Quelques heures avant leur concert au Café de la Danse à Paris, les jeunes époux de Wildbirds&Peacedrums se posent sur le bitume d’une impasse parisienne. Andreas Werliin est vêtue d’une grande cape noire et d’un chapeau melon comme Alex dans Orange Mécanique,son regard est vide. Mariam Wallentin cache son visage d’enfant derrière ses gands cheveux noirs, elle tient un verre de vin rouge à la main. L’inquiètude et le surréalisme envahissent l’atmosphère.Ce sentiment résume presque leur dernier album Rivers mais dès que le sujet est abordé, les visages se lissent, les sourires apparaîssent et Wildbirds &Peacedrums laissent éclater leur fantaisie!
Wildbirds & Peacedrums est original, vous n’êtes que deux et en plus vous êtes mariés! Pouvez-vous nous retracer l’histoire de votre duo?
Mariam Wallentin : L’histoire du groupe à commencer il y a quatre ans à peu près. Je suis au chant et Andreas aux percussions. Notre musique se nourrit essentiellement d’une voix et d’une batterie. Nous avons joués pendant plus de trois ans uniquement en duo. Nous avons enregistrés trois albums mais pour le dernier d’entre eux, Rivers, nous avons décidé de faire appel à un chœur qui maintenant nous accompagne sur toute la tournée.
Votre dernier album Rivers est une sorte de voyage mystique surtout sur Iris où le thème de l’eau est très présent. Êtes-vous un groupe engagé?
Mariam Wallentin : Nous avons commencé à composer l’album par les paroles et nous voulions que ces paroles aient un thème. Nous avons enregistré l’album en Islande. Nous étions en permanence sous la neige, entourés de ces immenses glaciers, de ces lacs magnifiques, c’était une atmosphère parfaite pour travailler et le thème de l’eau est venu naturellement. Sur Rivers, nous voulions introduire plus de voix mais pas de manière conventionnelle comme un gospel ou un chœur classique, nous souhaitions aller plus loin pour faire quelque chose de plus intéressant. C’est peut être la raison pour laquelle, il y a ce côté mystique.
Pourquoi l’avez-vous séparé en deux EP: Retina et Iris?
Mariam Wallentin : Nous voulions produire un album totalement différent de The Snake(2008). Notre idée principale était d’introduire beaucoup plus de chœurs et de percussions car chacun d’entre eux renvoient des sons très différents qui rappellent l’eau. Il était intéressant de séparer l’album en deux EP différent mais qui garde le même fil conducteur l’eau. Retina symbolise la profondeur de l’océan alors qu’Iris exprime plus la surface de l’eau.
Mariam, dans Rivers, ta voix se transforme et se fond complètement avec la musique. Comment perçois-tu ton rôle dans Wildbirds & Peacedrums? Es-tu une voix ou un instrument?
Mariam Wallentin: Je suis une chanteuse donc j’utilise ma voix mais je suis très libre dans mes interprétations. J’aime travailler ma voix et la transformer en une sorte d’instrument mais tout en gardant son originalité naturelle, je ne triche pas. C’est un peu le concept de notre musique, nous nous servons de très peu de matériel mais nous transformons les sons et les voix en une sorte d’énergie collective. C’est ce que nous souhaitons transmettre à notre public, nous voulons partager cette force. Beaucoup de journalistes nous demandent comment nous définissons notre musique, si c’est de la pop, du folk, du rock…je n’aime pas être catégorisé. Je préfère que le public perçoit notre musique comme un partage et non comme une nouvelle étiquette musicale.
Votre musique est presque religieuse, sur Retina on peut d’ailleurs entendre des chants grégoriens…
Andreas Werliin : Nous avons utilisé plusieurs éléments de musique classique et baroque pour Rivers ce qui peut donner cette impression de musique spirituelle.
Dans vos albums, les morceaux sont liés entre eux, on a même l’impression qu’ils ne forment qu’une seule et même unité. Dans ce cas, n’est-il pas difficile de choisir une set-list? Pour Rivers qu’avez-vous décidés?
Mariam Wallentin : Oui ce n’est pas toujours évident. C’est notre première tournée pour Rivers donc nous allons centrer notre set-list essentiellement sur cet album mais après je ne sais pas ce que ça va donner. Nous allons bien sûr joué des morceaux de The Snake mais tous les soirs, le public et la scène changent donc nous nous adaptons aux désirs de chacun. Cette tournée va être très différente des autres car nous ne serons plus deux sur scène mais douze personnes avec les chœurs. Pendant les répétitions, nous jouons un peu au papa et à la maman avec Andreas, les chœurs sont nos enfants. C’est la première fois que nous jouons notre musique autrement qu’en duo. Et pouvoir partager notre musique de cette façon, c’est incroyable. Nous nous sentons vraiment bien au milieu de ce chœur.
Qui a réalisé votre dernier clip, « Bleed like there was no other »?
Mariam Wallentin : C’est un réalisateur suédois nommé Patrick Instedt. Nous l’avons rencontré pendant l’enregistrement de Rivers. Il a tourné la vidéo et nous avons été impressionnés par son travail. Le design est magnifique et les couleurs fantastiques. Je pense que nous allons encore faire appel à son génie à l’avenir.
Les critiques comparent souvent Wildbirds & Peacedrums à Björk. Vous avez eu l’occasion d’interpréter « Human Behaviour » en sa présence au Polar Music Prize à Stockholm cette année. Savez-vous ce qu’elle a pensé de votre prestation?
Mariam Wallentin : Oui, elle a adoré ! Nous avons eu l’occasion de discuter un peu après la cérémonie, ce qui n’était pas évident car elle était très prisée. Mais ce fût un véritable plaisir de la rencontrer et de parler avec elle. C’est une star mondialement connu mais elle a les pieds sur terre, c’est quelqu’un de très humain et de très sensible. Je crois que l’on nous compare aussi à Björk car nous venons tous les trois de pays nordiques et j’utilise ma voix comme elle. Ma voix véhicule des émotions pas seulement des mots. C’est un honneur d’être comparé à cette grande artiste même si notre musique n’a rien à voir avec la sienne. Björk incorpore beaucoup d’éléments d’électro ce que nous ne faisons pas.
Vous avez joués sur un ring de boxe grâce à l’émission « Take Away » de la Blogothèque, comment vous êtes vous sentis sur cette scène inédite qui est totalement différente de votre univers si calme?
Andreas Werliin : C’était vraiment une expérience intéressante (Rires) ! Inoubliable même !
Mariam Wallentin : Oui, c’était palpitant. Vincent, qui réalise l’émission, a vraiment bien capté l’essence même de notre musique. Le ring était un excellent choix car il y avait beaucoup de d’énergie autour de nous. Je pense aussi qu’il a pensé au ring également car nous sommes un duo. Je crois qu’il voulait mettre en scène une sorte de combat entre nous.
Vous avez pu donc régler vos comptes en tant que musiciens ou en tant que mari et femme ?
Mariam Wallentin : (Rires), je ne sais pas ! En tout cas, cette expérience m’a rappelé des bons souvenirs. Mon père était boxeur et pour moi le ring était comme un autel. J’ai toujours été très admirative de mon père et monter sur le ring à mon tour, c’était une sensation étrange.
Andreas Werliin : Oui, son père a même été plusieurs fois champion régional, donc je ne cherche pas trop la bagarre ! (Rires)