N’Zeng : Sold Out, c’était un mini live avec 5 morceaux plus des inédits, des remixes et des vidéos. Pour LIVE, on a eu envie de montrer tout ce qui s’est passé sur la tournée « Radio Blood Money », toutes les émotions et l’énergie qu’on a données. On a aussi envie d’enregistrer un souvenir et de remercier notre public, les gens qui nous suivent. Pour la partie CD, on a essayé de trouver des versions de nos titres qui nous ont particulièrement marquées sur l’ensemble de nos concerts. On a ainsi enregistré toutes nos performances pendant environ un an, puis on a quasiment tout écouté. Ca nous a demandé un gros travail de sélection en amont, parfois arbitraire, mais ça a été intéressant car on n’avait jamais fait ce boulot là. On y passé beaucoup de temps.
Pee : on a eu envie de faire un truc à l’ancienne. Du coup, on a eu quelques galères au début des enregistrements. Ca n’a pas été évident pour la sélection vu qu’on a tout dérushé au fur et à mesure de la tournée, mais ça a valu la peine de chopper les sons de concerts différents.
Concernant la partie vidéo de LIVE, pourquoi avoir choisi le concert que vous avez donné dans la salle de La Vapeur à Dijon ?
Pee : ce concert, on l’a choisi au dernier moment. On a su qu’on allait enregistrer là une semaine avant. Le réalisateur de la vidéo, Stéphane Bloch, habite à côté de La Vapeur et connaît bien cette salle. Nous on y avait déjà joué une fois. Ca s’est fait un peu par hasard. Par ailleurs, c’est une petite salle de concert, proche du public, ce qu’on apprécie. Pourtant ça n’a pas été évident. Il a fallu oublier les caméras, on avait à l’esprit le fait qu’on était filmé. Dans ces moments là, il faut éviter de se montrer comme un acteur.
N’Zeng : le tournage s’est fait dans un souci de proximité avec le public. Certains passages sont filmés en plein milieu de la fosse, ce qui donne le point de vue du public. Le côté immédiat, pas surproduit, nous a également plu.
Vous pouvez m’en dire un peu plus sur le travail que vous avez entrepris avec Stéphane Bloch pour la partie documentaire du DVD ?
Pee : on a rencontré Stéphane a l’époque du « Lyon Calling Tour » organisé par le label Jarring Effects. On s’est bien entendu avec lui et on a apprécié le fait qu’il ait une culture alternative. Pour le documentaire-interview, il est venu nous filmer séparément. Chacun de nous a parlé de sa vision du Peuple. On l’avait jamais fait. Ca nous a permis de montrer l’histoire du groupe, l’envers du décor. Du coup on est reparti en arrière, à fouiller notre passé et à retrouver nos premiers concerts. On a eu aussi envie d’expliquer aux gens comment on travaille. Le résultat est super probant. Stéphane a compris comment on fonctionnait et est allé plus loin que ce que l’on attendait de lui. On a découvert les différentes prises après le montage final. On a tous trouvé ça super.
N’Zeng : ça nous a permis également de prendre conscience de l’évolution du groupe, de tous les changements, des bouts de ficelle à maintenant. C’était ça qu’on avait envie de montrer.
Et pourquoi avoir choisi d’y inclure également deux courts-métrages de Sébastien Fau ?
Pee : Sébastien, il avait fait 3 clips du Peuple.
N’Zeng : juste avant Cube, il nous a aussi demandé de faire la musique de ses courts. JC avait fait tous les bruitages à la voix. Nous, on avait composé le morceau d’origine de « Gumzilla » et celui du court-métrage des légumes. Ce mec, il est super créatif.
La tournée « Radio Blood Money » a démarré il y a maintenant presque 12 mois. Quels sont vos sentiments par rapport à cette année passée ?
