Nous avons posé quelques questions à Laura Pleasants, la meneuse de l’un des groupes américains les plus excitant du moment, Kylesa. A l’occasion de la sortie de leur excellent album, Spiral Shadow, cette interview dévoile quelques détails à propos de cet opus qui explore une large palette d’influences, entre rock psychédélique et stoner.
Vous venez tout juste de lancer votre nouvel album, Spiral Shadow. Quels sont vos premiers ressentis ?
Plutôt bons. En grande majorité, la réaction du public a été plutôt positive.
Comment avez-vous procédé à la composition de votre album, avec 3 chanteurs et 2 batteurs ? Aviez-vous une vision globale de ce que vous souhaitiez tirer de votre expérience studio ?
En réalité, seulement deux d’entre nous chantent désormais (Phillip et moi). Notre vision de l’album s’est concrétisée avant l’entrée en studio. Cependant, Phillip et moi-même avons principalement écrit avec Carl parce que nous trouvions que c’était le moyen le plus simple de composer. Nous pensons ensuite aux deux batteries et comment elles vont s’intégrer au reste. La structure des morceaux est écrite avant.
Selon moi, vos nouveaux titres sonnent comme plus mélodiques. J’ai pu entendre de nouvelles choses, plus exploratoires, dans cet album. Où avez-vous puisé votre inspiration ?
Nos sources d’inspiration proviennent de différents endroits et sonorités – comme depuis nos débuts. Je pense que sur cet album plus particulièrement nous nous sentions confortables pour nous laisser guider par des influences moins évidentes. Je voulais plus de caisse de résonnance sur cet album car je suis profondément plongé dans le rock psychédélique. J’ai aussi écouté beaucoup de musique alternative du début des années 90 et tout un tas de choses comme les premiers Judas Priest, Rodrieguez, Soundgarden, Donovan. Nous sommes simplement des grands fans de musique en général.
Je pense aussi que "Tired Climb" est l’une des meilleures introductions que j’ai pu entendre parce qu’elle est stimulante pour écouter le reste de l’album. C’est comme une expérience addictive. Aviez-vous écrit ce morceau spécialement pour l’introduction de l’album ? Pourriez-vous nous donner plus de précisions ?
Merci ! Le coeur du morceau a été écrit et alors nous avons ajouté l’intro dans l’objectif d’ouvrir cet album. Le morceau était conçu comme une ouverture d’album. Nous pensions qu’il abordait tous les aspects de ce nouvel album – tout comme s’il était un condensé de l’album en un morceau. Nous sentions que c’était une bonne introduction pour inviter chacun à découvrir notre album en une écoute.
Vous avez aussi expérimenté beaucoup de nouvelles sonorités psychédéliques comme sur le morceau "Spiral Shadow". Etiez-vous à la recherche d’un aspect mélodique plus prégnant sur ces nouveaux titres ?
Tout à fait. Je souhaitais personnellement ajouter plus d’influences psychédélique dans mon jeu et j’ai réellement voulu avoir un album qui respire avec plus de mélodie et de dynamique. Je voulais que ce morceau titre en particulier ait une structure plus "classic rock" et je me suis dirigé vers un ton et un style qui lui est propre. Je voulais qu’il soit très chaud et épique avec des voix aériennes. Beaucoup de mes pensées, de mes idées, de mes émotions étalées dans mon subconscient sont retranscrites et cela rend le morceau très visuel et psychédélique.
Phillip et moi avions décidé du thème général de la distance avant d’écrire nos paroles mais elles tournent toutes autour de l’expérience humaine. Certaines sont très littérales et linéaires tandis que d’autres morceau sont plus abstraits ou proviennent de flux de pensées de notre subconscient. "Don’t Look Back" est un message pour aller de l’avant sans laisser nos mauvaises expériences passées nous détruire. C’est un point de vue plus optimiste que la plupart de nos morceaux.
Votre pochette d’album est aussi connoté au psychédélisme. Pouvez-vous nous donner plus de détails à ce propos ?
Nous sommes très impliqués dans la composition artistique et la représentation visuelle de notre groupe. Nous sommes fans du mouvement psychédélique et la pochette de l’album va dans ce sens. Nous aimons les choses bizarres et trippantes. Nous aimons l’art en général. Pour cet album nous avons collaboré étroitement avec Santos. Le symbole de l’arbre représente très souvent la vie et le temps, ce qui reflète nos paroles. J’ai aussi souhaité prendre une photo de cet arbre en particulier à Savannah pour le livret de l’album et voir le groupe photographié à côté de cet arbre pour que tout soit lié.
