renversante. Le chant affiche clairement les même ambitions, oscillant entre un phrasé rappé à cent à l’heure ultra-virulent et bons gros hurlements de derrière les fagots. Sans jamais sombrer dans la facilité d’un chant clair soporifique, le frontman parvient à moduler son spectre vocal à tel point que l’on jurerait à première écoute avoir parfois à faire à deux chanteurs (« Face contre Terre »), à l’image de bon nombre de formations opérant dans un registre similaire. L’intéressé évite de plus de se dissimuler derrière des textes en anglais logiquement incompréhensibles, livrant en place et lieu quelques réflexions intéressantes et justifiées sur les problèmes de bêtise humaine rythmant malheureusement nos quotidiens (« L’opium du Peuple », « Mediatrash »). Un très bon point.
Aussi court soit-il, ce premier enregistrement envoie sérieusement le bois, volonté de plus très bien mise en relief par une production plus que léchée pour une première démo. Lorsque cela se voit de plus intelligemment fait, les raisons pour refuser de poser l’oreille sur la musique de CoreDump s’amenuisent très sérieusement. A suivre de près.
.: Tracklist :.
01. Face contre Terre
02. L'opium du Peuple
03. Mediatrash
04. Le Fond du Bocal
05. Maximum Valium