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Live Report : Sabaton + Lordi + Babymetal – Rockhal (Luxembourg) – 24 avril 2023

C’est donc le mardi 25 avril 2023 qui a été choisi pour convier tout ce petit monde du metal une nouvelle fois dans le temple du genre, la Rockhal, du côté du Luxembourg. L’occasion, après plusieurs modifications de plateau, de voir Sabaton, accompagné de Lordi et Babymetal.


Lordi

Au coup d’envoi de cette belle soirée, la salle est à demi-pleine pour assister au show de Lordi. Il faut dire qu’il est 19h à peine et que pour ceux qui travaillent tard ou qui viennent de loin, il n’est pas évident d’arriver dans les parkings d’Esch-sur-Alzette, bourgade où trône la Rockhal, à temps. Les vieux routards de Finlande tiennent bien la baraque, quel que soit l’horaire et assurent dans leurs plus beaux costumes, toutes et tous étant vêtus de masques. Il faut dire que le combo a fêté en 2022 ses 30 années de carrière et sait y faire avec la foule. Ceux qui ont été révélés à une partie du grand public grâce à leur magnifique victoire à l’Eurovision 2006 à l’aide de leur titre Hard Rock Hallelujah avaient prévu un set de 40 minutes pour la Grande Région. A peine 8 petits titres, pour le moins réussis et efficaces.

Evidemment, on retrouve plusieurs allusions à l’imaginaire véhiculé par le groupe : le mal / satan / l’enfer / tout ça (rayez la mention inutile). Ainsi, on passe de Lucyfer prime Evil à Devil is a loser, après un détour par Would you love a Monsterman ou encore Blood red sandman. Tout un programme, ponctué de quelques messages sympas pour faire interagir la foule et les préparer à la venue de Sabaton.

On retrouve juste avant la conclusion de leur titre le plus connu un funky Who’s your Daddy?, l’ensemble très porté sur le hard rock fonctionnant très bien en apéritif, avant la venue des Suédois. En interlude, Mr Lordi le chanteur s’amuse avec la foule, entre les « oui oui » et les « ja ja », pour distinguer qui du public est venu côté français, luxembourgeois ou allemand. Au final, un moment fort sympathique et le job réussi d’une première partie : chauffer une fosse qui n’a pas fini de transpirer durant le show de Sabaton !


Babymetal

Mais avant de pouvoir embarquer dans The tour to end all tours, il faut assister à la deuxième première partie de la soirée, en la présence de Babymetal. Un combo japonais formé il y a plus de dix années déjà autour de Suzuka « Su-metal » Nakamoto et Moa « Moametal » Kikuchi , Yui « Yuimetal » Mizuno ayant échangé sa place avec Momoko « Momometal » Okazaki, ces deux dernières officiant également dans Sakura Gakuin. On se souvient de leur dernier passage au Download Festival qui nous avait laissé, ainsi qu’une partie du public, mitigé. Sept années plus tard, le style des costumes demeure identique, mais côté son et chorégraphie, on sent le groupe déjà plus pro.

Les photographes ont même cette chance inouïe de signer un contrat aux conditions draconiennes de leur sang, les autorisant cordialement à publier une infime partie de leur travail si tant est que celui-ci ai pu être transmis aux deux garde-fous du groupe dans les 24h. Dont acte. Ce type de contrat est toujours assez hilarant quand on voit le nombre de photos et vidéos qui sortent de ces évènements avec des rendus pour le moins discutables, ce que semble chercher à éviter le groupe avec ces contrats. Mais bref, c’est un détail, revenons à la musique. Setlist ultra courte, chansons calibrées avec chorégraphies millimétrées, mélange foutraque d’influences, oscillant entre death metal et j-pop. Babymetal, c’est un peu comme le thème des chansons de Sabaton et les costumes de Lordi. On aime ou on déteste. Certains morceaux comme Pa pa ya sont assez marrants, avec leurs paroles en hommage à…la papaye et permettent au public de se chauffer une bonne fois pour toute. Le classique Gimme chocolate est également présent, mettant sur une rampe de lancement l’arrivée de Joakim Brodén et sa bande.


Petit apparté de ma vie de photographe, si tu n’en as cure, rendez-vous de l’autre côté de ces crochets 🙂

[D’une manière générale, un groupe/son management autorise (ou pas) un certain nombre de photographes à assister à un show et à capturer de petits bouts de live avec leurs appareils photos. La règle commune veut que nous soyons autorisés à photographier les trois premiers titres du groupe depuis le devant de scène. Plein d’exceptions existent à cette pratique (moins de titres, plus de titres, depuis un côté de la scène, le fond de la salle, à l’extérieur ou presque) et on a parfois de bonnes (tout le concert en libre accès) ou de mauvaises surprises (contrat abusif à signer, annulation des accréditations en dernière minute, etc.). Et puis, parfois, on a les conditions d’une vie durant un concert. Ce fut le cas ce soir avec Sabaton et je dois dire que c’est la première fois en quinze années de pratique qu’on a pu me traiter ainsi (était-ce le Karma après les conditions pour Babymetal ? Allez savoir !). Bref, nous avions rendez-vous avec mes camarades de jeu à un point donné, à une heure précise. Arrive un joyeux suédois et deux de ses acolytes et commence alors le brief le plus hallucinant auquel j’ai pu assister. Non seulement nous n’avions pas 3 chansons mais 7 pour capturer au mieux l’événement…mais surtout notre manager photo a pris un bon quart d’heure pour nous expliquer tous les grands moments du show, les endroits où se placer pour faire les meilleurs photos et cerise sur le gâteau, l’autorisation d’aller dans les coursives de la salle ou de rester sur le côté de la scène et en vérité pouvoir prendre des photos durant tout l’événement. Il n’a pas manqué également de nous rappeler qu’il allait faire très TRES chaud en devant de scène. Spoiler alert : il n’a pas menti]


