Cette fin de mois d'avril 2010 aura été particulièrement décalée. L'atmosphère est chaude comme seul l'été sait le faire. Les concerts se jouent à 19h. Le Brian Jonestown Massacre, ou l'un des groupes les plus mythiques de la scène rock de ces dernières années, se présente une salle de 800 places. Les événements qui suivent se déroulent à Nantes, dans l'Olympic, entre 19h et 21h45.
L'Olympic trépigne déjà depuis la première partie, assurée par The Rockandys. La salle est bien remplie, sans pourtant accorder un accueil très chaud au groupe. L'événement est à venir, et le moins qui puisse être dit est qu'ouvrir pour la bande à Anton Newcombe n'est pas un cadeau. Toutefois, The Rockandys s'en sort avec les honneurs. Sans être mémorable, leurs morceaux auront permis de patienter sans problème.
Au tour de Brian Jonestown Massacre maintenant : les choses sérieuses commencent ! D'autant que, sans fioritures, « Supersonic » est lancé d'entrée de jeu. Les neuf membres du groupe imposent leur présence en étant très appliqués. C'est bien simple, on dirait une machine de guerre calibrée, prête à faire déferler les tubes les uns à la suite des autres. Pourtant, la suite du concert se révèle plus décevante. Les morceaux s'enfilent bien les uns à la suite des autres.. mais sans véritable plus. Cela n'arrive pas à décoller vraiment plus haut. Anton Newcombe reste un peu en retrait, sur la gauche du public, ne décrochant pas un seul mot. On est subjugué par la musique, par la présence scénique de certains membres (notamment l'homme au tambourin, seul au centre de la scène, majestueux) mais il n'en ressort pas (encore) de l'extase franche. Cela reste pour l'instant trop propre.
Aux deux-tiers du set, l'ambiance change radicalement. En quelques secondes, le ton augmente grâce à « Wisdom ». La fin du set est beaucoup plus enlevé, avec un épisode de tubes. Le public réagit très positivement, du fan le plus jusqu'au-boutiste qui connait tous les morceaux sur le bout du doigts au néophyte curieux qui est venu grâce aux on-dits. Chacun commence à s'agiter un peu plus, un peu comme si la contemplation était enfin finie.En quelques instants, le BJM vient de passer du bon au très bon concert.
L'impression laissée ce soir là à l'Olympic est assez curieuse. Brian Jonestown Massacre a montré qu'il était capable de grandes choses, mais a tardé à le faire. Surtout, cette période de grâce aura été courte. Puisque les américains s'autorisent un départ sans rappel, à la stupeur générale. Finalement, peut-être la meilleure chose qu'ils pouvaient faire. Car si cela n'aura pas été le concert de l'année, en sortant, ce qui reste est un goût de manque. Et pour y remédier, il faudra donc les revoir ; en priant pour retrouver ce court instant d'enchantement entre « Cabin Fever » et « That Girl Suicides ».