L’année 2012 s’annonce passionnante pour les caennais d’Headcharger: un nouvel album qui cartonne déjà, salué par le public et les critiques, une tournée qui risque de faire date et la sensation qu’ils ont passé un palier que seuls peu de groupes français ont atteint avant eux. L’occasion de faire le point avec l’un des deux guitaristes, Anthony, l’un des orfèvres et ingé-son de cet album que l’on risque d’entendre souvent résonner sur scène cette année!
Avec cette tournée, vous commencez à jouer les titres du nouvel album, Slow Motion Disease, sorti le 30 janvier dernier. Quel est l’accueil du public?
Pour l’instant on est encore assez timides sur les nouveaux morceaux, on n’a pas fait le choix de ne jouer que des nouveaux titres, on les intègre au fur et à mesure dans notre setlist. Ce qui est marrant c’est qu’il y à beaucoup de gens qui ne connaissent que notre «single», «All Night Long» car il a pas mal tourné sur le net, qui chantent les paroles mais qui ne connaissent pas le reste. Mais l’accueil est bon, de manière générale.
Vous avez enchainé assez vite sur un nouvel album après la réussite du précédent. Pourquoi ce timing?
Quand on a sorti The End Starts Here, les dates se sont accélérées et on s’est dit qu’il se passait un truc sur nous, que les gens parlaient de nous, donc quand la tournée s’est terminée, on a voulu rentrer en studio direct pour ne pas que les gens nous oublient. Pour battre le fer tant qu’il est chaud! Du coup, quand on a su que l’on faisait le Hellfest, c’est devenu notre deadline, et on s’est dit qu’après on allait rentrer en studio. Et là notre maison de disque a fait un sacré bon boulot, car on est entré direct dans le top albums, ce qui n’était jamais arrivé pour Headcharger, et on a du coup explosé nos chiffres de vente de l’album d’avant, donc le timing était bon. C’est pas qu’on en a quelque chose à foutre de nos ventes de disque, mais ça fait plaisir quand même!
Le titre de l’album a surpris: Slow Motion Disease ne caractérise pas vraiment votre musique, plutôt énergique… Pourquoi ce titre?
Au départ, c’est le titre du dernier morceau de l’album, qui est un morceau plutôt lent. Mais on trouvait que ça collait bien pour un titre d’album car tu peux le traduire en français par des sens différents, et ça donne la sensation d’un truc qui progresse au ralenti et c’est ça l’évolution d’Headcharger: on n’a pas réussi avec le premier album, on a fait quatre albums, on commence à avoir du public maintenant alors que la moyenne d’âge du groupe est de 33 ans! Slow Motion Disease représente bien notre carrière, on progresse petit à petit. C’est aussi un petit clin d’oeil au cinéma car on fait beaucoup d’emprunts au cinéma dans les paroles et les thèmes.
On retrouve toujours cette approche très groovy du Rock/Métal dans ce dernier album. Vient-elle plutôt du couple basse-batterie ou des riffs de guitare originels?
Je suis persuadé que le groove d’un morceau ne vient pas de la basse-batterie. Quand un morceau groove, c’est la basse-batterie qui ressort, mais c’est l’intéraction guitare-batterie qui crée ce groove. On a plutôt tendance à réfléchir les morceaux guitare-batterie. Et notre batteur actuel est très influencé par ces trucs très groovy comme dans Mötley Crue avec Tommy Lee. Je pense que c’est ce qui démarque Headcharger des autres groupes, nous on veut que ce soit dansant, que les gens dansent devant nous, plutôt qu’ils pogotent ou qu’ils slament.
La ballade accoustique «Life Of A..» est très triste et inspirée musicalement. Qui a eu la bonne idée?
Ca vient de David, l’autre guitariste. Les trucs accoustiques sont plus des délires perso qu’un travail de groupe. IL voulait faire un interlude basé sur les mêmes harmonies que le morceau qui suit «… Drifter». Pour la petite histoire, on l’a enregistré dehors, avec les lunettes de soleil, à la cool, avec les petits oiseaux qui chantent… c’est un bon souvenir, on s’est bien marré à l’enregistrer.
