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Skindred : « Je suis un pharaon égyptien venu du passé pour vous sauver »

Skindred, c’est un pied dans le heavy, l’autre dans le ragga. Fin 2015, les furieux du live ont sorti l’album Volume, couplé du documentaire Rude Boys For Life qui retrace le parcours du groupe. Benji (vocals) et Arya (batterie) nous parlent de l’état actuel du monde, du fucking amour de son prochain et du Newport Helicopter.

Vous avez gagné plusieurs prix pour vos prestations live et vous écumez les festivals : cet été le Download, Grasspop, Nova Rock, Greenfield… Benji, tu fais le MC à tous vos concerts. C’est une influence hip-hop ?
Benji : Je pense que c’est mon rôle dans Skindred, MC. Je suis pas juste un chanteur, je suis le MC, le ring master. C’est plus un truc qui me vient du reggae, mais oui, y a un lien avec le hip hop, la music black urbaine… mec. [rires]
Arya : Je crois qu’il y a pas mal de metal kids qui peuvent identifier ça comme un truc lié au hip-hop, à cause des interactions…
Benji : Voilà, les interactions, c’est ce que je cherche. Comme quand les DJs font entre deux chansons, tu sais, tu beugles un truc pour faire réagir le public, tu l’interpelles, juste pour garder bien haut le flux d’énergie.
Arya : Il y a des groupes qui à la fin d’une chanson vont regarder le sol, réaccorder leurs guitares…
Benji : …Avec nous ça ne s’arrête pas. Il y a un parcours à suivre pour le public, et il n’y aura pas de temps mort dans un de nos concerts, il doit toujours y avoir un truc qui se passe. Vous êtes pas là pour vous reposer ! Et que ce soit devant peu de personnes ou beaucoup, que ce soit en salle ou à l’extérieur. Tu joues une heure, ça doit être une heure de folie, une heure qui compte. Tu dois toujours jouer comme si 20 millions de personnes étaient en train de te regarder. Évidemment si on arrive sur scène et qu’il y a 20 personnes, on est humains, on se dit “et merde…”. Mais ce n’est pas leur faute à eux, eux ils sont là ! Il faut tout leur donner.

A propos de très large public, vous avez joué au Woodstock polonais en 2014… Sachant que ce festival est gigantesque, vous avez dû jouer devant…
Benji : 750 000 personnes. Je connais le nombre exact ma chérie. Et heureusement j’ai intégré ce nombre-là seulement après. Je ne m’en rendais pas compte pendant : j’avais un concert à faire, divertir le public, lui faire ressentir une unité, dans le même espace-temps.
Arya : Une fois que tu as dépassé 50 000, ce qui est déjà énorme, tu ne peux même pas appréhender ce qu’il y a devant toi, tu ne peux pas évaluer.
Benji : C’est seulement quand j’ai vu la vidéo ensuite que je me suis dit “putain de merde.”. J’ai vu une vidéo filmée au fond, ça allait jusqu’à, je sais pas, un mile. Toujours est-il qu’on donne toujours autant, gros ou petit. Des gens se sont déplacés, ils ont donné de l’argent pour nous voir. On ne boit pas avant le concert, parce que je pense que c’est injuste pour le public de voir un demi-concert parce que tu es bourré. Ces gens-là bossent toute la journée, et ils choisissent de nous donner une partie du fruit de leur travail pour être divertis : c’est notre devoir de leur faire vivre le meilleur moment qu’ils puissent, de leur faire sortir le quotidien de la tête.

Tu as l’impression que vous servez d’échappatoire au public ?
Benji : Carrément, oui ! Putain, aujourd’hui un type est entré dans un club gay en Floride et a tué 20 personnes [l’interview a été réalisée le jour de la tuerie d’Orlando, NdlT], ça me rend malade que des gens soient capables de faire un truc pareil ! Le monde est pourri. Alors quand des personnes veulent s’échapper et qu’ils nous demandent de les aider, on fait de notre mieux pour leur faire oublier tout ça. Avec le groupe, on essaie de créer une énergie générale, que tu sois noir, blanc, chinois, musulman, gay, hétéro, trans, j’en ai rien à foutre de ce que tu es, du moment que tu es cool, t’es le bienvenu. Je veux voir tout le monde en train de kiffer, sans négativité. La musique est un outil pour rassembler les gens, et je pense qu’on est un outil, un moyen de rassembler toutes ces différences. Regarde, si t’es un gros fan de metal, que tu viens à notre concert et que tu kiffes aussi le côté reggae de la vibe, tu vas rentrer chez toi et peut-être écouter un peu de reggae par curiosité. Et pareil dans l’autre sens. Faut s’ouvrir, et la musique aide à ça. On veut participer à ça.

Les medias et les sites ont tous tenté de vous catégoriser, que ce soit metal, ou reggae, fusion… C’est un peu le bordel ces dénominations, vous faites quoi au juste comme musique ?
Arya : On est pas un groupe de metal, ni un groupe de reggae, on est un groupe. Si tu essaies de catégoriser les groupes, tu te rendras compte que c’est difficile pour une partie. Par exemple, qu’est-ce que tu peux bien dire à propos de Queen ? Des fois c’est opera, country, jazz… C’est pas un groupe de rock. C’est un groupe.
Benji : Quand tu dis aux gens que tu fais du metal reggae, ils font une tête pas possible parce qu’ils n’imaginent pas ce à quoi ça peut ressembler. Faut venir à un concert pour comprendre.

