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Interview : Superets (Novembre 2014)

Rendez-vous a été pris avec les Superets un vendredi soir, à la terrasse d’un bar Rennais, pour disserter sur leur nouveau single, leur musique, les instruments, mais aussi et surtout de choses importantes comme le dubstep, Internet, les cassettes VHS, ou encore de Thierry Ardisson. Rencontre avec ces quatre garçons plein d’avenir.

 

Retrouvez les Superets en dj-set aux Transmusicales, vendredi 5 décembre, sous le hall 8.

 

Bonjour, est-ce que vous pouvez-vous présenter en une seule phrase ?

Hugo : « Nous sommes de ceux qui éjaculent leur petit sens de la formule ».

Est-ce que vous pouvez nous présenter votre EP, Le Sang, l’argent, qui vient tout juste de sortir ?

Hugo : Il faut plutôt parler de single, il n’y a que deux titres. Qu’est-ce qu’on peut en dire… « Achetez-le, il est bien » ? (rires)
Léo : On avait sorti un premier 4 titres, là on a choisi de ne sortir que deux chansons. Une très pop, très single, et l’autre un peu plus folle, déconstruite, qui suit moins les schémas classiques du couplet-refrain, de la petite mélodie entêtante. Il y a vraiment deux pôles dans ce single, un vrai face A / face B. On ose penser que sur ces deux chansons nous avons un renouveau du groupe, dans le sens où notre premier EP était très référencé, et sur cet EP, on a fait quelque chose d’un peu moins marqué par les années, dans le son comme dans l’esthétique. Quelque chose d’un peu plus personnel, on s’est un peu libéré de certains fantômes vintage en utilisant des sons plus intemporels.
Hugo : C’est vrai que notre EP présente les deux extrêmes de l’éventail Superets, de la chanson pop au morceau plus cinématographique, si on peut dire.
Léo : Le titre « Le Sang, l’argent » est le premier single où ce n’est pas une chanson complètement ironique, au contraire des titres un peu plus « léger », qui ont pu nous faire connaître. Dans ce nouveau titre, le fond de la chanson est sérieux, même si ça commence par « on prendrait bien des vacances, du sexe en abondance. » (rires)

Est-ce que c’est un premier pas vers un album ?

Léo : On aurait pu faire comme beaucoup de groupes, avoir un EP et attaquer un album juste après, mais ce n’a pas été notre vision, ni celle de notre label. On préfère prendre notre temps, car on trouve que les albums de groupes où cela va très vite, c’est un single, deux chansons cool, puis du remplissage. On veut que les gens prennent du plaisir à écouter tous nos morceaux.
Romain : L’exemple bien réussi, c’est ce qu’a pu faire La Femme, de prendre le temps de faire quelque chose d’ultra cohérent, où tous les morceaux ont été travaillés pendant des années, et tous les morceaux sont forts.
Léo : C’est ce qu’on veut, que tous les morceaux soient forts. Ce qu’on aurait pas eu si on avait commencé à bosser il y a un an. Ce qu’on espère trouver à la rentrée, en janvier, quand on va mettre en chantier des choses. Mais ça prendra du temps.
Romain : On veut éviter l’effet feu de paille
Léo : Voilà. Après c’est peut-être aussi l’effet de la musique aujourd’hui, qui se consomme très vite.  Un groupe sort tout d’un coup de la masse, et on leur demande d’écrire très vite un album, 10 ou 13 titres, très vite, et ça s’entend.

Et donc vous avez la chance d’avoir votre label derrière vous qui va dans ce sens…

Hugo : Et au final, c’est même eux qui nous canalisent !
Romain : C’est ça qui nous permet de prendre le temps de réfléchir, aussi.
Léo : Ils ont su nous mettre devant la réalité des choses quand on a voulu aller trop vite.
Hugo : Le label construit pierre par pierre. Cela nous permet de mettre en place les conditions idéales de réception de notre album. Car un album magnifique, sans public, il ne sera pas écouté.

Le visuel de ce single, il vient d’où ?

