{multithumb thumb_width=490 thumb_height=323}Avec trois disques et autant de réussites, The Old Dead Tree mérite amplement sa place parmi les groupes Français les plus talentueux des dernières années. Si ce n’est plus simplement sur le podium des meilleures formations européennes, comme en témoigne le succès désormais rencontré par le groupe a l’étranger. Rencontre avec les très accueillants Manuel (chant et guitare) et Vincent (basse) peu avant leur prestation au Hellfest de Clisson.
BEN : The Water Fields est maintenant disponible depuis quelques mois…
Manuel (chant et guitare) : Tout à fait, presque même une année.
Le disque est une nouvelle fois assez ambitieux, quels ont été les échos au niveau de la critique et du public ?
Vincent (basse) : Je pense que l’on a toujours eu la chance d’obtenir une bonne appréciation en terme de chroniques. C’est quelques chose dont on a bénéficiés pour la sortie des trois albums. Le sentiment général était globalement qu'il demandait plus d’efforts et d’écoute. The Water Fields a été perçu comme un disque plus difficile d’accès par rapport aux deux précédents, les morceaux présentent moins ce caractère immédiat, ce qui reste logique étant donné que l’on a beaucoup plus travaillés dans les détails…
Manuel : Il y avait déjà un gros travail sur les deux premiers albums, mais pour The Water Fields c’était presque devenu maladif.
Les contrastes sont en effet bien plus marqués, le disque est à la fois plus violent et mélodique.
Vincent : C’est ton album preféré de The Old Dead Tree (rires). Comme nous en fait ! Mais oui, c’est vrai.
Vous avez changés de guitaristes avant la sortie de l’album. Est-ce que l’arrivée de Gilles a eu une incidence sur votre manière de travailler ?
Manuel : Son arrivée n’a pas vraiment changée notre façon de composer. Mais il avait de bonnes idées qui ont été retenues. Gilles nous a rejoints en juillet, l’album a été enregistré en février de l’année suivante, il a donc largement eu l’occasion de participer à la composition et aux arrangements des morceaux. En terme de technique et de composition, rien n’a véritablement changé, mais Gilles a amené sa propre pattes, son point de vue et beaucoup de riffs.
A-t-il apporté des éléments auxquels vous n’aviez pas forcément pensés sur les productions précédentes ?
Forcément, et c’est là tout l’avantage d’être un groupe, d’avoir quatre sources d’inspirations bien différentes. Mais nous avons quand même un background musical commun, ce qui fait que nos idées partagent toujours des ambiances similaires, nous apprécions globalement les mêmes groupes.
Vincent : Je pense que sa patte va ressortir encore d’avantage sur le prochain album. Il est là dès le début du processus, alors que pour The Water Fields la composition était déjà en cours. Certains morceaux étaient d’ailleurs presque terminés.
Au niveau des nouveautés, on trouve l’incursion de claviers et de cordes. A qui doit-on ces nouvelles composantes ?
Manuel : C’était mon idée. Je voulais essayer de nouvelles choses. On parlait d’accessibilité et de détails, pour ce disque l’objectif était clairement de multiplier les pistes de guitares et les mélodies qui s’enchevêtrent. L’idée était de conserver une ou deux mélodies principales, et d’en dissimuler quatre ou cinq en arrière plan. Il faut vraiment faire attention pour les déceler, écouter les titres au casque, c’est vraiment un album qui se découvre au fur et à mesure des écoutes. En multipliant les recherches dans les mélodies, nous en sommes venus naturellement à essayer de nouveaux moyens de les matérialiser. Pour The Perpetual Motion, nous avions expérimentés beaucoup de samples en termes de voix, de bruits ou d’ambiances. Pour ce dernier opus, nous avons plus tentés de greffer des instruments classiques.
L’artwork est par ailleurs moins sombre que par le passé. Est-ce le reflet des thématiques développées sur les morceaux ?
