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Live report – Download Festival France J3

Dimanche, troisième et dernier jour du Download Festival France : passion hommage aux morts, Children of Bodom casse des genoux et Rammstein met le feu à des trucs. En fin d’article, on fait le bilan de cette première édition encourageante.

Il fallait bien que ça arrive : il pleut. Sous les riffs énervés de The Shrine, les festivaliers arrivent en glissant dans la boue, sur les pieds ou le cul, volontairement ou non. Les plus courageux se font quant à eux des peintures de guerre en restant torses nus et hilares sous la pluie battante et l’ambiance reste au beau fixe : ce dimanche s’annonce bien.

Christian rock en terre laïque

On craignait un peu que Skillet ne reçoive pas l’accueil qu’il mérite : entre le nu metal et le rock fm, la caractéristique que la presse française choisit de systématiquement mettre en avant, c’est la religiosité des membres. Le rock chrétien, ça passe très bien au pays de l’oncle Sam mais ça perce pas super bien chez nous (qui se souvient encore de P.O.D. ?). Mais fi de tout ça, on est là pour la musique et le set est impeccable. On a juste souri en constatant off-stage que le groupe mixte avait droit à deux loges : l’une pour les garçons, l’autre pour les filles. On ne se refait pas.

De l’autre côté du site, on se rend compte que ça fait bien plus de 20 ans que le chanteur de Lofofora est énervé et que ça ne s’arrêtera pas. Pas content de jouer face à la Défense, ça éructe des « ramassis d’enculés » : toute excuse est bonne pour lancer des pogos enragés après tout. Et puis non il re-pleut pas, c’est lui qui postillonne (c’est pas moi qui l’ait dit).

Séquence circle pit avec Trivium et Children of Bodom

Même le soleil revient quand il se pointe : à côté de Reuno, Matt Heafy est un amour sur pattes. Habitué aux Downloads anglais, le chanteur de Trivium a aussi un truc pour chauffer le public et multiplier les circle pits : il beugle, mais avec le sourire. Minute émotion quand il tente un « Fluctuat nec mergitur » (hommage aux gens morts : 3). Côté public, surprise, on s’attendait à ce que Children of Bodom soit la grosse star de l’après-midi, mais non : c’est Trivium qui a rassemblé le plus de fans, de slams et d’hystérie collective. Un excellent choix de prog et un excellent concert.

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image d’archive du Hellfest 2012

Bon, je vais quand même pas vous mentir, le groupe de death finlandais a malgré tout déclenché d’énormes pogos ; c’est peut-être ce qui a fait s’éloigner une partie du public, moins habitué à des ambiances aussi radicales et plus froides. Plouf, parfois la vie fait plouf (blague, lac, Bodom… mais si.). On a quand même eu une jolie tentative en français de la part d’Henkka, le bassiste qui soutient l’Islande à l’Euro 2016 (voir notre improbable interview – à venir).

La drache de l’enfer s’abat sur Sabaton

Entre la billetterie qui a eu du mal à s’écouler et la météo, le Download se trimbale une sacrée poisse. Mais heureusement certains n’en ont rien à foutre : les gars en treillis de Sabaton sont prêts à en découdre et sont montés sur ressorts. Derrière ses lunettes de l’armée et sa stachemou, le chanteur est un gros troll : en prétendant balancer des nouvelles chansons inédites, il se retrouve à siffler Wind of Change de Scorpions. L’ambiance service militaire est parfaite pour jumper dans la boue sur l’air de Metal Crüe et beugler le nom de tous les groupes qu’on kiffe. Keur keur Sabaton.

« Do the Newport Helicopter ! » : comme d’habitude, les concerts de Skindred sont des bordels sans nom. Les Gallois sont menés par Benji, chanteur/MC passé maître dans l’art de faire faire n’importe quoi à son public. Du genre scander les noms de Lemmy, Bowie et Prince (hommage aux gens morts : 4), ou encore se désaper et secouer ses fringues au-dessus de sa tête. On a failli casser la petite tente de la scène 3, c’était bien.

Le chanteur de Skindred est un pharaon venu du passé : l’interview (à venir)

Volbeat a sorti son rock 50s pour l’apéro avec beaucoup de succès et tout le monde s’est chauffé pour le programme du soir : Megadeth et Rammstein. Une partie du public renonce à aller voir Megadeth pour garder sa place devant la main stage. Faut dire que Megadeth, ça reste du shred pendant une heure et demie : à part si on est religieux/historien du heavy, c’est un peu chiant. Point bonus pour le fait qu’ils jouent devant le technodrome quand même. (ceci était l’avis d’une personne qui s’en fout, toute personne beaucoup plus qualifiée que moi souhaitant m’envoyer des insultes est priée de les envoyer à l’adresse suivante : jenenaicure@jevaisvoirrammstein.com).

