Djaying, production, graff et graphisme… Du haut de ses 25 ans, Missill est une artiste touche-à-tout qui n’hésite pas à faire valoir ses multiples talents et à décloisonner les frontières musicales. Sur Targets, son premier véritable album en tant que productrice, elle réussit à provoquer une rencontre explosive entre l’electro, le reggae, le hip-hop, le break-beat et le rock.
Début des années 2000. Quelques figures féminines réussissent à se creuser un chemin dans les souterrains de la techno française. Elisa do Brasil projette de ses doigts la drum’n’bass, Miss Ficel le breakbeat, Miss Kittin lance l’electro-clash, alors que Jennifer Cardini et Chloé hypnotisent les foules avec leur minimal. De son côté, Missill s’abreuve de sonorités en tous genres afin d’alimenter ses DJ sets. En 2005, suite à ses nombreuses performances, cette jeune prodige des machines sort Mash-Up, un mix-album habile et précis où se côtoient des artistes comme M.I.A, Modeselektor, Freestylers, Ghislain Poirier, ou encore Butch Cassidy Sound System.
Avec Targets, celle que les médias anglais dénomment « Urban Punk » prouve qu’elle est désormais capable de prendre en charge la production de ses propres titres. Composition, arrangements, edits… La demoiselle est devenue maîtresse de ses sons. Elle ne délaisse pas pour autant son ouverture musicale au profit d’une certaine uniformisation. Ses trois dernières années passées à voyager et à se produire à l’étranger (Londres, Berlin, Montréal, Pékin, Moscou…) y auront sûrement contribué.
Initié par un beat à 90 bpm, l’album démarre avec le très entraînant « Forward » : des rythmes percutants, un skank énergique, le tout conduit par la voix puissante de Dynamite MC, rappeur officiel du crew drum’n’bass Roni Size Reprazent. D’entrée de jeu, Missill frappe fort. Elle pose également les bases pour la suite, à savoir, des titres électriques aux stylistiques diverses et emmenés par les chants impressionnants d’une myriade d’invités charismatiques. Ainsi, le londonien Junior Red met en avant le très dancehall « Ill », l’australien Ninelive The Cat transmet son flow rageur sur « Toxick » (accompagné de Dynamite MC) et « Check Dat », la vénézuelienne Yethz insuffle un très sexy « Kema », tandis que Blurum 13 (DJ Vadim et Reverse Engineering) balance son phrasé sur « Choose To Care ». En guise de transition, le très peu connu Tez déballe de sa bouche un beatbox de courte durée, mais non moins efficace (« Interlude Tez »).
Si la première moitié de Targets se veut principalement influencée par le reggae, le ragga et le hip-hop, la seconde, quant à elle, fait la part belle à l’electro. D’abord décéléré et fusionné à des riffs de guitares saturées (« Dark Moon », « Can’t Control Me » et « Kabrake »), le break-beat de Missill évolue progressivement vers une déstructuration digne de producteurs comme Boys Noize, Teenage Bad Girls et Vitalic. Le furieux « Glitch » dévoile ainsi des rythmiques aux brisures sensuelles, « Scream » et « Get Busted » crachent une énergie dancefloor incommensurable, alors que « Mueve Lo » latinise le tout avec pour soutien la voix de Yethz. En conclusion, un mix apothéose de 12 minutes entremêlant les différents morceaux de l’album finit d’enflammer l’écoute.
Partisane d’un son à la fois diversifié et urbain, Missill passe le test de la production haut la main avec Targets. Elle démontre également ses prouesses graphiques à travers l’artwork de l’album, dont les visuels évoquent un univers manga fluo et décalé. La mini bande-dessinée présente dans la pochette du disque (à lire en simultané avec l’écoute de « Comic Strip Soundtrack ») atteste d’ailleurs d’une grande créativité.
.: Tracklist :.
01. Forward feat. Dynamite MC
02. Ill feat. Junior Red
03. Toxick feat. Dynamite MC & Ninelives The Cat
04. Kema feat. Yethz
05. Check Dat feat. Ninelives The Cat
06. Choose To Care feat. Blurum 13
07. Interlude Tez
08. Dark Moon feat. DJ Netik
09. Cant Control Me
10. Kabrake feat. Edu-K
11. Comic Strip Soundtrack
12. Glitch
13. Scream
14. Get Busted
15. Mueve Lo feat. Yethz
16. Bonus Mix