Il faut dire qu’un doux parfum de nostalgie électronique envahit nos oreilles à l’écoute de ce Further. En dépit de toutes les expérimentations et collaborations du duo depuis Exit Planet Dust, les frères chimiques sont avant tout des DJs dont le pouvoir sur les dancefloors et en live reste rarement égalé. Et cette orientation dancefloor transparait clairement sur cet opus, peut-être plus que sur les derniers opus en date. Du long premier morceau de l’album qui n’est qu’une intro au premier vrai titre de l’abum « Escape Velocity », où l’on voit arriver de manière surprenante Kicks, Snares et autres Hi-Hats, le groove des nappes de basse et la diversité des synthés utilisés fait que la magie opère toujours: un album des Chemical Brothers donne toujours envie de danser, même aux plus réfractaires, et c’est un sacré bon point. Contrairement à leurs compatriotes de la perfide Albion, The Prodigy, on n’a pas besoin d’entendre tel ou tel son, telle ou telle rythmique pour identifier les Chemical Brothers aux manettes: si un morceau de Prodigy se reconnaît immédiatement car on a déjà entendu un des arrangements utilisés dans un précédent album, les Brothers se reconnaissent eux à leur patte sur le nombre incalculable de racks et synthés utilisés pour créer cet univers, toujours entre électro ambiante, utilisation du Rock à des fins électroniques et patterns dansants au possible.
La pierre angulaire de l’album s’appelle « Dissolve », et est un retour glorieux à l’âge d’or du Big Beat mancunien: montée de synthés mélodiques, basse saturée et fin de morceau en percussions ethniques rappelant leur « It Began In Afrika » de l’époque Come With Us, bref tout est là pour se replonger dans ce monde bien connu de Chemical. « Horse Power » nous emmène aussi en terrain connu, celui de la techno simple et efficace mais loin des dérives minimalistes récentes. Après une petite incursion dans les années 80 grâce au titre « Swoon » et ses rondes nappes de basse groovy typiques que n’aurait pas renié le regretté roi de la Pop, l’album s’achève dans les douces profondeurs d’un morceau encore teinté de Pop anglaise agrémenté d’ambiances électroniques feutrées, très caractéristique de la façon dont le duo aime terminer ses albums, en rendant un ultime hommage à la richesse du son britannique dont ils sont si fiers.
Ce septième album de Tom Rowlands et Ed Simon est accompagné d’une vidéo par titre, une manière d’illustrer chaque morceau. Si cet album est particulier, c’est aussi par le fait que c’est le premier à ne pas inclure de participations vocales extérieures, Tom Rowlands signant lui-même les voix de l’album. Les grincheux diront que ce Further n’est pas assez riche et que l’on évolue dans un registre déjà bien développé par les Chemical Brothers dans le passé, mais comment ne pas adhérer une fois de plus à une musique aussi bien construite taillée par des années d’expérimentations en tout genre? A l’instar de The Prodigy, les frérots sont toujours là, indéboulonnables dans leur style mais toujours aussi doués à produire ce son qui a tant participé à la réconciliation entre Rock et électro dans les années 90. En opposition avec le titre, vous n’irez pas forcément plus loin que ce que vous connaissez déjà de leur univers musical, mais Further suffira amplement pour accompagner vos exploits estivaux sur les dancefloors de la planète!
.: Tracklist :.
1. Snow
2. Escape Velocity
3. Another World
4. Dissolve
5. Horse Power
6. Swoon
7. K+D+B
8. Wonders of the Deep