La présence de We Are Enfant Terrible à la Soirée Custom au Nouveau Casino de février a été l’occasion pour nous de les interviewer sur la sortie en avril prochain de leur tout premier album, intitulé Explicit Pictures. Cyril le batteur et Thomas le guitariste ont donc répondu présent !
Pourquoi une emprunte aussi forte de l’enfance dans votre son et vos représentations visuelles ?
Cyril : Pour l’imagerie, concernant notamment les écritures paint, c’est assez facile. C’est Clo notre chanteuse qui fait ça, elle est incompétente, ça donne un style incroyable. Genre
« tiens j’ai pris une photo, je l’ai mise sous paint » et pis voilà. Et nous comme on s’y connait pas mieux, on dit : ok.
Pour le son, on fait du 8bit parce que c’est un truc qu’on aime bien, on a grandit avec, que ce soit au travers des gameboys, de la super nindento, on le répète souvent mais on a passé presque plus de temps à écouter de la musique de jeu vidéo que de la vraie musique, quand on a retrouvé ces sons là on s’est dit banco, partons sur ces sons là !
Thomas : oui, très bonne question, je sais pas trop pourquoi c’est aussi présent, mais je dirais que c’est surtout l’adolescence qui est présente, qui me plait assez, c’est le moment où tu peux envoyer chier un peu tout ce qui te plait pas, faire des caprices, c’est ce qu’on a envie de faire, et en premier lieu ce qu’a envie de faire Clotilde. C’est surtout elle qui amené ça.
Cyril : là on l’explique plus ou moins bien, mais en fait c’était pas prémédité. On avait pas prévu de donner une coloration spéciale, notamment autour de l’enfance. La vérité, c’est plutôt : « on s’est retourné un beau jour et on s’est dit, tiens ça ressemble à ça ».
Avez-vous des rêves musicaux que vous aimeriez réaliser dans les mois ou années à venir avec WAET ?
Cyril : moi j’ai déjà tout fait. Tourner à l’étranger ça en faisait parti, on l’a fait.
Thomas : merde c’est vrai qu’on en a déjà réalisé pas mal. Des rêves d’enfants, c’est des rêves un peu simple. Jouer à New-York, jouer devant 5000 personnes…mais on l’a fait tout ça…
Bon ok, le groupe se dissout après la sortie du 1er album, histoire réglée !
Cyril : non mais on prend beaucoup de plaisir à faire ce qu’on fait. On a des attentes, mais c’est vrai que dans une certaine mesure, pour le moment, on a réalisé ce qu’on voulait.
Et dans 5 ans ?
Thomas : on pensait aller où déjà ?
Cyril : pas à Paris déjà !
Thomas : c’est vrai, la ville est trop serrée, trop de contraintes au niveau social, financier. Par contre on se verrait bien au Canada, vu qu’on a signé là bas, qu’on a déjà été y jouer, y vivre un peu. C’est quand même un pays super agréable, les gens, les paysages. La vie est assez facile. Il y a tous les bons côtés des Etats-Unis sans le côté con des américains.
Cyril : où à Lille
Thomas : c’est vrai qu’on se plait beaucoup dans le Nord Pas De Calais aussi !
Par rapport à votre positionnement sur internet, qu’est ce que vous a apporté Facebook, Twitter, Myspace ?
Cyril : le côté Myspace a un peu lancé le truc. C’est le premier site où on a été. Tu peux écouter un groupe sans dépenser de l’argent pour ensuite aller le voir en concert. Si t’as une position dans l’industrie de la musique, ça te permet de découvrir de nouveaux groupes et de les faire signer.
Thomas : nous, tout a commencé avec Myspace. C’était une espèce de légende de se faire repérer sur Myspace et de faire des tournées ensuite. Bah c’est ce qui nous est arrivé. Mais ça existe plus maintenant, on fait peut-être parti de la dernière génération « d’artiste Myspace ».
Thomas : pour Facebook, Twitter, c’est un peu nos modes de vies au quotidien. On a les nôtres, persos, et ceux du groupe. C’est un peu du voyeurisme moderne qui nous va bien tant pour la musique que nos vies persos.
