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Interview HYPNO5E à l’occasion de la sortie du 5e album du groupe « A Distant (Dark) Source ».

Le 3 octobre au Black Dog (Paris), Emmanuel JESSUA (guitariste/chanteur) et Jonathan MAUROIS (guitariste) du groupe de metal expérimental Hypno5e ont répondu à quelques questions à l’occasion de la sortie de leur 5e album A Distant (Dark) Source (Pelagic Records).

Tracklist:
“On The Dry Lake” (12:27)
“In The Blue Glow Of Dawn”, pt. 1, 2 and 3 (16:02)
“A Distant Dark Source”, pt. 1, 2 and 3 (18:09)
“On Our Bed Of Soil”, pt. 1, 2 and 3 (15:51)
“Tauca Part II – Nowhere” (07:37)

Une petite présentation du groupe pour les lecteurs de Vacarm qui ne vous connaissent pas encore ?
Manu : Hypnose existe depuis 2004. On sort notre 5e album A Distant (Dark) Source. On fait une sorte de metal un peu particulier, ambiant, progressif, experimental.

Cinématographique aussi semble-t-il.
Manu : On travaille avec beaucoup de samples. L’album est scénarisé, avec des samples qui dialoguent, comme si on entendait un film les yeux fermés. On y a donc collé ce terme de metal cinématographique mais c’est un peu dur de définir notre musique.

Pouvez-vous préciser de quel(s) film(s) sont tirés les dialogues que l’on entend sur l’album ?
Manu : Dans cet album là, il n’y a pas de dialogues de film mais un enregistrement de Camus à Radio France, un enregistrement d’une pièce de Cocteau et des lectures de textes d’auteurs par des comédiens.

Tu choisis comment ces extraits ?
Manu : Quand on commence à composer, on voit un peu la direction qu’on prend sur l’album, on se souvient de lectures qu’on a eues, on croise des textes qui nous intéressent par leur contenu ou par le rythme qu’ils peuvent avoir, la tonalité de la voix. On voit ce qui pourrait coller avec les choses qu’on a déployées sur l’album, on les met de côté, on a une espèce de bibliothèque dans laquelle on va aller chercher des choses quand on commence à structurer le morceau et une fois que les morceaux sont finis on rajoute d’autres choses pour donner du sens, pour faire dialoguer les samples entre eux et avec les textes que j’interprète. C’est un instrument à part entière pour moi. La voix et la musicalité particulière se jouent comme un instrument et c’est aussi une manière de construire une narration qui nous amène d’un point A au point B à la fin et nous permet de donner des pistes. C’est comme si on avait des comédiens qui dialoguaient entre eux, ça crée la dramaturgie qu’on peut avoir dans l’album.

J’ai envie d’ajouter le mot «intellectuel » à votre style de metal. Je trouve qu’il faut en quelque sorte un décodeur. Rien qu’en regardant la track-list on se pose des questions.
Jonathan : il y a 5 morceaux divisés en parties.
Manu : les morceaux sont composés en entier et divisés après. Par exemple sur le vinyle ils sont entiers et durent 18 minutes.
Jonathan : la division c’est juste pour le côté pratique, pour pouvoir les écouter facilement, changer les plages mais sinon on a un ensemble de 5 morceaux.

Juste 5 titres, c’est un Ep en fait ! (rires)
Manu : s’il y a part II à la fin c’est parce que l’album va être un diptyque, il y aura la partie I ensuite. Quand j’ai commencé à composer cet album et à écrire les textes, parce qu’à la base je l’ai composé seul, l’histoire que j’ai commencée à raconter m’a donné envie de raconter ce qui se passait avant cette nuit.

C’est plus joyeux avant ? Parce que le dernier titre de l’album est terrible. On a l’impression que le mec est au bout de sa vie. De quoi parle ce morceau ?
Manu : c’est un morceau très sombre c’est vrai. Il fallait que ce titre conclut l’album, il ne pouvait pas être ailleurs, c’est le point final de choses qui sont déployées pendant l’album, il y a des moments plus lumineux, où on respire un peu plus et ça s’achève d’un coup brut avec ce morceau là. C’est la fin de ce parcours, de cette nuit.