Grâce à ce patchwork d’influences et de nouveaux styles musicaux, pensez-vous avoir atteint le meilleur de votre musique ? Dans quelle direction Kylesa pourrait évoluer par le futur ?
Je ne pense pas que nous touchions à la perfection, ou alors c’est que je n’y ai jamais songé ? Je considère Kylesa comme un projet en avancement constant – qui évolue, respire et grandi avec le temps et l’expérience. Nous allons prendre plus de temps pour écrire le prochain album – j’espère que nous toucherons alors la perfection ! En ce qui concerne la direction que nous prendrons à ce moment là, nous composons nos morceaux naturellement au fil de l’eau donc je n’ai pas d’idée très précise pour l’instant.
Quelle est la récompense aujourd’hui pour vous de faire partie de Kylesa ?
Je pense que la véritable récompense après 10ans d’expérience de groupe, c’est la reconnaissance du travail accompli. Peut-être plus important encore, c’est le fait de jouer devant des foules qui partagent avec nous leur énergie et leurs sentiments. Avoir la possibilité de composer quelque chose avec la tête et le coeur est un formidable accomplissement. Nos fans sont une récompense immense.
Kylesa a été très présent sur la route durant ces dernières années. Vous avez joué avec High On Fire, The Ocean, Mastodon ou Baroness. Quels furent les moments les plus excitants sur la route ? Quelle est votre anecdote de tournée favorite ?
Il y a eu plein de moments excitants heureusement ! Et en même temps, les tournées tendent à nous brouiller ensemble parce que c’est la répétition des mêmes choses constamment. La tournée européenne avec Baroness fut mémorable car nous étions amis et nous avions du plaisir ensemble et nous n’avions pas beaucoup joué en Europe jusqu’à présent (c’était avant l’écriture de Static Tensions). La tournée US de Mastodon fut massive et globalement bonne (à l’exception des longues, très longues routes !). Ce fut épique de les regarder jouer Crack The Sky chaque soir. De plus, un de nos bons amis jouait du clavier pour eux durant cette tournée. Derek avait l’habitude de jouer dans le groupe Cream Abdul Babar avec qui nous avions fait un split LP/CD en 2003. Nous avions tourné avec High On Fire deux fois et nous les avions vraiment apprécié en tant que groupe et en tant que personnes. J’aime aussi jouer avec de nombreux groupes en dehors de notre genre, comme Clutch par exemple. Nous avons tourné ensemble en Europe et je suis devenu fan et ami instantanément avec ces gars. Je suis reconnaissante de pouvoir tourner avec autant de groupe que j’aime écouter et passer du temps. C’est comme les colonies où vous rencontrez des nouvelles personnes intéressantes et après 4 semaines, tout est fini et vous repartez avec de nouvelles amitiés avec vos anciens amis qui vous manquent. C’était exactement comme ça quand nous tournions avec Converge l’été dernier parce que nous partagions le même tourbus. Nous avons passé de bons moments ensemble et joué sur des festivals mortels. Je pense que les festivals européens resteront mes meilleurs souvenirs. Bien sûr, ce n’est pas que la vie de dandy et du fun et du jeu. C’est très difficile physiquement et mentalement de faire ce que nous faisons. C’est à l’opposé d’une vie normale. La meilleure chose que nous avons en tournée, c’est l’attitude et beaucoup de repos. Malheureusement, avoir une bonne nutrition est difficile.. l’attitude est TOUT !
Quels retours avez-vous eu à propos de vos nouveaux morceaux sur scène ? Quel est celui que vous préférez jouer ?
Nous avons joué seulement quelques nouveaux morceaux en live jusqu’à maintenant et nous allons en jouer de plus en plus. Ceux que personnellement je préfère jouer sont "Unknown Awareness", "Spacegoat", "Running Red", "Perception" et "Hollow Severer". J’ai un bon ressenti lorsque je les joue – ils prennent généralement beaucoup de temps à être intériorisé pour me sentir totalement à l’aise avec. Je suis sure que d’autres nouveaux morceaux vont devenir mes favoris en live.
Vous citez Kyuss comme l’une de vos influences majeures. Que pensez-vous de leur reformation sans Josh Homme dans "Kyuss Lives". Vous attendez-vous à jouer avec eux ?
Oui, Kyuss est une de nos influences – majeure, je n’en suis pas sûre – mais la manière de jouer de la guitare de Josh est énorme. Il est si doux. Se reformer sans lui me parait étrange car il est mon membre favori de Kyuss. Il est celui que j’ai envie de voir et d’entendre ! Mais ça peut être cool. J’irai à leurs shows !
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Merci et j’espère vous voir bientôt ! Regardez Kylesa.com pour avoir des nouvelles, des liens, etc.