Pee : quand on a sorti l’album Radio Blood Money, il y a maintenant un an, les médias traditionnels ne se sont pas intéressés à notre disque. On l’a pris bien sévère dans la gueule. Du coup, on s’est posé des questions. On s’est demandé si on n’était pas arrivé à la fin. Dès qu’on on a repris la route, on a vu que notre public était toujours là, que nos concerts étaient complets. Les gens, ils connaissaient notre nouvel album. On les a retrouvé. Du coup, on est reparti de plus belle.
N’Zeng : il y a eu quelque chose de très fort sur cette tournée. On a emmené avec nous Sir Jean pour compléter l’équipe. On a d’ailleurs aimé la balance entre JC 001 et Sir Jean sur scène au niveau du chant. On a eu aussi de bonnes satisfactions à l’étranger, genre en Espagne où beaucoup de gens nous suivent. On s’est retrouvé à Barcelone avec 900 personnes ! C’était hallucinant.
Pee : à Londres, ça a été mortel. Il n’y avait pas que des expats, c’était aussi rempli d’anglais, de gens qui nous connaissaient ou pas. Des gens qui se rapprochent du public en France, c’est-à-dire qui comprennent qu’on puisse faire quelque chose de différent.
Parmi toutes vos premières parties, vous avez eu des coups de cœur ?
Pee : en Allemagne avec Napoleon Maddox. C’est un mec qui fait du rap dans un style très posé. Il a 25 ans et est super impressionnant.
N’Zeng : il y a moins eu de choses qui nous ont marqué ces dernières années. On s’y retrouve pas, on vieillit (rires).
Pee : par exemple, le retour au années 80, je m’y retrouve pas. Je les ai vécu et c’était chiant.
N’Zeng : j’aime bien sinon Ez3kiel, leur live est énorme. Sinon, j’apprécie le retour des artistes du trip-hop.
Pee : Portishead par exemple.
Je me rappelle que vous avez joué avec Portishead en 2003. Vous pouvez me raconter cette expérience ?
N’Zeng : on avait joué des morceaux avec Beth Gibbons aux Transmusicales de Rennes en 2003. On avait réarrangé des morceaux de Portishead pour les accompagner sur scène. Ca a été important dans l’histoire du groupe. Ca nous a marqué et nous a encouragé à aller plus dans le détail au niveau de nos arrangements.
Pee : Beth Gibbons, quand on l’a rencontré, on lui a fait écouter une démo. Elle n’a pas arrêté de chanter dessus, elle posait sa voix sur chaque morceau.
Nzeng : nous en face, on tirait la langue, on a halluciné tellement c’était énorme.
Vous n’avez pas envie de vous retourner en studio après tous ces concerts ?
N’Zeng : si, c’est sur. Quand on tourne, on veut aller en studio et quand on est en studio, on veut prendre la route. Tant qu’on a la fibre et l’envie on peut pas vraiment de faire de break conséquent. On va quand même respirer un peu et rechercher de nouvelles pistes.
Pee : le live, ça donne de l’énergie. C’est ce qu’on essaie de montrer dans le DVD. Avec le téléchargement, on est revenu à une vision plus classique de la musique car beaucoup de zicos défendent leur son à l’ancienne, à travers l’énergie des concerts.
Vous allez rejoindre très prochainement le « Riddim Collision Tour » et Jarring Effects pour leur 10ème année : vous souhaitez rendre hommage au label et au festival ?
N’Zeng : Jarring, on les connaît bien. On a envie de participer à cet anniversaire. Il se trouve qu’on a fait un morceau hommage au festival, « Riddim Collision », le lendemain d’une soirée dub.
Pee : ce que les mecs de Jarring ont fait est important.
N’Zeng : c’est un lieu important pour nous, mais aussi pour la ville de Lyon au niveau des activités.
Pee : il sont alternatifs jusqu’au bout.
Un grand merci à N’Zeng et DJ Pee pour avoir répondu à l’interview.
Merci également à Lucie de P.I.A.S pour l’organisation de cette rencontre.