Les médias ont cette incroyable faculté d’accaparer un événement et de ne plus le lâcher. L’événement, c’est aujourd’hui Justice, duo électro français, précisons parisien, sans quoi le summum de la hype ne pourrait être évidemment atteint… C’est un véritable buzz planétaire qu’a suscité son premier jet, mystérieusement intitulé † (prononcez « Cross »). Suspect ce tapage médiatique qui finalement mène à quoi ? L’arnaque du nouveau millénaire ou le joyau d’une scène française qui attire désormais tous les regards ? Vacarm vous donne la réponse.
Une intro grandiloquente annonce une invasion venue de l’espace, la Terre en ligne de mire, Justice débarque et impose son style. Classe et rythmé, l’instrumental « Genesis » convainc tout de suite, Justice n’est peut-être pas l’imposteur que l’on croyait… Hommage à Michael Jackson avec le single « D.A.N.C.E. » et son clip léché. Voilà le concept : des enfants chantant des paroles composées uniquement de textes du King of Pop. Pas trop jeunes les enfants quand-même, hein Michael ?
Les trois quarts des morceaux sont instrumentaux, allant de la pure expérimentation (« Let There Be Light » et son leitmotiv « faxé ») à l’ultra dansant (« Waters of Nazareth » et ses sonorités triturées). Seul le petit quart restant laisse libre court au chant toujours juste et idéal pour tâter avec classe le dancefloor (« Tthhee Ppaarrttyy », « DVNO »). Voilà comment attirer deux publics différents sur un même album, l’esprit pop du duo n’est pas une méprise et est clairement assumé. Justice se risque donc au jeu du grand écart, la paire parisienne a les tendons solides et ses diverses expériences de remixes (Britney Spears, Mr. Oizo, Franz Ferdinand) lui permettent de très bien s’en sortir. L’oreille facile du simple auditeur sera comblée tout comme celle de l’esthète du son bien plus exigeant.
Le parcours et les origines de Justice ne peuvent que prêter à la comparaison avec Daft Punk. Difficile, en effet, de ne pas remonter en arrière et de ne pas songer au monument Homework. Le style et les sons n’en sont pas du tout éloignés, c’est même parfois limite ressemblant (« One Minute to Midnight »). On reste néanmoins admiratif devant une telle maîtrise tant au niveau musical que graphique, chapeau bas pour le coup.
En dignes héritiers des grands-frères Daft Punk, les deux parisiens imposent leur classe et jouent habilement sur des tubes purement dancefloor pour plaire au plus grand nombre, tout en expérimentant sur quelques morceaux un brin moins accessibles. Terriblement classe et dansante, cette musique électro/house ravira son monde bien au-delà du microcosme de la Capitale devenue le temps d’un album objet de toutes les convoitises. † mérite donc bel et bien l’attention qu’il a suscité, le 21ème siècle a peut-être trouvé son Homework. Pour sûr, voilà une rumeur planétaire synonyme de succès garanti pour Justice, ou comment faire du bizz avec du buzz…
.: Tracklist :.
01. Genesis
02. Let There Be Light
03. D.A.N.C.E.
04. Newjack
05. Phantom
06. Phantom Pt. II
07. Valentine
08. Tthhee Ppaarrttyy
09. DVNO
10. Stress
11. Waters of Nazareth
12. One Minute to Midnight