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Chronique | Gojira : « Fortitude »

Pas moins de cinq ans depuis le surprenant Magma, le quatuor français le plus connu à l’étranger revient sur les devants de la scène des musiques extrêmes avec Fortitude. Revenons en arrière. Magma était devenu pour beaucoup en France l’alien que beaucoup de puristes ne voulaient s’attarder à réellement découvrir, alors qu’il incarnait ailleurs et avec force l’évolution naturelle du groupe et a surtout permis de finaliser leur installation sur la scène internationale. Avec l’introduction de couleurs, de mélodies et d’intentions tout droit venant du sludge, on quittait définitivement l’époque death du Gojira des années 90 et 2000 pour s’aventurer sur d’autres terrains. Une épopée très marquée dans l’exploration vers l’alternatif qui venait se diluer dans l’esprit prog initial et death metal du groupe. Qu’allaient-ils faire de ce voyage ? Quel héritage allaient-ils garder et pour nous emmener où ? Avec Fortitude, Gojira pousse encore plus loin les frontières de ses étiquettes pour s’aventurer vers des contrées inédites : des compositions hymniques, du heavy, du desert rock. Voilà les nouvelles touches, ce à quoi il faudra vous attendre.

Même s’il en reste évidemment quelques traces, dans Fortitude ce même death sombre, tortueux et froid du Gojira pré-Magma semble être une époque bientôt révolue. Fortitude divisera. Évidemment, quand on aura ne serait-ce qu’une once de leur technique et de leur créativité, on pourra se permettre de trouver cela dommage tant le groupe excellait dans le domaine, mais on se foutrait, à juste titre d’ailleurs, dans une belle case bien scellée du parfait type incapable de s’ouvrir au changement. Comme si la meilleure vie artistique possible devait surtout prétendre à une parfaite constance de création d’une décennie à l’autre. On sait que ce n’est pas possible, que ce ne serait pas humain ni intéressant.

Bref, ouais, Gojira s’aventure, et non tout le monde n’y trouvera pas l’héritier de From Mars to Sirius ou que sais-je, car moi aussi j’en ai parfois la nostalgie ou l’envie. Mais tant mieux : chaque album de Gojira est inégalé, pourquoi en faire un qui ressemblerait à un autre. Le fait que chacun soit si unique les rend encore plus délicieux et ce nouvel album ne déroge pas à cette règle. Fortitude c’est un album qui d’ailleurs, ne se sécurise pas spécialement à suivre une trame musicale, dont les différences de production et surtout de fond musical sont palpables. Gojira, dans de multiples interviews, indiquent qu’il y a un thème commun à toutes ces chansons, le mot « Fortitude ». On peut écouter quelques explications de Jo lors de son passage avec son frère chez France Inter il y a quelques temps, sur ce concept.

Alors, si nous derrière on est plutôt la team « aventure et renouvellement », on n’est pas non plus peu critique. Si les chemins musicaux alternatifs pris par Gojira nous enthousiasment, parce que la matière est bonne et hautement rafraîchissante, on se demande parfois quel est le lien d’une chanson à l’autre. Peut-être étions-nous mal habitués, ou trop habitués à autre chose par le passé avec eux. Depuis From Mars To Sirius, je cherche dans chaque nouvel album la masterpiece prog qui sera le clou technique de l’album. « Flying Whales », puis « The Art Of Dying » et enfin « Magma », tous avaient leur chef d’œuvre qui durait de longues minutes (bon, c’est vrai, pour L’Enfant Sauvage, je cherche toujours, mais « Born In Winter » est un bon candidat). Ici, rien ne dépasse les cinq minutes, ambiances incluses. On passe de riffs sludges à du desert rock, on revient au death metal (plutôt tiré des trois précédents albums qu’autre chose), un peu de heavy de l’espace, on reprend avec du riff doom/death, le tout dans des ambiances variées mais surtout des mixages vraiment différents les uns des autres. De « Born For One Thing » à « Hold On » avec ses chœurs et ses riffs heavy, en passant par « Sphinx » avec du doom prog à la Opeth, ou la balade desert rock « The Trails », quand le tout finit par un « Grind » digne de The Way of All Flesh, on ne sait parfois plus où on est. C’est voulu, un concept ne prend pas qu’un seul visage, mais voilà ce qui pourrait manquer à l’album pour mieux l’appréhender : une trame de fond un peu palpable qui altèrerait le côté trop indépendant de chaque titre les uns des autres, malgré après plusieurs écoutes le lien qui les unit qui devient de moins en moins obscur.

« Hold On », c’est probablement le titre qui aura retenu le plus mon attention. Une intro entièrement en chœur et en chant clair sur une pédale de batterie entrainante doublée d’un tambourin qui accentue le virage alternatif que prend le groupe sur cet album (on avait déjà quelques prémices sur Magma), à la croisée de l’hymne et de la pop. J’avoue, je ne m’y attends pas. Puis un petit riff très heavy apparait, pas loin dans la compo et dans le mixage que de ce que Devin Townsend aurait pu pondre, dans une ambiance plus solennelle. Les chœurs qui balancent des « Fight » dans le refrain donnent appuient la nervosité et l’oppression évoquée dans les paroles et donnent un côté très « soudé » du groupe, comme on en trouve dans le hardcore, avec un mini-solo aux débuts metallica-esque qui revient sur le heavy, une structure très polarisée, presque inimaginable.

A travers cette multitude de facettes, Gojira s’adresse à tou.t.es, rendant Fortitude aussi surprenant que varié et accessible, sans pour autant avoir oublier l’identité du groupe, le travail d’orfèvre même si éparpillée dans plusieurs personnalité dorénavant.

Bref, voici Fortitude.

Tracklist :

  1. Born For One Thing
  2. Amazonia
  3. Another World
  4. Hold On
  5. New Found
  6. Fortitude
  7. The Chant
  8. Sphinx
  9. Into The Storm
  10. The Trails
  11. Grind

Extraits disponibles :

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1 commentaire

GarlickJr 4 mai 2021 at 11 h 39 min

Pour la masterpiece prog il y a Hold on certes mais aussi le duo Fortitude-Le Chant. Fortitude commence avec une excellente intro chant clair, percu, gratte et fait une excellente intro a Le Chant qui reprend le tout sous grosse disto suivit de solo guitare. Pour le reste encore un excellent album. Je sui d’accord sur le manque fil conducteur bien que bizarrement certains enchaînements assurent qu’en même. Je pense notamment à another world que j’avais pas trop kiffé (je lui trouvé un côté déjà vu pour du Gojira) mais que j’ai pris plaisir à redécouvrir après le côté tribal d’Amazonia.

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