{multithumb thumb_width=500 thumb_height=255}BEN : Vous entamez la tournée alors que l'album n'est pas encore sorti, n'est-ce pas trop difficile de s'imposer chaque soir ?
Julien Attias (guitare) : On a eu l'avantage de déjà faire des premières parties l'année dernière, dont cette salle (le Splendid de Lille) au mois de novembre. Mine de rien, les gens qui suivent AqME nous ont déjà, pour la plupart, plus ou moins découverts sur ces dix dates. Il y a aussi eu des morceaux sur les samplers, et puis le six titres qui a été relativement bien distribué. S'imposer, c'est bien sûr toujours difficile, mais de plus en plus de gens commencent à connaître les chansons.
Quel sentiment procure le fait de passer de petites salles à d'autres bondées, comme ce soir ?
Sébastien (chant) : C'est vraiment mortel ! On arrive et le public est vraiment là pour s'éclater, tout se passe super bien. Après c'est à nous de gérer ça correctement… Mais faire des petites salles, c'est aussi marrant, il y a des potes qui viennent, des gens qui ne connaissent pas et qui découvrent. Il y a un coté plus proche des gens qui est sympa… C'est deux approches complètement différentes.
Julien : C'est plus intime, on a le nez collé au gens et on peut vraiment voir de quelle façon ils réagissent, ce qui n'est pas toujours le cas sur une grande scène.
Le groupe existe depuis presque huit ans, pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant ce premier album ?
Sébastien : On a changé plusieurs fois de line-up, enfin, plus particulièrement de batteur. Et puis on ne voyait pas trop l'intérêt de faire un premier album qui serait avorté puisqu'on n'avait aucune connexion, qu'on ne connaissait personne. Là, on a décidé de le faire parce qu'on avait un manager…
Julien : Et puis parce qu'il y avait les chansons aussi !
Sébastien : On a trouvé un deal derrière… Il y a beaucoup de choses qui font que tu ne balance pas un album comme ça, dans le vent.
At(h)ome semble s'imposer comme un label respectueux des envies et des libertés de leurs artistes, comment s'est passée la signature avec eux ?
Sébastien : C'est simple : Ils nous ont emmenés au restaurant, ils nous ont bien bourrés la gueule et puis ils nous ont fait « Allez, maintenant signez » (rires) !
Le six titres se démarquait des autres productions par ses méthodes d'enregistrement, avez-vous procédé de la même manière pour Rock Against Rock ?
Julien : Oui, c'est à dire toujours du live, mais on a un peu remodelé le studio car il n'est quand même pas bien gros ! En matière de son, on voulait faire plus gros, plus large, plus ouvert, moins le côté cage enfermée que l'on pouvait retrouver sur le six titres. C'est sympa, mais pour l'album, avoir pour douze fois le son qui agresse, je pense que ça aurait été lassant pour nos oreilles et celles des gens ! On a repris le même local, mais on a juste légèrement changés la façon d'enregistrer, même si le coté live est toujours présent au final.
Sébastien : On a fait deux ou trois overdubs de guitare, notamment les solos et le chant qui sont passés à part, mais tout est enregistré à quatre dans la cabine, comme à l'ancienne !
A l'époque, un tel choix pouvait représenter une petite prise de risque, et aujourd'hui un groupe comme AqME cartonne avec un album beaucoup moins propre. Pensez-vous que le public ne se lasse des productions trop parfaites ?
Julien : Moi personnellement, ce genre de production me gonfle. J'ai beaucoup aimé quand les premiers Korn, en particulier le troisième est sorti, avec un son digne de Michael Jackson. Mais ce qui nous influence aussi, c'est du rock 70, enregistré avec les moyens du bord, et surtout avec un grain. C'est ce qui manque à ces productions, la proximité du son de guitare, le fait que tu puisse un peu déceler l'esprit de la cabine. Actuellement, on trouve ça plutôt aseptisé, c'est basé sur l'ordinateur et au final tu retrouve avec ces méthodes de découpage, le premier couplet est quasi-identique au second, sans aucune variation… C'est un peu morne.
