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CHRONIQUE | Hypno5e : « Sheol »

Sixième album studio pour le quatuor de metal progressif Hypno5e, voici la chronique de Sheol. Un album clairement pivot dans l’existence du groupe pour trois raisons. Premièrement, puisqu’il est le premier à se présenter comme un diptyque au précédent, A Distant (Dark) Source. Ces deux albums avaient été prévus comme ça dès le départ et on y voyait déjà un indice : le titre Tauca Part II n’avait pas encore de Part I sur ADDS et c’est maintenant chose faite sur Sheol.

Album pivot surtout parce que Hypno5e a vécu des changements majeurs dans son lineup entre ces deux productions avec l’arrivée d’un nouveau batteur, Pierre Retien en remplacement de Théo Begue qui était en place depuis 2012, et d’un nouveau bassiste, Charles Villanueva, qui succède à Cédric Pages qui a officié dans la formation depuis ses presque débuts en arrivant en 2005. Il a fallu, avec ces changements récents qui impliquent la moitié du line-up, pouvoir à la fois conserver une certaine cohérence à la fois avec le précédent album et avec l’identité du groupe, tout en réussissant à aller encore plus haut. 

Enfin, un album pivot puisque Hypno5e, avec Sheol, ne sera ici jamais allé aussi loin dans la recherche et la proposition de couleurs lumineuses et fragiles dans ses compositions. Si l’expérimentation d’un diptyque n’effraie personne à la rédaction, connaissant très bien les énormes capacités artistiques et intellectuelles du groupe, Hypno5e s’était tout de même construit une identité publique sombre et martiale qu’il tente aujourd’hui, avec une réussite extraordinaire, à déjouer ici et là sur ce nouvel album. 

Bien que les deux premiers titres ne soient pas encore les plus représentatifs de ces propos, ils permettent justement une transition en douceur vers ce côté plus cosmique de Sheol. L’album nous propose une trame narrative en coexistence avec celle de ADDS : près du lac paléolithique Tauca situé en Bolivie. Dès les premières notes, aussi délicates que sensibles, du violoncelle de Bone Dust, on comprend tout de suite l’intention artistique du groupe et cette déroutante capacité à parfaitement maîtriser son sujet quand il cherche à se réinventer. On aurait même carrément imaginé Agnes Obel poser sa voix sur les premiers instants de ce titre ou même croire que c’était l’une de ses compositions, tant l’effet est saisissant.

D’autres titres tout aussi fantastiques accompagnent cette posture contemplative et organique qui anime Sheol, notamment le déjà culte Lava From the Sky ou encore The Dreamer and His Dream dont la structure et la montée en puissance prennent des airs de faux-calme à tout simplement faire pâlir les compositions actuelles et passées les plus riches du monde progressif britannique et nordique.  

Étonnement, presque chaque morceau commence par une introduction douce et atmosphérique, permettant contrairement à ce que le groupe avait l’habitude de souvent proposer par le passé, des pauses largement étirées pour une écoute facilitée d’un bout à l’autre et proposant un contraste assez net avec son prédécesseur et compagnon de route A Distant Dark Source.

Non pas que Sheol soit trop taillé dans le lard, moins riche et moins force de proposition que ses aînés, au contraire d’ailleurs, mais il respire beaucoup plus et accentue ce large sentiment d’apaisement qui se fait sentir tout au long de l’album. Il en devient plus facile de se délecter de toute la complexité, de la sentimentalité et la technique chirurgicale des quatre musiciens et surtout de découvrir les incroyables talents des deux nouveaux membres du lineup qui allient très clairement finesse, intelligence et maîtrise, sans donner à aucun moment dans le démonstratif sans âme.  

L’autre marque de fabrique du groupe, la dimension cinématographique, participe encore une fois pleinement à l’aventure contemplative et à la narration. On y retrouvera des extraits audios issus de films iconiques de Marcel Carné, Jean Cocteau, Anne Sexton ou encore César Vallejo et pour ne pas trop spoiler, on vous laisse le soin d’aller les découvrir et d’apprécier leur intelligente intégration au sein des compositions. 

Bref, une fois de plus, Hypno5e démontre par A plus B que le groupe devient iconique, à la fois pour la scène progressive internationale et pour la scène française, sans le savoir ou sans en jouer, en conservant une identité unique et une humilité incroyable face à un niveau technique et artistique démentiel.  

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