Cap'tain Planet : Comment décrire la musique de Los Tres Puntos ?
Max : A la base c'est du ska puis on pioche dans l'alternatif des années 80, c'est du ska-alternatif : ska parce que tout est joué en syncope et alternatif parce que c'est speed et militant par rapport au rock indépendant. On gère tout de A à Z aussi bien au niveau du groupe que des tournées, des disques, de la production, etc… On est « Do it yourself », en autoprod, indépendants et vraiment indépendants.
C : Pourrais tu nous parler du dernier album ?
M : Notre dernier album est sorti en janvier 2003, il s'appelle « Si oh !» … ça fait presque un an qu'il est sorti et depuis ça on joue quasiment toutes les semaines.
Greg : On en est au 10e mois… On est super content de cet album : on a pu profité d'un studio avec du bon matériel et puis avec la maturité qu'on a pu acquérir après les diverses expériences en studio on a été aidé. Après ça, certaines personnes peuvent préférer le premier car il a un côté un peu plus rock'n roll. Il est super keupon au niveau de l'esprit et des paroles.
M : On avait 17 ans à l'époque du premier donc ce sont des textes un peu plusn son plus lissé et 3 ans de plus dans la gueule (donc avec des textes et des instrus plus aboutis).
G : C'est un peu plus crunchy … Par contre au niveau du tempo on s'est accéléré : avant ça faisait plus keupon grâce au son de gratte. Maintenant on fait des textes un peu plus lyriques alors qu'avant c'était quand même un peu chiant !
M : Les structures des chansons du premier album étaient plus simples. Les morceaux étaient composés uniquement sur une base rythmique donc c'était plus rock. Maintenant on est 10 musiciens sur scène et plus ça va et plus les cuivres et le clavier prennent de l'importance, on arrive mieux à gérer les mélodies.
G : Ces instruments nous ont éloigné du punk et rapproché du ska …
M : Cependant on garde l'aspect saturé car on vient de l'alternatif …
C : Vous avez vendu combien d'albums ?
G : Un million cinq cent mille !!!!!!!! (rires)
M : Uniquement au Japon !
G : et normalement après il y aura une tournée en Californie et tout ça … on devrait atteindre les deux millions, trois millions facilement !
C : Tu peux me parler des thèmes abordés sur l'album ?
G : De toutes façons on ne comprend pas ce qu'il dit alors il peut écrire des conneries ! (rires)
M : Soit, lui (NB : Greg) écrit des textes un peu plus légers (ska-festif, …) et moi j'écrit des textes un peu plus durs souvent sur la quête du bonheur, des aberrations etc … Dans nos textes on est assez collé à notre vie courante : le stress par exemple. Comme je te l'ai dit, ça fait 9 ans qu'on est ensemble et qu'on gère la barque de A à Z … on rame, on rame et depuis le temps qu'on rame on commence à en avoir un peu dans les bras. Plus t'avance, plus t'acquiert une expérience et ça transparaît dans les textes. Ca se ressent surtout dans notre côté alternatif : tu montes un projet et tu fais tout ce que tu peux pour qu'il réussisse. Tu fais quelque chose de différent de ce qu'on veut t'imposer ailleurs.
C : A l'heure d'aujourd'hui, quelle est la motivation du groupe ?
M : La vraie motivation du groupe c'est …
G : Le rock'n roll !!!
M : comme disaient les Sheriffs « Pourvu qu'ça dure ! ». On veut juste que ça continue … le but du jeu c'est pas d'arriver, c'est de continuer. Quand tu as une optique arriviste dans le milieu de la musique ce n'est pas bon car quand tu es arrivé tu n'as plus rien à faire, c'est fini. Faut pas que ça se termine, au contraire, faut que ça continue.
Brice : On a toujours des projets en tête … ça avance toujours.
G : Le fait de faire ça pour le fun ça a pour conséquence que tes projet sont vachement sains, c'est sans ambition.
M : C'est quelque chose qu'on gère en plus à côté donc on n'a pas de dépendance vis-à-vis d'une réussite commerciale. On est totalement indépendant.
G : Le but ce n'est pas d'en vivre. A partir du moment où tu essayes de vivre de tes projets il y a un côté vicieux qui apparaît…
M : on veut juste faire vivre la scène sans demander des cachets exorbitants pour pouvoir faire jouer les autres groupes qui attendent derrière.
B : Le but c'est de rencontrer des gens différents, des groupes et gagner de l'expérience.
C : Quels sont vos objectifs actuels ?
M : Premier objectif : ressortir le premier album en autoproduction sans distribution nationale mais uniquement pour le merchandising car ce sont des gens qui ne le trouvent plus qui nous le demandent. Après c'est de continuer de tourner pour le quatrième album. Là on commence à composer
C : Pour votre prochain album, de quel groupe aimeriez-vous vous rapprocher au niveau de la production du son ?