Et voilà, on arrive à la fin de ce long week-end. Inviter la bande à Till Lindemann, c’était s’assurer d’un show au poil et un public présent. Et le public était archi-présent : ce concert de clôture a eu lieu devant un hippodrome plein à craquer, et sous des ovations méritées. Rammstein, la ceinture de sécurité du Download… Les navettes repartent pleines de sourires béats. Oubliés les bugs du début du week-end, la passion des lances-flammes a pris le dessus. On sait ce que peut nous provoquer un groupe comme Rammstein, alors on a dormi dessus avant de faire le bilan.

Download Festival France 2016 : le bilan

On a passé trois jours au Download Festival France, vu tous les concerts et regardé dans tous les coins. Bilan. (lire ou relire : Download 2016 : vendredi, Download 2016 : samedi)

3 jours
40 groupes
100 000 festivaliers
4 hommages à des gens morts
30 000 paquets de Monster Munch

Ca fissu les comparaisons entre Download et Hellfest

Le Download Festival France, concurrent du Hellfest ? En fait non et ça n’a jamais été la volonté : à côté de l’assise monumentale, de la déco et de la prog du festival de Clisson, le Download est un fœtus. Et de toute façon, quand on jette un œil à l’affiche, elle liste surtout les classiques et les sensations du moment qui peuvent plaire au public non-initié ; beaucoup plus de rock que de metal à proprement parler, et même si ça ne vise pas Tata Monique, le but était clairement de faire plaisir au panel le plus large possible… De la jeune fan venue couiner devant One OK Rock en passant par Marco, le copain de BTS qui veut voir Rammstein « parce que quand même », jusqu’au Papy qui fait son 20e Megadeth. Et ça a fonctionné : même si les metalleux pur jus ont eu de gros blancs dans leur planning, l’ambiance est restée sympa et a donné lieu à des découvertes musicales pour tout le monde.

Une organisation dépassée qui s’est bien rattrapée

Suite au chaos incroyable du premier jour (on vous rappelle les 2h d’attente à l’entrée et les 600m de queue au cashless ?), l’organisation du Download a fichu tous ses soldats sur le pied de guerre : dès le samedi, la communication autour de la possibilité de recharger en ligne son pass s’est améliorée, et les files ont fondu à vue d’oeil. On peut leur reprocher le manque de préparation en amont, mais question réactivité, chapeau bas. On regrette quand même le manque de communication générale (notamment sur les plateformes PMR et le fait que le cashless ne soit finalement pas nécessaire à tous les stands).

Claque ta thune baby

Côté déco, stands et animation, rien de délirant : stands de merch’ lambda, vinyles et bootlegs hors de prix, l’habituel bar/grange des Solidays se prêtait tout de même bien à une ambiance indus et le rendu était sympa. Pour le reste, énormément de récup’ du matos des Solidays (on aura même le loisir de croiser Luc Barruet, le président de Solidarité Sida, au cœur du Download) : dommage, deux-trois guirlandes ou de la déco auraient pu vite plonger dans l’ambiance (plus que les food trucks Quick). Big up pour la cidrerie mais je reste encore partagée quant à l’idée de mettre un tatoueur dans un espace où des milliers de personnes sont saoules (possible qu’il ait tatoué beaucoup de « PIKACHU, A POIL »).

Un nouveau festival anonyme… mais efficace

En tant que nouvelle franchise amenée en France, le Download n’apporte rien de révolutionnaire. Ma fourche continuera à languer à l’image du chanteur de Iron Maiden (« tu vas au Sonisph… eeeeuh au Download cet été ? ») faute d’identité forte et il faudra bien deux ou trois éditions pour imposer l’événement : les 100 000 spectateurs de ce week-end reviendront pour les groupes, pas pour la « marque » Download. Va falloir donner un coup de collier côté créa et orga aux prochaines éditions… Mais vu que la volonté de mieux faire s’est démontrée dès le deuxième jour, on s’inquiète pas trop pour la suite.
Finalement et c’est tout le paradoxe, la plus grosse qualité actuelle de ce festival n’a rien d’intrinsèque. Ce qu’on a préféré, c’est l’ambiance bon enfant. Mais plutôt que du côté de l’organisation, c’est vraiment de la part des metalleux qu’émanait cette grosse dose d’amour et de fraternité qui planait sur le Download. Alors SVP, revenez l’an prochain et j’reviendrai aussi.

Article : Marine Pellarin

Photo : Ugo Schimizzi

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