Il se passe quoi pendant cette nuit ?
Manu : J’ai imaginé un lac desséché. La nuit, dans cet endroit desséché, il y a un changement de végétation, l’eau de ce lac revient et avec elle, les spectres de ceux qui ont habité ces rives. Le narrateur, cette nuit là, va essayer de retrouver un être aimé qu’il cherche dans les spectres. Il y parvient mais il est inaccessible. D’une manière instinctive, j’ai eu besoin de ce climax, de ce chaos à la fin, que l’album se termine sur quelque chose de très épuré avec la voix désespérée seule, le piano derrière et forcément il y a la charge de tout ce qui se passe avant dans l’album et des fantômes personnels qui reviennent. Quand j’ai enregistré ce morceau là, j’ai pensé à des choses qui ont fait que j’ai chanté comme ça.

C’est le titre pour lequel tu as dû faire le plus de prises ? Qui t’a donné le plus de mal ?
Manu : Non ça a été assez rapide. Je ne gueule pas beaucoup en studio par rapport au live, l’énergie n’est pas là, je n’ai pas de technique de cri, quand je gueule, je gueule vraiment donc là j’ai vraiment gueulé, je pense que les voisins ont dû entendre à des kilomètres (rires). Il y avait une intensité parce que j’ai été obligé d’aller chercher ça très loin, ce n’est pas une technique, c’est réel, un vrai cri. Et puis c’était la fin de l’enregistrement, il y a donc une sorte de délivrance.

Il faut combien de temps pour composer et enregistrer un album comme celui là ?
Manu : ce n’est pas si long que ça
Jonathan : il a fallu trois sessions de deux semaines
Manu : la composition se fait en direct, j’arrive avec des petits riffs que j’ai composés avant, je n’ai rien structuré avant, je compose pendant l’enregistrement donc tout est très instinctif. En général la première prise est la bonne, c’est ça qui fait aussi que ce n’est pas un mensonge. On ne peut pas mentir parce que ce n’est pas préparé, on n’anticipe pas les choses.

Vous allez jusqu’au bout dans l’enregistrement de l’album ou quelqu’un s’occupe du mixage ?
Jonathan : on fait l’enregistrement et ensuite quelqu’un s’occupe du mixage et du mastering

Vous lui laissez un peu de liberté ?
Manu : on le laisse faire son premier jet et après on voit avec lui pour travailler les détails
Jonathan : on a passé une semaine ensemble pour le mixage final et c’était bien parce que c’est le problème qu’on avait eu avant, on a perdu énormément de temps parce qu’on n’avait pas la main sur le mixage et le rendu ne nous plaisait pas forcément.
Manu : depuis deux albums on travaille avec Chris Edrich qui est un putain de sondier, vu qu’on se connaît bien et qu’il connaît notre musique on sait que d’emblée ça marche. Ce serait plus difficile avec quelqu’un qui ne nous connaît pas ou avec qui on n’a pas d’affect.

Comment on adapte un album avec des titres aussi longs pour la scène ?
Manu : On travaille au clic donc il y a quelques éléments sur ordinateur, on peut rajouter des instruments à vent ou à cordes qui vont être samplés et tout le spectacle est millimétré, on n’a pas le choix.

Si vous faites une première partie et que vous avez un set de 30 minutes en fait vous jouez un titre et demi ! (rires)
Jonathan : voilà c’est ça qui est compliqué, trouver la track-list

Vous avez sorti un clip de 18 minutes, ce n’est pas un pari un peu audacieux à l’ère du zapping ?
Manu : en plus le morceau commence avec une intro de 3 minutes !
Jonathan : c’est pas marketing du tout, c’est sûr
Manu : ça peut l’être par le côté contre-courant

Et c’est toi qui réalise les clips ?
Manu : oui. Pour ce clip, on a tourné dans une carrière dans le sud de la France avec les musiciens et une actrice. J’ajoute des images aussi, tournées pendant des voyages, en Mongolie, en Arménie, je monte tout ça et on essaie de créer du sens.

Quand j’écoute l’album, j’ai du mal à imaginer ce que ça peut donner sur scène, il y a un travail particulier ?
Jonathan : comme tout concert, on cherche à appuyer les sentiments partagés de la musique par la scénographie, il y a de la projection, Manu compose la vidéo pour le live, et il y a un travail de lumière synchronisée aussi sur la musique.

Quels sont vos projets ? La suite ?
Manu : la tournée dans toute la France et en Europe. On passe à Paris le 7 février au Petit Bain. Et on continue à composer pour le prochain album, la partie I.

Le mot de la fin ?
Manu : merci pour cette interview. J’espère que les gens qui la liront viendront nous voir en concert. Il faut venir nous voir en concert parce que c’est encore mieux que sur l’album.

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