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Il faut aussi venir à vos concerts pour voir le Newport Helicopter. À tous vos concerts, le public retire son t-shirt et le fait tourner au-dessus de sa tête, c’est assez impressionnant. Comment ça a commencé ?
Benji : C’est parce qu’on ne pouvait plus faire faire de wall of death. Il y a 6 ans avant un festival, ils ont dit à tous les groupes “s’il vous plait, ne demandez pas au public de faire un wall of death pendant votre concert, c’est dangereux”. C’était une décision du staff du festival, et on a cherché un moyen de faire un truc sympa qui engage la participation du public quand même. Il fallait être créatif ! Du coup à un moment du concert, j’ai demandé à tout le monde de retirer son t-shirt. Ils se sont tous regardés l’air de dire “qu’est-ce qu’il raconte ?”. Je leur ai demandé de le tenir en l’air, entre leurs bras tendus. Ils l’ont fait. Et je leur ai dit “à 4, je veux voir tous ces putain de t-shirts tourner comme des hélicoptères. A 4… Wait for it, bitches…”. J’ai compté jusqu’à 4, fait tourner mon t-shirt, et là j’ai regardé le public : c’était absolument, putain d’incroyable. On était obligés de le garder.

On a un chanteur en France qui fait un peu la même chose. C’est assez vieux et beauf, mais c’est le même concept avec des serviettes.
Benji : Moi je fais tourner les t-shirts, pas les serviettes. Mais je veux bien que tu me files son nom, j’irai regarder ça sur le net. [notre rédactrice donne un papier avec écrit “Patrick Sébastien” à Benji] Merci ma chérie.

À propos de Rude boys For Life, le film qui vous suit en tournée : d’où est venue la motivation de faire un documentaire ?
Arya : Depuis le début du groupe, on a toujours plus ou moins filmé ce qu’on faisait. En coulisses, quand on sortait avec nos potes… On prenait des photos, on enregistrait les concerts. On documentait tout ça sans même vraiment y réfléchir, y avait pas Instagram et ce genre de trucs ! Et là, ça nous semblait être le bon moment pour montrer tout ça, pour célébrer l’histoire du groupe. Quand les médias parlent de Skindred, c’est toujours les mêmes infos qui reviennent ; là c’est la véritable histoire, d’où on vient, ce qu’on a fait, notre parcours, vraiment.

C’est un docu anniversaire ? Quel âge a le groupe maintenant ?
Benji : Oh, au moins 200 ans. Mon vrai nom est Cocktus Erectus, j’ai 6000 ans. Je suis un pharaon égyptien qui s’emmerdait et voulait monter un groupe. Donc j’ai pris une machine à remonter le temps, je suis arrivé en 1800 et quelques et j’ai demandé à ces types de créer ce groupe avec moi pour sauver les gens de leur monde horrible. Mais tous les soirs après les concerts, je repars dans ma machine à voyager dans le temps pour continuer d’être un pharaon en Egypte. C’est un très bel endroit.
Arya : Bon évidemment il nous fait le truc de Men in Black à chaque fois, on ne se souvient de rien. Vous faites bien d’écrire ce qu’il raconte parce qu’il va vous le faire aussi, maintenant qu’il vous a dit ça.

Sur une note plus classique : qu’est-ce que la musique représente pour vous ?
Benji : La musique c’est l’amour, c’est la vie. Enfin, l’amour… Je suis sûr qu’il y a des chansons que je n’aime pas. Par exemple, quand je rentre chez moi j’écoute Billie Holiday, Frank Sinatra, Slipknot… [rires] Je sais, c’est le bordel. Mais il n’y a que deux types de musique : la bonne et la mauvaise. C’est aux gens de décider ce que c’est pour eux, de la bonne ou de la mauvaise musique. Si on me demande mon plaisir coupable, je sais même pas quoi répondre : j’en ai pas. Si j’écoute un groupe qui chante des chansons sur des putain d’aliens qui dansent avec Hello Kitty, c’est que j’aime ça. C’est pas un plaisir coupable. Si personne d’autre n’aime, je les emmerde ! C’est ma vie, je veux kiffer comme je l’entends.

Beatles ou Rolling Stones ?
Benji : Réponds à ça. [rires]
Arya : Je ne veux pas choisir, mais j’ai toujours plus écouté les Stones. Le côté rock n’roll.
Benji : Je crois que si j’étais un DJ, je passerais plus les Stones, parce que c’est plus… Dansant, live, rock. Imagine, passer Miss you dans un club, woaw ! Si j’étais un DJ, je passerais tout le temps les Stones et pas les Beatles. Mais j’aime bien les Beatles quand même.

Vous assistez à quels concerts pendant le Download ?
Benji : Hier je faisais une interview et un groupe était en train de jouer, je me suis dit putain, qui est-ce qui joue ça ? C’est une tuerie ! C’était Rival Sons, je les ai ratés du coup, je suis dégoûté.
Arya : C’est vrai qu’on les a redécouverts juste hier et ils sont géniaux. Moi je veux voir Megadeth, c’est passage obligé.
Benji : Et Rammstein !

Tu aimes Rammstein ?
Benji : Non. Mais c’est Rammstein, alors ça va être un putain de spectacle [rires].

 

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Volume est sorti le 30 octobre 2015 chez Napalm Records
Rude Boys For Life apparaît en bonus sur l’édition limitée de Volume

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