Cap’tain Planet : Pour ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion d’écouter cet album, pourriez-vous nous le décrire ? Est-ce que l’on peut ressentir une évolution depuis le précédent ? {multithumb thumb_width=450 thumb_height=300}
Lord Bitum : K2aiRlines est un album très éclectique, tant au niveau musical, qu’au niveau des thèmes abordés. Musicalement cela va du ska au dancehall ragga en passant par le roots, un peu de dub, et même du reggae teinté soul et jazzy. Côté texte, les thèmes sont divers, certains légers, comme « La Rescousse » et « Falling Down » qui parlent d’amour. D’autres plus personnels comme « T’es Parti », qui concerne le décès d’un proche et les sentiments intimes qui y sont liés. Toujours engagés et conscients, des textes comme « Enfants Soldats », « Maîtres du Jeu » ou encore « Homoriginal », se positionnent en tant que textes militants quant à certains problèmes de sociétés que nous rencontrons, en l’occurrence les mômes enrôlés lors de guerres et qui ne sauront jamais ce que c’est que d’être un enfant, la place de nos dirigeants et leurs aspirations douteuses, ainsi que l’homophobie trop présente à notre goût en général et dans le reggae en particulier.
Le titre « Bizness » explique de quelle façon la musique est un business, mais au sens positif du terme, c’est une liberté d’expression et un moyen d’aller de l’avant, de viser plus haut. Au delà de ça, la musique existe aussi et avant tout à mon sens pour nous faire danser, et créer un esprit de fête, et c’est ce que l’on a essayé de faire aussi avec « Mash Up »… Le tout entrecoupé d’interludes avec les voix françaises d’Omer Simpson, Bruce Willis, Whoopy Goldberg et bien d’autres…
Par rapport à l’album précédent, il y a forcément eu une évolution, de part la maturité de tous, mais aussi grâce à l’intégration de nouveaux membres dans le groupe : Mehddy aux claviers, Pat au trombone et moi-même, qui apportons tous une énergie et des couleurs musicales nouvelles.
C : Avez-vous exploré d’autres directions avec l’arrivée de Lord Bitum ?
L B : Difficile de parler de moi à la troisième personne… Je pense qu’avec mon arrivée K2R explore désormais un peu plus le coté reggae actuel, ragga dancehall, et met en musique des envies de longue date. Je viens à la base du milieu Hip-Hop/Ragga (Mental Kombat, LOKOS) et des sound-systems (Raggadikal Sound, Jungle Junkies), ceci explique peut-être cela.
C : Une nouvelle fois vous avez fait participer pas mal de monde sur cet album. Peut-être moins que par le passé … Des personnes manquent à l’appel ?
L B : Sur K2aiRlines, on retrouve pas mal d’invités : P’tit Gilles à la trompette, Ishak Ali Kawa à la sitar et aux tablas, Pierik aux claviers (Marcel & Son Orchestre), Laurent Guiteau et Carla Palone aux cordes, Olivier Riquet aux claviers (qui joue désormais avec Anis) et Timike (Le Petit Dernier) à la guitare et à la réalisation sur « Enfants Soldats ». Pour les interludes Maïk Darah, Dorothée Jemma, Richard Darbois, Philipe Peythieu, Emmanuel Curtil, Mark Lesser et Patrick Poivey. Après cet album, nous avons voulu poursuivre l’aventure et inviter d’autres artistes, c’est pourquoi nous avons eu l’idée de sortir un maxi : Bizness Classe reprenant 3 titres de K2aiRlines remixés et interprétés par des invités de taille : LeeRoy du Saïan Supa Crew sur « Mash Up », Omar Perry sur « Maîtres du Jeu », et Enhancer sur « Bizness »… Bizness Classe est disponible sur www.cd1d.com ainsi qu’au merchandising de K2R les soirs de concerts (Big Up Fannie !!!).
C : Vous avez des textes engagés. Parfois très engagés, pourtant votre musique reste toujours sereine. Est-ce volontaire de ne pas vouloir faire ressortir de la mélancolie plutôt que de la noirceur ?
L B : Le reggae est une musique dite chaude et colorée, même si elle peut être mélancolique (Sufferer). C’est par définition un genre musical assez positif, c’est pourquoi malgré le fait que nous ayons des textes engagés, revendicatifs et finalement un peu triste du fait des thèmes abordés, notre musique n’est jamais totalement « dark » ou « hardcore » comme une partie de la scène métal par exemple…
C : Concernant la production de l’album, avez-vous cherché à vous séparer de la dimension live ? Autrement dit, est-ce que vous pensez réarranger les compositions pour le live ?
L B : Concernant la production de l’album, nous n’avons pas spécialement cherché à nous séparer de la dimension live. Nous avons essayé en tout cas de garder la même énergie que celle qui transparaît sur scène, ceci dit, les morceaux sont évidemment retravaillés, réarrangés pour le live, car nous aimons beaucoup cela, et n’avons pas envie que le public ait l’impression d’écouter le cd en concert.
C : Cet album ne s’est-il pas fait attendre dans le sens où tu as dû interpréter des morceaux que tu n’avais pas composé durant 2 ans ?
L B : Cet album s’est évidemment fait attendre dans le sens ou j’étais impatient de composer de nouveaux titres de A à Z avec les K2R, et donc d’apporter réellement ma pierre à l’édifice. En attendant, pas de frustrations pour moi en live pendant 2 ans, car à aucun moment je n’ai repris les lyrics des anciens chanteurs, je chantais mes propres textes, sur chacune de leurs chansons en respectant le thème. L’échange à été très présent dès le début, du coup, le travail en commun a débuter dès la tournée Decaphonik et c’est tout naturellement que j’ai intégré officiellement le groupe…
C : Vous avez un objectif, une envie particuliere pour la sortie de cet album ?