Sébastien : Enfin l'important, c'est même pas une question de production, c'est de faire un disque avec ses tripes. Ecrire des chansons qui te ressemblent, et après que ce soit enregistré de telle ou telle manière, si c'est fait avec le cœur, ça envoie !
Julien : Il n'est pas dit que par la suite, on ne fasse pas un album prise par prise. C'est un peu ce qu'on avait fait avant le six titres.
Votre musique rassemble presque tout ce qui s'est fait dans le rock depuis trente ans, comment faites-vous pour mixer toutes ses influences ?
Sébastien : Je pense que c'est parce que l'on a tous diverses personnalités, qu'on écoute tous des choses différentes, qui datent de 30, de 20 ans ou de 10. A chaque époque il y a eu des choses vraiment intéressantes, après tout se fait naturellement, ça n'est pas vraiment réfléchi. On essaye juste de faire des morceaux qui ont tous une identité, pour éviter de faire des morceaux sur le même moule tout du long.
Julien : Il est important de digérer les influences aussi. Quand on était plus jeune, on reproduisait quasiment nos albums phares dans nos chansons !
Du fait de ces multiples influences, votre musique peut paraître plus déroutante qu'un groupe qui cartonne actuellement en FM. Préférez-vous que votre public fournisse un petit effort pour apprécier plutôt qu'il n'adhère à la première écoute ?
Sébastien : Bonne question…
Julien : Moi, je préfère rien !
– Julien s'éclipse pour aller faire ses balances –
Sébastien : Chacun aborde le CD, ou même la scène, comme il le sent. Si jamais le mec a envie de s'attarder sur l'album, il aura des choses à découvrir je pense… Je trouve en plus que Rock Against Rock est assez facile d'accès mine de rien. On évolue dans des domaines assez blues-rock, les structures restent couplet / refrain, sans partir dans des délires psychés à la Mars Volta ou Led Zep, avec des titres de trente minutes.
Aurélien (basse – prenant place derrière la bière de Julien) : Bonjour ! Aurélien, enchanté !
Sébastien : Donc, c'est assez simple d'accès, maintenant c'est quand même plus rentre-dedans et crade que certaines choses, même si pour l'album la prod. Est quand même bien mieux que pour le six titres.
Sur les six titres de ce maxi, deux ont été retenus (« Koma White » et « Irresponsible Riot Act »). Pourquoi ce choix ?
Sébastien : Parce que je pense sincèrement que ces chansons méritaient une deuxième vie. C'est des morceaux qu'on adore jouer en live comme en répèt.
La pochette est plutôt intrigante, a-t-elle une signification particulière ?
Sébastien : Non, pas vraiment. En fait à la base, l'idée était d'exploser une vitre afin de mettre un peu Rock Against Rock en image… Notre graphiste nous a imaginé ça, et il n'a eu à faire qu'un modèle en vérité, pour que l'on trouve ça bien. C'est pas parce que tu vois un drapeau Américain qu'on est anti-Américains, puisqu'au moins une bonne moitié de nos influences viennent de ce pays, et qu'en plus je chante en Anglais !
La meilleure question pour la fin : Est-ce que Lazy compte arranger sa musique pour passer chez Michel Drucker et assurer les premières parties d'Emma Daumas ?
Aurélien : Jamais !
Sébastien : Ca dépend combien ça paie… Je suis prêt par ailleurs à coucher avec Emma Daumas si ça peut nous faire réussir !
Aurélien : Moi aussi ! Moi aussi !
Sébastien : Michel Drucker s'occupera d'Aurélien… (éclats de rires)
Mathieu (manager) : Il reste le chien, ou la fille !
Aurélien : Bon je prend la fille… Plus sérieusement, notre but est de faire de la musique qui soit vraie, on ne cherche pas à se vendre.
Sébastien : On veut faire la musique qui nous ressemble au moment ou on l'écrit. On ne sait pas ce que l'on fera dans dix ans, et même si Lazy existera encore, l'âge nous aura sans doutes fait évoluer, mais le but est de toujours faire une musique qui nous ressemble.