Comptez-vous sur une distribution plus large internationalement cette fois-ci?
On est distribué par Warner donc potentiellement on peut être distribués dans le monde entier. Après c’est un travail entre le distributeur, la maison de disque et le tourneur. Ca ne sert à rien qu’on soit distribués dans des pays où on ne fera pas de concert. On sera distribué en Angleterre car on fera des dates là-bas, comme en Scandinavie ou en Allemagne. Mais l’album ne sortira pas aux USA, par exemple, car on n’ira pas jouer là-bas. Donc si c’est pour en vendre dix, autant les vendre sur le net.
Après que vous ayiez joué aux Sonisphères UK et Espagne, on s’attendait à vous voir au premier Sonisphère français. Pourquoi est-ce que ça ne s’est pas fait?
C’est un peu compliqué. Disons qu’il n’y à pas de groupes qui font le Sonisphère et le Hellfest la même année, et que l’un a été plus rapide que l’autre à nous proposer quelque chose. Mais le Sonisphère, on connait les gens qui les organisent, on sait qu’ils aiment ce que l’on fait, donc on ne se fait pas trop de souci, on y jouera.
Cette année?
On verra. (rires)
Justement, comment avez-vous vécu cette expérience au Hellfest, dans un milieu beaucoup plus «extrême» que le vôtre?
On s’est vraiment beaucoup marré. Il y à un côté et une culture «Relax», avec l’histoire du festival et les festivaliers qui vont là-bas. Les gens y vont vraiment pour se marrer, déconner entre potes, donc nous on s’est plus senti là-bas comme des festivaliers… on a passé notre temps à boire des coups avec des gens, à discuter… et le fait de jouer à 10h30, ça aide pas, tu prend ton café et tes croissants quand tu as fini de jouer, et ta journée de festival commence ensuite! On l’a plutôt vécu comme ça, comme des festivaliers.
Vous considérez-vous plutôt comme des Rockers parmi les Métalleux ou l’inverse?
C’est compliqué. Moi je pense être un Rocker parmi les Métalleux, comme David, l’autre guitare. Mais par contre c’est plutôt l’inverse avec les autres. Et c’est ce qui fait le mélange des genres dans Headcharger. On se retrouve sur des trucs, mais certains sont plus métal que d’autres… Et après ça dépend du contexte. Quand tu fais un concert avec Loudblast, par exemple, tu es clairement un Rocker parmi les Métalleux. Par contre avec Nashville Pussy, ce sont nous les Métalleux car eux sont super Rock’n Roll.
Vous avez tous des influences très différentes, mais y-a-t-il des albums ou des groupes actuels sur lesquels vous vous retrouvez?
Franchement, non. Peut-être que les autres membres du groupe se retrouvent sur Everytime I Die, par exemple, mais moi je trouve ça nul à chier, ça me gonfle au plus haut point. Ce qui m’intéresse dans le Rock, c’est la voix. Donc quand il beugle tout le temps, ça ne m’intéresse pas. On se retrouve vraiment sur les vieux trucs, les valeurs sûres. Il y peut-être le dernier album d’Alice In Chains qui nous a tout mis une bonne tarte, mais c’est tout.
Vous commencez l’année avec la sortie d’un nouvel album, comment allez-vous la finir?
On a eu une petite réunion avec notre tourneur, et il y a de grandes chances pour que la grosse partie de la tournée soit pour septembre-octobre. On s’attend à une année 2012 très occupée, très cosmopolite et sans doute très fun et fatiguante, avec de très belles choses!
Un grand merci à Anthony pour sa disponibilité et sa gentillesse.
Merci à Yohan Colin (H.I.M. Media) et XIII Bis Records qui nous ont permis de réaliser cette interview!