Léo : Entreprise nous ont présenté un graphiste, JLS, qui s’occupe de tous les visuels de Tahiti 80, par exemple, O Safari, Manceau, et d’autres. On avait adoré son boulot sur notre premier EP, 160 caractères pour te dire adieu, ce visu flashy, un peu pop art. Il avait fait l’unanimité dans le groupe, il avait capté l’EP. On est donc reparti avec lui. Comme pour le premier, on lui a dit « écoute et fait », carte blanche, et il nous a sorti cette image de vampire qui marche très bien. Au début il voulait le faire avec des bonbons, mais ce n’était pas concluant. Le vampire représente bien les textes de la chanson.
Romain : Sachant que dès le départ, nous ne voulions pas faire de pochettes où tu voyais juste nos têtes.
Léo : Le label voulait ça à un moment, il disait qu’on avait des « gueules », que nos looks marquaient, mais ça ne nous branche pas. On préfère que quelqu’un écoute notre musique et l’illustre.
François : Ne serait-ce que la couleur, c’est super. Tu vois ça dans un bac de vinyles, ça saute aux yeux. On s’est aussi fait la réflexion quand on a eu des articles dans des magazines : il y a beaucoup de photos, et nous, en rose ou bleu, on ressort.

Et donc, le boulot sur le clip, c’était ça aussi, carte blanche ?

Léo : Carte blanche à nous. Le label nous avait proposé de faire un clip de tournée, qu’on se filme pendant l’été, et de prendre des images d’archives qu’on mélangerait, genre des captations de live ou des vidéos d’iPhone. Et un jour, on est tombés sur la caméra VHS de mon colocataire, qui nous l’a prêtée. On l’a amenée sur toutes les dates, et on a mixé avec deux trois plans scénarisés, quand on joue sur la plage par exemple. Tout est en VHS, tourné comme ça. Et comme au fond la chanson sonne un peu vacances, ça rappelle les vieux films de vacances. Il y a un truc authentique, rien n’est « fin », que des trucs vraiment vécus. À la fin, quand on nous voit avec la gueule de bois, c’est une vraie gueule de bois. Pareil, on a pas loué une montgolfière juste pour faire la clip, on a eu envie, on l’a fait.

 

 

Ce côté très spontané, ça fait partie de votre processus musical ou tout est réfléchi ?

Romain : Sur la musique, on prend vraiment du temps.
Léo : On est assez immédiats dans l’approche, mais quand il s’agit de travailler, nous sommes moins immédiats. On répète beaucoup, on bosse le live à fond, on travaille vraiment notre musique. On écrit pas des chansons en un quart d’heure.
François : Sauf pour « Le Sang, l’argent ».
Léo : C’est vrai, elle s’est écrite en vingt minutes. D’ailleurs elle ne devait pas finir comme ça, je devais partir sur autre chose, mais j’ai eu la flemme. (rires)
Romain : Beaucoup de morceaux ont eu plusieurs versions, il y a vraiment un travail dessus.
Hugo : « Grand Canyon », par exemple, on l’avait construite avec des synthés, et une fois en studio, on découvre de très beaux pianos, alors on s’en est servi.
François : Tu n’as jamais rien qui est figé. Quand on arrive en studio, on a des fois quelque chose qui nous passe par la tête, et on change.
Léo : Les Sex Pistols ou les Ramones, ça se sont des groupes spontanés. Les mecs arrivent en studio et jouent, ça fait partie du truc punk. Mais au fond, quand tu essaies de créer une esthétique précise, tu n’es jamais à 100% spontané.

Le choix de chanter en français, c’est venu comment ?

Léo : Ça c’est spontané. On a commencé le groupe juste après l’époque Pendentif, La Femme et consorts, on a émergé juste après. Mais ce ne sont pas eux non plus qui nous ont influencé sur le français. Je le dis souvent, mais quand j’étais au lycée, je faisais du garage, et déjà en français. À l’époque, il n’y avait pas de groupes qui jouaient en français, on nous conseillait d’ailleurs, jusqu’à il y a quatre cinq ans, de ne pas le faire. Aujourd’hui, on est sur une grosse vague où tout le monde chante en français.
Hugo : Des groupes qui chantaient en anglais se mettent à chanter en français, car ils voient que ça fonctionne. Ils chantaient en anglais, ont des noms anglais, et se mettent au français. Et tu sens qu’ils écrivent en français parce que ça marche, c’est pas sincère, ils écrivent de la même manière. Moodoïd, par exemple, écrit en français, il pense en français et il veut écrire en français, et ça s’entend.

Pour en venir à la musique, les sonorités un peu rétro vous sont-elles venues spontanément, ou c’était voulu ?