Internet justement selon vous est plutôt vecteur de liberté ou nouvelle source de contraintes ?
Thomas : moi qui aime beaucoup l’histoire, ma deuxième passion après la musique, j’ai l’impression qu’il y a des cycles. J’ai l’impression que la violence est cachée, que c’est le triomphe du capitalisme et du coup la violence est intrinsèque à ce système, différente mais l’humanité ne s’en sortira jamais. On est en train de remplacer des dictatures militaires par des dictatures économiques. Les plus forts en ce moment ce sont les chinois…
Il y a encore un peu de militarisme mais ça va disparaître je pense, mais la violence ne va pas disparaître pour autant. La violence c’est l’exclusion des gens.
Cyril : mais pour répondre à la question, on est clairement pour l’évolution et la libération des gens. Après les gens font leur propre avis. Sur internet, tu tapes tian’anmen, à Paris tu vois des chars qui écrasent des étudiants, en Chine tu as juste une carte postale. Si quelqu’un nous écoutes d’ailleurs, si vous voulez libérez tous les trucs…
Thomas : non mais on est pas géopolitologue mais on se pose des questions, c’est sur. On est dans une période excitante, qui ressemble principalement à une période de globalisation du capitalisme.
Revenons à votre premier album : pourquoi l’enregistrement à la maison ? Question de budget ? Ou l’envie d’avoir un son bien à vous ?
Cyril : le premier truc qu’on voulait c’était un environnement confortable. Physiquement et psychologiquement. C’est jamais évident d’être dans une cabine derrière un mec qui juge et qui appuie sur des boutons, qui écoute, ne dis rien, ou qui ne sait pas exactement ce que tu veux faire, sachant que toi même t’es en train d’expérimenter. Dans l’expérimentation on va trouver des trucs intéressants, qui vont apporter des choses nouvelles.
Après on s’y retrouvait aussi niveau budget, et pour l’organisation c’est plus cool.
Thomas : moi je dirais que dans mes précédents projets j’ai eu beaucoup d’expériences mauvaises, et je me suis mis à faire du son moi même. Le faire nous même permet de rendre quelque chose de sincère. Pas forcément avec toutes les normes de professionnalisme requises mais c’est l’occasion de pouvoir marquer le terrain pour ensuite faire appel éventuellement à des pros en leur disant « c’est ça notre son »
Cyril : et puis on veut également éviter l’écueil du mec qui à la fin de la journée en a ras le bol, veut rentrer retrouver sa femme et ses gosses et te dit « non super, la prise de son là, impeccable, tu touches à rien » alors que t’as fait de la merde. Mais ça se comprend, quand t’es payé pour un truc, les mecs derrière vont bosser à fond, mais à un moment au bout de la console, t’en as marre, tu peux pas toujours être passionné à 100% par le groupe.
Des informations sur la tournée à venir, en dehors de votre participation au Printemps de Bourges ?
Cyril : On part au Texas au salon agricole scientifique américain bientôt, mais niveau orga Thomas et moi on est les plus nuls. Avec Thomas, on sait qu’à un moment on doit se lever, on se met devant la porte avec notre matos et on apprend dans le bus où on va.
Mais une tournée se prépare, tout est pas encore fait donc je voudrais pas dire de conneries, mais en tout cas le Printemps de Bourges, ça c’est sur !
Quelles sont pour vous les grandes différences entre vos morceaux en live et en studio ?
Cyril : ce qui nous manque en live c’est l’expérimentation, tu limites cette zone et ça m’embête un peu. Tu es bloqué dans un 5-15% de trucs qui vont changer quand on pourrait être dans du 90-95 comme du jazz. Alors qu’en studio tu peux expérimenter complètement, les micros, les effets, prendre des cassettes où tu réenregistres ton son de batterie par exemple. Mais après c’est sûr ça a pas la même émotion, l’immédiateté du mec qui sera en face et qui kiff ton son.
Thomas : rien à rajouer, je partage cet avis !
En dehors de la musique, que faites vous au quotidien ?