Il y a en effet un concept sur ce disque. Mais pour en revenir sur ce côté moins sombre du visuel, c’était clairement un objectif à partir du moment ou nous avons commencés à démarcher différents graphistes. Nous voulions vraiment nous détacher des stéréotypes du metal, éviter tout ce qui est têtes de morts ou sang. L’arbre mort y figure toujours, mais il est moins présent. Nous voulions nous orienter vers quelque chose de beaucoup plus ouvert, qui soit plus représentatif de notre musique. Pour le concept en lui-même, les thématiques du disque tournent autour de la fuite, du fait d’être confronté à quelque chose de désagréable, d’avoir une épreuve à surmonter. La première réaction est souvent de fuir, de ne pas chercher une solution ou à affronter la chose, mais plutôt de s’y soustraire. Certains titres vont s’enchevêtrer, d’autres pas du tout, et décrire plusieurs situations en rapport avec la fuite.
Est-ce un moyen de répondre au thème principal développé sur The Nameless Disease, qui était le suicide ? (ndlr : le premier batteur du groupe, Frédéric Guillemot, met fin à ses jours en 1999, influençant par la suite l’écriture du premier album de The Old Dead Tree)
Il y a en effet des liens, mais ce n’était pas véritablement une idée de départ.
Ton chant partageait les opinions. Pour The Water Fields, il conserve toutes ses spécificités, mais présente parallèlement une plus grande aisance à atteindre les extrêmes. Est-ce quelque chose que tu as particulièrement travaillé lors de l’enregistrement ?
J’ai énormément travaillé entre les deux albums. C’est notamment à cause de la tournée qui a suivie The Perpetual Motion, album pour lequel nous avons bénéficiés d’une longue tournée. Nous avions beaucoup de dates enchaînées, contrairement au premier album, et je me suis rendu compte qu’après un certain nombre de concerts je n’arrivais plus à suivre. J’ai donc fait une trentaine de séances d’orthophonie, j’ai eu deux professeurs de chant… Mais c’est vraiment l’orthophonie qui a tout changé, ces séances m’ont permis d’acquérir des nouvelles techniques de souffle et de respiration. En plus c’est remboursé par la sécurité sociale, donc ça vaut vraiment le coup (rires) !
Foued a également quitté le groupe peu avant le début de la tournée. Quelles sont les raisons de ce départ ?
Foued a un autre projet, Arkan, qui va justement bientôt sortir son album. Le disque a été enregistré chez Fredrik Nordström, c’est son projet, il est dedans depuis le début, donc évidemment ce groupe lui tient énormément à cœur. Il s’est beaucoup investi dans Arkan, et il était devenu impossible pour Foued de jongler avec les deux groupes. Il a fallu qu’il fasse un choix, et en toute logique il a préféré se consacrer pleinement à son bébé. On s’est quittés en très bons termes, il n’y a aucun soucis entre nous, mais c’est vrai que c’était une période difficile. On a eu la chance d’avoir déjà des contacts avec Raphaël, que l’on connaissait bien pour avoir tourné avec son groupe, Penumbra. C’est un batteur qui a l’habitude de jongler entre les formations et les genres, il est à l’aise aussi bien dans le metal, le jazz ou encore le zouk. Il a aussi une véritable facilité à apprendre les répertoires, il était d'ailleurs prêt en un mois à prendre la route. On a donc fait une vingtaine de dates avec Raphaël en batteur de session, avant de lancer les auditions à partir du mois de janvier 2008. On a d’ailleurs eu beaucoup de candidats d’un très bon niveau, issus de formations françaises et étrangères, pour certaines assez connues…
Vincent : Finalement Raphaël s’est porté candidat. Comme il y avait déjà un bout d’histoire en commun ça c’est logiquement imposé. Humainement comme musicalement, les choses fonctionnaient bien donc il n’y avait pas à hésiter.
Le groupe a connu au cours des années de nombreux changements de line-up. Dans le contexte actuel, est-ce difficile de conserver toute son attention sur The Old Dead Tree ? De monter une tournée correcte ?
