Lorsqu’il s’agit de fouiner afin de découvrir les projets les plus étranges et expérimentaux, Candlelight s’avère plutôt doué. Une attitude bien éloignée du fonctionnement des grosses pontes de l’industrie musicale qui ne parient que sur les projets les plus financièrement intéressants. Tout le contraire de Star Of Ash, récente signature et artiste méconnue échappée du non moins obscure Peccatun, qui propose en dix titres un second opus aussi inclassable que surprenant et répondant au nom de The Thread.
Cataloguer Heidi Solberg Tveitan, tête pensante de ce projet alien, dans une case aux frontières bien déterminées serait bien restrictif, tant la demoiselle se complait à dépeindre des horizons hautement personnels et ne faisant fit d’aucunes règles. The Thread ne répond en effet ni de structures précises ou de restrictions de styles, la musicienne étalant des sonorités cristallines et virevoltantes dans le temps et l’espace, concevant un canevas mélancolique et planant faisant avant tout appel au ressenti de son auditeur. The Thread se profile comme un album d’ambiant, rythmé par les tirades mélancoliques d’un piano vétuste, à écouter seul sous peine d’en voir tous les effets hypnotiques annulés. Cuivres, boucles électroniques, claviers et guitares se marient dans un ensemble raffiné, mené par une batterie discrète et cotonneuse. Une usine à rêves tournant à plein régime, mais en silence. En résulte l’émanation de délicats nuages musicaux, sur lesquels s’égarent à l’occasion un élément perturbateur légèrement plus agité (« Blood Bones And A Skull »), rapidement assagi par l’ambiance générale dont fait preuve The Thread. Star Of Ash se dirige même le temps d’une introduction vers des méandres quasi-moyenâgeuse, mutant rapidement dans une envolée atmosphérique subtile et chaleureuse (« Crossing Over », l’un des meilleurs morceaux de l’album).
Ce second opus s’apparenterait presque à une drogue, l’effet hallucinatoire se voyant décuplé au fur et à mesure de l’avancée dans les tréfonds alambiqués de cet univers sombre et langoureux. Car The Thread ne respire bien évidemment pas la joie de vivre, et Heidi Solberg Tveitan l’exprime pleinement à travers un timbre désillusionné. Aussi rares soient-elles, les tirades vocales satinées se dressent comme un complément racé aux expérimentations instrumentales. Le joyau dans son écrin, élément lumineux et lyrique à déceler au sein d’instrumentations à rallonge, sublimant d’autant plus la beauté des paysages explorés lorsque s’établit un jeu de questions-réponses avec la voix plus grave de Markus Reuter (« Crossing Over »).
A mi-chemin entre pop glacée et musique d’ambiance aux inspirations classiques, The Thread est une excellente découverte. La bande-son d’un film imaginaire.
.: Tracklist :.
01. How To Invent A Heart
02. Him And Her
03. The World Spins For You
04. Drag Them Down
05. The SnakePit
06. An Apology Gone Bad
07. Blood, Bones And A Skull
08. Crossing Over
09. Epilogue
10. Neo Drugismo (bonus)