François : Je ne sais pas si on est « rétro », c’est peut-être juste une esthétique. On fait du nouveau avec plein de bouts de vieux. (rires) On se sert de certains codes, on se nourrit de ce qu’on a écouté et de ce qu’on écoute aujourd’hui, on mélange tout. Je ne sais pas si on dégage l’image d’un groupe rétro, ce qu’on crée n’a pas la vocation à l’être en tout cas.
Romain : Forcément, il y a des codes qui sont présents, mais dans la création et la réflexion, ce n’est pas une volonté d’être rétro.
Léo : C’est assez abstrait, comme concept, au fond. On est tous le rétro de quelqu’un. Les vrais groupes de revival 60’s ne nous trouveront jamais rétro, on est trop modernes pour eux. Le premier EP était un peu marqué rétro, il y avait des synthétiseurs très typés, mais aujourd’hui, il n’y a plus ce côté rétro ou vintage, même si ça fait partie de nos influences : on reste de grands fans de Dutronc, qui reste une de nos influences premières.
François : Si tu t’inspires d’une période précise, tu vas sonner rétro. Nous, nous nous laissons influencer par tout ce qu’on écoute, donc toutes les périodes.
Romain : D’ailleurs, plein de groupes citent Daho en influence. Mais tu te rends compte si tu écoutes toute la discographie que tous les albums sont différents, tout en gardant sa patte perso. C’est ça qui est intéressant.
Léo : L’important est au fond de savoir si on arrive à avoir notre marque. Et si tous les groupes d’aujourd’hui font du rétro, est-ce que ça ne devient pas le futur ?
Romain : On en revient à la théorie des nouveaux instruments… (rires)
Léo : Est-ce que je la ressors celle là ?

Aller, vas-y !

Léo : Je radote un peu avec ça (rires). La théorie veut que la musique vit des changements radicaux avec des instruments qui changent radicalement. Dans les 50’s, la guitare électrique a fait naitre le rock. Puis les synthétiseurs la musique électronique. Les samplers ont crée le hip-hop. Aujourd’hui, tant qu’on aura pas un instrument complètement nouveau, jamais entendu, il n’y aura pas un nouveau style, complètement radical. Même aujourd’hui, l’ordinateur est un gros synthétiseur. Si tu prends le dubstep, par exemple, ça a explosé il y a quelques années, mais ce n’était pas une révolution, c’était blindé d’influences. Ça part de la musique électronique et ça incorpore plein d’éléments venus du reggea, par exemple.
François : Au fond, on transforme, sans vraiment innover. Il y a beaucoup de mélanges de choses qui existent.
Romain : Après, on vient un peu de la « génération internet », en quelques sortes. On écoute plein de choses et on s’en nourrit.
Léo : C’est pour ça que tant de groupes mélangent tant de choses. Ça m’avait marqué, le jour où le père d’Hugo m’avait dit qu’à son époque, il y avait les Mods et les Rockeurs et qu’ils se tapaient dessus. Ça existe plus maintenant, cette séparation.

 

 

Bon, et, les Transmusicales, ça va être quoi ?

Hugo : Ça va être énorme, on va révolutionner le dj-set ! (rires)
Léo : En fait, on sait pas trop. Ça sera jamais aussi bien que quand on a joué l’an dernier, mais là ça va être un peu un prétexte pour faire partie de la famille une année de plus. On a vu plein de groupes mixer, et ils avaient l’air de se poiler, alors on s’est dit pourquoi pas !
Hugo : On mixe déjà à côté, et c’est un peu décalé, on passe du Beyoncé et des Spice Girls à côté de trucs plus pointus. Un tube est un tube.
Léo : On y est allés un peu au bluff, on a envoyé un mail « ils vous manquent pas un dj, on est chauds ! », et ils nous ont dit ok, le vendredi Hall 8. En plus, la soirée est énorme, donc on est super contents.

Dernière question : vous vous voyez où dans dix ans ?

Léo : Avec Patrick Bruel, car il nous a donné rendez-vous tant de fois sur Nostalgie. (rires) Ou sinon, encore là, en papis du rock, à 35 ans, on fera de la musique un peu plus calme. Aussi, on sera invités par Ardisson, si on a de la chance, dans une nouvelle saison de Lunettes noires pour nuits blanches, où il retracera nos années de jeunesse. Soit pas de bol, on fera son émission sur les mecs has-been, T’étais où ?, c’est comme ça que ça s’appelle je crois, où il nous expliquera comment on est devenus ringards. Soit l’un, soit l’autre, mais dans dix ans, on sera chez Ardisson. (rires)

 

Merci aux Superets pour leur temps et leur bonne humeur !

Retrouvez les Superets aux Transmusicales, vendredi 5, Hall 8.

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