En ce qui concerne les concerts, ça n’a jamais posé problème pour The Old Dead Tree. On a quand même fait plus de quarante dates pour cet album, pour un groupe français c’est énorme. La majorité a été faîte à l’étranger, donc on a vraiment de la chance de ce côté là. Nous avons une bonne fan-base dans des pays comme le Benelux, en Allemagne, en Suisse…
Manuel : On a toujours eu le parti-pris de ré-investir tout ce que le groupe gagnait. Individuellement, ce n’est donc pas plus difficile, mais The Old Dead Tree a toujours été extrêmement gourmand en terme de temps. C’est énormément de répétitions, de travail… C’est un investissement permanent, et donc il arrive que ce soit dur à gérer d’autant plus que nous avons tous une vie de famille à côté.
Comment se sont déroulées ces tournés à l’étranger. Le public est-il réellement différent de la France ?
– Vincent commence à répondre en Allemand –
Vincent : On nous avait dit que le public Allemand était particulièrement difficile et exigeant, pourtant c’est quelque chose que nous n’avons pas du tout ressenti. Au contraire, nous avons été très bien reçus sur ces dates, c’est même parmi de mes meilleures souvenirs de cette tournée. Avec les dates Belges bien sûr, là c’est toujours assez particulier.
Manuel : Il dit ça parce qu’il a des origines Belges (rires) !
Vincent : Non, je dit ça en toute objectivité ! Avec le public Francophone, nous avons bien évidemment un contact privilégié, mais l’accueil a vraiment été très bon sur le Benelux et l’Allemagne.
Le rock et le metal sont peut-être mieux intégrés dans la culture Allemande…
C’est certain, l’offre est bien plus conséquente en Allemagne que France. Ils ont les mêmes groupes que chez nous, mais en plus une véritable scène Allemande dont nous n’entendons jamais parler. Des formations qui ne sont pas distribuées chez nous mais qui sont énormes là bas, et qui présentent bien souvent un impressionant niveau de professionnalisme. Nous avons par exemple joués avec Subway To Sally, qui remplit des salles de mille cinq cent places tous les soirs. Ils ont d’ailleurs reçus un DVD d’or dès le premier soir, et une victoire de la musique deux ou trois mois avant la tournée. C’est un peu l’équivalent de Jean-Jacques Goldman version metal !
Suite au départ de Foued, vous aviez été dans l’obligation d’annuler quelques dates en France. Allez-vous relancer la tournée ou enchaîner directement sur la composition d’un nouveau disque ?
Manuel : Nous entamons la composition. Nous ne sommes pas de ces groupes chanceux qui parviennent à faire des bœuf et à écrire pendant les tournées. Il faut que l’on se concentre uniquement sur l’écriture. A part si l’on nous offre des premières parties très intéressantes, nous allons nous concentrer uniquement là dessus.
Vincent : Et ce sera très franchement le meilleur album de The Old Dead Tree (rires). En toute objectivité !
Manuel : De mon côté, j’ai déjà quatre morceaux.
Vincent : Et il faut dire que c’est très prometteur (rires) !
Manuel : Sinon Gilles a aussi commencé à accumuler des choses de son côté, mais pour l’instant nous n’avons encore rien mis en commun. Pour rejoindre ce que dit Vincent, ça se présente donc plutôt pas mal !
Beaucoup de fans réclament une ré-édition de votre première démo. Est-ce quelque chose d’envisageable ?
C’est en effet un sujet dont nous avons beaucoup parlés. Il y a une demande, et nous avons eu l’occasion de constater des prix de vente hallucinants. Notamment un fan Belge qui l’a achetée deux cent-cinquante euros.
Vincent : Précisons que pour ce prix là, il n’a pas eu la pochette !
Manuel : Juste le disque et le dos de la jacquette. Si je me souviens bien, il a d’ailleurs vendu sa batterie pour l’avoir… C’est bien sûr quelque chose que nous ne cautionnons pas du tout, mais ça m’embêterait pour les gens qui ont mis ce prix là dans cette démo que nous la ré-édition ! A l’époque, nous vendions ce disque trente-cinq francs, soit cinq euros et des poussières (rires). Il y a donc mille quatre cent exemplaires qui se baladent, certains sont donc probablement assis sur un trésor sans le savoir (rires) !