Thomas : moi je m’intéresse à l’histoire et au cinéma, mais en dehors de la musique rien. Enfin à côté du groupe j’ai mon parcours d’ingénieur du son, je produis des disques. Ah si j’ai une émission sur le net qui s’appelle Attic Addict depuis 3ans où on enregistre et film en live des groupes de Lille dans mon grenier !
Cyril : à part la musique, euh en ce moment on fait pas grand chose.
Thomas : tu fais du badminton !
Cyril : ah oui je fais du badminton tous les jeudi soir, d’ailleurs, un gros big up à mon club !! Mais tranquille hein, pas en compet, bien qu’on me propose de faire des compets amateurs ! Un peu de sport donc, et pas mal de bonnes bouffes entre potes et de picolades à gogo. On s’est fait un cassoulet géant pas plus tard qu’il y a trois semaines, à noter d’une croix blanche dans l’agenda parce que woaw, il a commencé à 12h, fini à 22H, une boîte de 5kg de cassoulet. C’était dingue, c’était cool.
Thomas : La musique est notre activité principale en fait, oui…
Vous en vivez ?
Thomas : moi oui du coup, et les autres c’est en train de se faire
Cyril : on a quitté nos boulots, on avait des vrais boulots et on s’est lancé dans l’aventure. On est activement supporté par pôle emploi et confrères. Donc on est très content d’avoir cette passerelle financière qui nous aide à rentrer un peu dans le vif. Et on attend que le parachute s’ouvre, là on va bientôt toucher le sol du coup euh si vous pouvez faire des dons…non je déconne !
Avez-vous quelques coups de coeur à promouvoir en ce début d’année 2011 ?
Thomas : ah oui, il y a de quoi faire sur Lille, on est vraiment à mon sens un des plus beaux viviers d’artistes de France. Qui citer : Golden Ultra, très important, très très brillant, entre Bowie, Kraftwerk.
Peru Peru aussi un groupe génial, bon y a ma copine dedans, c’est beaucoup plus des chansons de hippies, c’est comme si tu mélangeais Basement et les Beach Boys.
Sinon Douglas & the Beauties dans un délire electro rock
Cyril : nos amis de Shiko Shiko la relève franco-lilloise entre animal collective et the starbungle.
Après on a d’autres groupes avec qui on a passé de très bons moments sur scène, tant musicaux que dans les loges.
Thomas : I Am Un Chien
Cyril : coup de coeur sur scène, drôle à mourir dans les loges
Thomas : les plus drôles assurément !
Cyril : The Bewitched Hands, nos grands copains les rémois qu’on adore et avec qui on partage des fois des morceaux sur scène, on a d’ailleurs fait une reprise d’eux Happy With You », quand on est ensemble sur les festoch’, ils viennent avec nous la chanter pour la bonne poilade
Thomas : souvent bourrés. Ils viennent foutre le bordel.
Sinon j’y pense, y a aussi Berlin033, cold wave, un peu Sonic Youth mais avec un gros marteau pillon … enfin y a des tonnes de groupes à Lille !!
Plus d’infos à Lille donc et sur Attic Addict !
Enfin pour finir, y a t il un sujet sur lequel on ne vous interpelle jamais, que vous aimeriez caser en interview ?
Thomas : l’histoire ! On a l’occasion de caser des références, mais jamais le Moyen Age, l’Antiquité, les civilisations Babylonienne, l’Egypte.
Cyril : ah c’est vrai que ça peut être intéressant de débattre. On a eu un débat intéressant sur l’esprit américain, des Européens partis s’installer en Amérique, leur côté baroudeur mais un peu casanier. Enfin y avait tout un débat assez intéressant. Effectivement on pourrait se tailler de bonnes bavettes autour…
D’un bon cassoulet !
Cyril : Ou d’une bonne bavette ! Une bonne bavette autour d’une bonne bavette, ça marche très bien !
Ok ! Et bien merci We Are Enfant Terrible et à très bientôt !
crédit photos : Ugo Schimizzi (site internet)
plus d’informations sur We Are Enfant Terrible :
www.weareenfantterrible.com/
www.myspace.com/weareenfantterrible
Et un grand merci également à Disc Over pour la mise en relation et l’accueil durant cette Soirée Custom :
http://www.disc-over.net/