Révélés à l’occasion d’un concours organisé par le feu-magazine Rock Sound, MyPollux s’était vu subitement propulsé du statut d’espoir régional à celui de valeur montante de la scène rock Française. Immédiatement signé par la major Warner suite à l’ouverture au Zénith de Paris pour Pleymo, les nancéens auront bénéficiés d’une vague néo-metal dont ils se détachent pourtant en partie, avant d’être évincés du catalogue d’une structure qui se sépare depuis quelques années de ses références les moins commercialement porteuses. Le quatuor effectue donc un retour à la case indépendant, et sort avec Dédales un troisième opus auto-produit.
Malgré ces quelques changements, MyPollux continue cependant d’avancer et propose avec Dédales treize titres pleinement inscrits dans la continuité musicale de leurs deux précédents efforts. A la différence près que le quartet habille sa musique avec un zeste de maturité supplémentaire, explorant des thématiques plus adultes et pleinement détachées des aspirations enfantines jusque ici chères à Lussi. La chanteuse a en effet construit son propos autour d’un concept dérivé du nom de l’album et de son artwork, celui de la perdition et de la recherche de soi-même. En adaptant la mythologie du minotaure à sa propre expérience, Lussi signe une nouvelle fois une série de textes à la fois poétiques et énigmatiques, mais toujours aussi personnels. « Perdue dans les dédales de nos âmes… », cette dernière accole à son écriture teintée de mélancolie un timbre mélodique et parfaitement juste, évoluant avec une grande délicatesse et témoignant de nombreuses variations (l’excellent « Incandescents », « Réveille »). La chanteuse se permet même quelques montées vers des strates plus aigues que par le passé (les superbes lignes d’un « Aux Âmes » chargé en contrastes), sans que celles-ci ne s’égarent vers des horizons horripilants. Les refrains restent à ce niveau particulièrement soignés et immédiatement mémorisables, une constante pour MyPollux, qui développe toujours un côté très pop mais cependant toujours rehaussé d’une bonne dose d’énergie.
Car instrumentalement, MyPollux ne dévie pas véritablement de sa formule d’origine, proposant une power pop aux encornures métalliques efficaces. Entre saturation toute en finesse et étendues mélodiques et éthérées, les musiciens équilibrent leur formule à merveille. Sans jamais sombrer dans les travers les plus ronflants de la pop, le quatuor applique un schéma traditionnel de couplet / refrain / couplet sans pour autant faire preuve d’un quelconque sentiment de répétitivité ou de lassitude. Mis en exergue par une production nette et puissante, le travail instrumental, sans faire preuve d’une originalité exacerbée, se montre entrainant de bout en bout et propose bon nombre de cassures d’ambiances et de rythmes. Une propension à jouer des univers instrumentaux qui apporte à Dédales une certaine variété (« L’innocence », qui débute en acoustique avant de muter sur les terrains de jeux habituels du quatuor, « Mrs Jekyll » et sa patte plus metal ou encore « Ce n’est pas », sur lequel vient s’immiscer le piano).
Accessible mais cependant riche en dénivelés instrumentaux et vocaux, Dédales se profile comme un excellent disque de power-pop-metal. La marque de fabrioque de MyPollux, qui malgré son affiliation passée à une grosse structure de production a toujours su conserver une forte dimension personnelle au sein de sa musique.
.: Tracklist :.
01. Réveille
02. Alégories
03. Plus à même
04. Sourde oreille
05. Ce n'est pas
06. Aux âmes
07. Plus à même
08. Dédales
09. Interlude
10. L'innocence
11. Biopsies
12. Sourde oreille
13. Incandescents