G : C'est très difficile car on écoute vraiment beaucoup de groupes différents et ça serait plutôt se rapprocher d'une mouvance que d'un groupe.
B : Il ne faut pas se poser cette question là car ça peut te faire perdre ton originalité au niveau du son. Le notre vient de plusieurs influences qu'à chaque personne dans le groupe.
M : On a notre propre son, on va continuer à fouiller… C'est important que chacun ait sa place dans la production du son. Au départ chacun faisait ce qu'il voulait, depuis on a travaillé ça en dissociant chaque instrument et la production du son est meilleure.
G : C'est le mélange des idées et des goûts de chacun qui donne cette originalité à notre son.
C : Vous apparaissez sur la compilation « Le ska dans tous ses états », comment percevez-vous cela ?
B : Je pense que c'est un moyen de se faire connaître ailleurs qu'en Ile de France et aussi un moyen de se faire écouter par des personnes qui n'écoutent pas forcément notre style de musique.
M : Après, le meilleur moyen c'est quand même d'aller traîner dans d'autres régions … et on n'a pas attendu cette compilation pour le faire ! Ce sont des choses qui viennent naturellement : tu tournes, tu fais ton petit bout de chemin et puis tu as des opportunités dans ce style là : des gens viennent te proposer de jouer sur une compilation …
G : On a des contacts chez Crash disque et ça c'est fait naturellement : on en a parlé avec les dirigeants et puis ils ont acceptés.
C : Vous pensez qu'on s'intéresse de plus en plus à vous ?
M : C'est notre premier groupe, on a tous commencé avec ce groupe. Ce n'est pas tellement la forme qui compte mais l'intention … La forme vient après …
G : Je ne pense pas qu'il y ait un engouement « Los tres puntos », c'est plus un phénomène de notoriété : le mec qui habite le fin fond de la Bretagne, c'est pas facile pour lui de se procurer notre disque alors qu'un gars des Yvelines ou de Paris y arrivera sans problèmes. Plus ça va, plus on joue à droite à gauche et c'est ça qui fait qu'il y a de plus en plus de monde à nos concerts.
M : C'est une question de parcours : 3 albums et des dates dans toute la France. On cherche pas le feu de paille, c'est-à-dire que ça déchire puis que ça se casse la gueule. On a un parcours progressif qui fait que plus on joue et plus on a de chance d'être écouté. Y a une reconnaissance qui arrive parce que tu fais tes preuves sur le terrain…
C : Pourquoi chanter dans plusieurs langues plutôt que dans une seule ?
M : Ca vient des origines de chacun … Dans le groupe le chanteur est espagnol, notre ancien percussionniste était Italien, moi je chante en français (à part une chanson par album en anglais !). Ca permet non seulement de se faire comprendre par un tas de gens mais aussi d'avoir des relations internationales, au Mexique par exemple…
G : En plus dans nos albums figure toujours la traduction de nos textes. Comme ça si un gars ne parle pas espagnol il pourra toujours se référer à la traduction même si ça ne rime pas. En plus l'italien et l'espagnol sont des langues super chantantes : je ne vois pas Los Tres Puntos chanter en allemand par exemple …
M : S'il y avait eu un allemand dans le groupe qui aurait écrit un texte, il aurait certainement été joué ensuite…
G : Ouais mais c'est aussi fort possible que sans ça Los tres n'aurait pas existé ! (rires)
C : Qu'est ce que vous écoutez en ce moment ???
M : Bah moi j'écoute un groupe mexicain que j'essaye d'ailleurs de faire venir en France pour quelques dates mais c'est vraiment beaucoup de taff.
G : J'écoute un groupe québecois qui est une vague reformation des Banlieue rouge sinon manque de moyens, j'achète un peu moins de disques et c'est l'occasion de ressortir les vieux albums. Par exemple hier j'ai mis une vieille compilation …
B : En ce moment j'écoute pas mal de dub … Improvisator dub, Zenzile, etc …
C : Quel groupe vous a impressionné dernièrement sur scène ?
M : Hier on a joué avec Orange Street et honnêtement ça bouge bien. Je trouve ça très bon, c'est vraiment bien. D'ailleurs ils ont des dub qu'ils jouent sur scène et qui sotn de bonne qualité.
C : Un p'tit message pour ceux qui ne connaissent pas encore Los Tres Puntos ?
M : Allez, viens bonhomme, viens nous voir sur scène ! (rires)
C : Préféreriez vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
Laurent : On s'en fout … le plus souvent elles sont vierges !!!! (rires)
G : En réalité on s'en fout complètement … C'est quelque chose que je ne regarde pas …Le mec de 40ans au fond de la salle m'intéresse autant que la fille du premier rang !
M : Ca stimule toujours …
G : Ce qui nous intéresse c'est quand ça danse du premier au dernier rang…
Merci à tout los tres puntos !