L B : L’objectif pour cet album est qu’il soit apprécié du public, qu’il marche, et que l’on ait un maximum de visibilité et de retours. Notre envie c’est qu’un maximum de gens sache que l’on est bien là, remontés à bloc et qu’on ne va rien lâcher. On aimerait également que certaines radios qui nous boudaient auparavant, nous fassent signe et s’engagent à nos côtés. Entendre notamment les titres remixés du maxi Bizness Classe sur quelques radios nationales serait un réel plaisir…
C : Pourquoi cette thématique de l’avion pour la sortie de cet album ? Est-ce juste un simple jeu de mot ou il y a quelque chose d’autre ?
L B : La thématique de l’avion pour la sortie de K2aiRlines, n’est pas juste un jeu de mot. C’est une façon pour le nouvel équipage d’inviter les gens à voyager avec notre musique. C’est aussi parce que l’on sait que le « kärcheriseur » guette, et comme nous sommes prévoyants on va faire en sorte que les sans papiers voyagent dans de bonnes conditions, avant de se poser de nouveau en France, là où tous ces gens doivent vivre de façon sereine et légale selon leur souhait…
C : Vous aimez voyager ? Vous préférez la route au studio ?
L B : On adore voyager, la route et le studio sont des choses très différentes. Il est vrai que K2R est avant tout un groupe de scène, et que c’est très plaisant de visiter les régions et villes de France, de rencontrer des publics et groupes différents. Le studio est quelque chose de très intéressant, c’est à ce moment là que l’on peut tester des choses, se permettre, s’amuser… Les deux font partie de nos vies mais ne sont que difficilement comparables…
C : Quel voyage aimeriez-vous faire ?
L B : Moi j’aimerais aller jouer dans le pays du berceau du reggae, la Jamaïque, à plus forte raison dans un énorme festival reggae tels que le Sting Festivalou le Reggae Sunsplash. La Caraïbe en général, les îles des Dom-Tom, K2R a déjà joué à La Réunion. Plus proche de chez nous, Outre-Rhin, le reggae est très présent et du coup c’est un pays d’Europe où l’on espère jouer durant la tournée K2aiRlines.
C : Vous composez plutôt sur la route ou directement en studio ? Techniquement, comment vous y prenez-vous ? L’élaboration d’un titre se passe comment d’une manière générale ?
L B : Au niveau des compos nous n’avons pas de recette, on peut composer sur les routes comme en studio mais la plupart du temps c’est dans notre local que tout s’opère. L’élaboration d’un titre peut se dérouler de différentes manières, parfois l’un d’entre nous propose une mélodie, des accords, et tout le monde ajoute sa graine, les chanteurs écrivent, trouvent des mélodies. L’inverse est également vrai : les chanteurs viennent avec des textes et le reste suit.
C : Avec un line up de 10 musiciens, est-ce qu’on peut dire que composer est un travail de titan ou au contraire c’est beaucoup plus simple que dans une formation restreinte ?
L B : Un groupe de 10 musiciens comporte ses avantages et ses inconvénients quand à l’élaboration des compos. Les avantages, sont qu’étant nombreux beaucoup d’idées fusent et comme chacun a des influences et un univers bien spécifique, les résultats sont souvent très riches et originaux… En revanche, niveau inconvénients, à chaque fois c’est 10 avis différents, 10 critiques, et ce n’est pas toujours évident de contenter tout le monde.
C : Comment faites-vous pour garder la motivation au sein d’un groupe sans vous éparpiller chacun dans des projets annexes ? Certains ont-ils des projets solos ?
L B : La motivation reste présente chez les K2R car cela fait minimum 10 ans que les membres se connaissent, c’est donc une histoire de famille. Le fait que certains aient des projets annexes n’est pas négatif, bien au contraire, c’est bon pour l’épanouissement personnel de chacun, de voir ce qu’il se passe ailleurs, et d’être d’autant plus motivé de voir que K2R est une grosse machine bien huilée. Mano joue de la batterie pour Mo’Kalamity, Mehddy joue du clavier dans plusieurs formations Raï & Gospel, Mister T (basse) et Pat (trombone) officient en ce moment dans un projet pédagogique qui s’appelle Odyssée Jamaïque et moi, j’ai mon propre sound system Raggadikal Sound et je suis également MC du sound Jungle Junkies. Je suis aussi en train de préparer mon street album solo.
C : De quels autres groupes vous sentez-vous proches ?
L B : On se sent humainement très proche d’Anis, Timike, Orange Street, Les Ogres De Barbacks, Sergent Garcia, The Elements, Les Hurlements De Leo, Marcel & Son Orchestre, Leeroy, Omar Perry, Enhancer, Raspigaous, et plus généralement d’énormément de groupes indépendants de la scène française en fait !!!
C : Le mot de la fin ?
L B : Les mots de la fin : soutenez-nous, soutenez la scène indé, venez nous voir en concert, achetez K2aiRlines, téléchargez utile et intelligemment, n’hésitez pas à venir échanger quelques mots sur notre forum (www.k2r-riddim.net) et on espère aussi voir du monde sur Myspace (www.myspace.com/k2rriddim), les titres du maxi y sont d’ailleurs en écoute et en téléchargement… Comme quoi avec K2R pas besoin d’Emule ! Big-up à toute l’équipe de Vacarm.net, tous les webzines, fanzines et bénévoles qui font bouger les choses musicalement. Merci à tous les massives qui soutiennent K2R RIDDIM !!!