Sabaton

21h15 donc, Sabaton entre en scène, cette scène encadrée de barbelés, de plots en béton marqués du mot « Verdun », de tours de guets et de reproductions de tranchés plus vraies que nature et bien évidemment, d’un tank en guise d’assise pour le batteur Hannes Van Dahl. Accrochez vos ceintures, lancement d’un grand moment scénaristique. Pour ceux qui n’ont pas lu mon long et volubile laïus sur la vie de photographe de concert, nous étions en gros prévenu : du feu, il y allait en avoir. Là aussi, gros contraste avec notre dernière rencontre de Sabaton, qui s’était effectuée en plein air sous des trombes d’eau (une autre manière de faire un show épique, pour le moins). Cette fois-ci donc, conditions idéales et déluge de flammes et d’effets pyrotechniques.

Dix-huit morceaux attendent la salle qui est à présent pleine comme un œuf et largement acquise à la cause de la formation. Celle-ci le leur rendra bien, s’exprimant à plusieurs reprises et les remerciant de leur permettre de remplir désormais une salle de cette taille en tant que groupe principal de la soirée. Sur scène, on sent beaucoup de joie d’être là et de plaisir, ainsi qu’un certain humour coutumier, malgré les thèmes plutôt graves de leurs morceaux. Et oui, leurs chansons sont exclusivement tournées autour de la guerre, d’exploits individuels ou collectifs et de grands moments de l’histoire du monde. Un étrange écho à la situation actuelle en Ukraine.

Le chanteur, se moquant gentiment des demandes des fans, assure qu’il y en aura pour tous les goûts, à la fois des anciens et des nouveaux titres. On a ainsi le droit à cinq morceaux de leur dernier album – The war to end all wars (écho direct au titre de la tournée) – avec Christmas Truce, Sarajevo, Dreadnought, Soldier of Heaven et Stormtroopers. Ce qui tombe bien avec les morceaux de Sabaton, c’est qu’ils s’intègrent parfaitement à l’ensemble de leur oeuvre, avec ce même petit côté « chansons de Scorpions » qui fait qu’on connait en général le refrain par coeur avant la fin du titre. Et c’est très bien, car les morceaux, magistraux, sont repris copieusement par la foule, y compris quand les deux guitaristes décident de coller des médiators sur le front plein de sueur de leur leader, qui perd alors le fil des paroles. Le reste de la setlist revient sur de nombreux albums du groupe (sept au total) et une reprise de Motörhead – toujours dans le thème – avec le morceau 1916.

Profitant de leur décor dantesque, les musiciens parcourent la scène, en évitant toujours bien entendu de s’approcher trop près des nombreux points d’où jaillissent d »innombrables flammes. Des personnages font également leur apparition au fil des morceaux, ici deux soldats allemands armés de lance-flammes, là un professeur fou avec sa machine et ses tableaux remplis de formules mathématiques, un triplan rouge pour le morceau The red baron – ou encore un marin muni de jumelles scrutant la foule. Au-dessus de la scène trône une arche lumineuse affichant fièrement « The tour to end all tours », tandis que plus bas, Joakim enchaîne les costumes, enfilant une capote verte et s’affublant d’un immense lance-fumée ou se munissant d’une réplique de lance-missile pour faire « exploser » le décor du pauvre batteur (on vous rassure, il n’y a ici que feux d’artifice et fumée, aucun élément du décor ne sera blessé durant la bataille-concert).

Mais Sabaton ne fait pas que dans le feu et les explosions. On a également le droit à de la fausse neige et un bouquet de confettis venus illuminer la scène et la fosse. Non, décidément, la formation soigne son public et justifie le prix d’entrée par une débauche d’énergie et d’effets. Et la foule le lui rend bien, criant, dansant et applaudissant ces fanas d’histoire, concept pour le moins atypique dans le paysage musical mondial.

Il est déjà temps de voir s’enfuir les cinq musiciens, pour très vite enchaîner sur un joli triptyque de chansons en guise de rappel. Primo Victoria résonne soudainement dans la Rockhal et relance les milliers de spectateurs qui n’attendaient que cela. Après ce morceau dédié aux soldats ayant participé au débarquement sur les plages françaises en 1944, Sabaton s’attelle à rendre son hommage habituel aux peuples vikings et plus particulièrement aux Swedish Pagans. Le moment pour toutes et tous d’entonner leurs plus beaux « oh hé oh » et d’accompagner les membres du combo à pleins poumons. La soirée se termine sur le morceau To hell and back, dédié cette fois-ci au débarquement à Anzio, ville italienne située en plein milieu de la botte, également en 1944. Une autre ode à l’héroisme et au courage qui résonne une nouvelle fois bien étrangement dans ce contexte où chaque jour des hommes et femmes meurent dans une guerre que le groupe a lui même qualifié « d’erreur répétée de générations passées ».

Comme quoi, connaître l’histoire – y compris en chanson – peut servir à mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. C’est peut-être ce que ce diront certaines personnes en repartant de la Rockhal après avoir pu assister en tout cas à une soirée magistrale d’un point de vue musical.

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