{multithumb thumb_width=267 thumb_height=356}A la suite d'une séance dédicace à la Fnac du coin, quinze minutes me sont accordées avec Ben et Charlotte, l'autre moitié du groupe répondant aux questions de mon confrère de W-Fenec. Charlotte ne semble pas au mieux de sa forme, ce qui cependant ne l'empêchera pas, tout comme Ben, de se prêter à l'exercice avec le sourire.
BEN : La Fin des Temps marque une nette différence par rapport à vos deux précédents albums, pourquoi avoir opéré ce changement de style, et comment avez-vous abordés la composition ?
Ben (guitare) : Ca c'est fait assez naturellement, moi personnellement je n'ai pas l'impression qu'il y ait un réel changement de style. La production est différente puisque l'on a changé de producteur, mais en dehors de ça, les chansons sont à peu près construites de la même façon. Je ne trouve pas qu'il y ait vraiment un virage à 180 degrés, tout c'est vraiment fait comme ça, sans se poser de questions. A aucun moment on ne s'est dit « Demain, on va faire différent » !
Pour en revenir sur la production, plus brute que par la passé, est-ce une volonté de revenir vers les racines du rock'n'roll ?
Ben : Un petit peu oui, et puis aussi d'aller dans le sens contraire de nos deux premiers albums à ce niveau là…
Charlotte (basse) : On voulait vraiment retranscrire l'aspect « live »…
Ben : On avait fait des choses très sophistiquées sur les deux premiers, avec énormément de prises. Cette fois on a essayé de moins se cacher derrière la production, afin de vraiment faire ressortir les chansons.
Que pensez-vous du son aujourd'hui adopté par les groupes à succès ?
Ben : Justement, ce genre de production est intéressante, mais reste quand même très froide, et au final très « polie ».
Charlotte : Je trouve que ça vieilli vraiment plus mal…
Ben : Ca correspond à une époque… Les classiques n'ont pas une production trop typée, et c'est ce qui permet à ces disques d'être intemporels.
Qu'a changé le fait d'enregistrer en France, par rapport aux disques précédents qui avaient été mis en boite en Suède ?
Ben : On rentrait chez nous le soir (rires) !
Charlotte : C'était beaucoup moins de stress.
Ben : On ne dormait pas à quatre dans la même pièce, on n'a pas eu besoin d'expédier nos instruments là bas ! Pleins de petites choses qui ont rendues l'enregistrement plus agréable et détendu. Mais c'était quand même une super expérience de partir en Suède.
Charlotte : C'était aussi plus étalé, on continuait toujours avec les concerts en même temps, c'était un rythme bien différent.
Polaroïds et Pornographie se plaçait dans la directe continuité de Sombres Efforts, est-ce que vous avez regrettés à l'époque de ne pas avoir pris plus d'initiatives, les solos notamment…
Ben : Chaque chose en son temps, on ne l'a pas fait à ce moment là car on ne le sentait pas. C'est toujours comme ça, tu enregistres le disque et puis après coup tu te dis « Ah tiens, ça, il aurait été possible de le faire différemment ». C'est le jeu ! A l'époque on n'avait pas le niveau pour se lancer dans un disque comme La Fin des Temps, avec des morceaux très longs, des solos guitare / batterie, des parties de chant plus poussées… On n'aurait pas osé le faire avant, on ne s'en seraient pas sentis capables… C'est un peu dur à expliquer en fait !
Pour cet album, chacun s'est impliqué dans les textes. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?
Charlotte : Il nous fallait le déclic. On ne voulait pas se forcer, c'est venu naturellement, comme le reste. C'est une envie de vouloir partager quelque chose en plus.
Ben : Tout le monde participait à la musique, on trouvait un peu dommage que le chant, qui est une partie importante du groupe, ne soit pas écrit en équipe. C'est pareil que pour les solos, avant je ne me serais jamais lancé là dedans, j'avais trop les foies !
Le nouveau son adopté divise. En aviez-vous conscience en enregistrant le disque ?
Ben : Bien sur. Daniel (Bergstrand, producteur des deux premiers opus) à une touche bien caractéristique, et en changeant de producteur on savait que le son serait éloigné et différent. On s'est posé la question de savoir si ce changement allait déplaire à un certain nombre, et c'est le cas pour quelques-uns, mais compte tenu de ce début de tournée plutôt réjouissant, ça a l'air de bien rouler !
Hormis sur la première démo University Of Nowhere, il n'y a jamais eu de collaboration sur un album d'AqME, pourtant vous avez récemment démontrés en enregistrant avec Indochine que vous n'étiez pas contre. Simple coïncidence ou véritable choix ?
Ben : Un peu des deux. Il y a toujours une ambiance un peu spéciale sur nos disques, et il est toujours difficile d'y incorporer un featuring au milieu. C'est assez dur à imaginer…
Charlotte : Indochine est peut-être le seul groupe avec qui l'on se retrouve au niveau de la noirceur des ambiances…
Ben : Et puis c'est sur le disque d'Indo, et pas sur le notre ! Mais si un jour on a l'occasion d'une collaboration qui colle avec notre univers, avec le disque, pourquoi pas. On ne ferme pas totalement la porte à l'idée, mais pour l'instant il n'y a rien qui s'est présenté et qui rentrait dans le cadre, mais peut-être plus tard.
Le rythme de travail du groupe est plutôt soutenu, enchaînant tournée sur album. Est-ce une politique que s'impose le groupe ?
Ben : On aime composer, jouer devant un public… Et puis on n'a pas d'autre travail à côté, on ne fait que ça, donc par rapport aux gens qui nous suivent et nous supportent, on se doit de s'imposer une certaine productivité. On se sentirait coupables de dire « Tiens, pendant six mois on va glander ! » (rires).
Charlotte : Après les trois mois sans concerts, c'est plutôt nous qui avions hâte de trouver des plans pour se remettre au boulot, pour refaire des concerts !
Après visionnage du D
VD bonus, AqME laisse le sentiment d'un groupe extrêmement soudé. Pensez-vous qu'il soit possible d'enregistrer un bon album en travaillant chacun de son côté ? Comme le dernier Coal Chamber par exemple…
Ben : Attends, tu as parlé d'un bon album là (éclats de rires) ! Ca n'est pas notre façon de faire, on imagine difficilement travailler comme ça pour notre part…
Il y a quelques temps maintenant, vous avez assurés la première partie de Rammstein…
Ben : C'était il y a presque un an je crois, je n'ai pas trop la mémoire des dates.
Qu'avez-vous retenu de cette expérience ?
Charlotte : Moi je m'en souviens (rires) !
Ben : Elle s'est déplacée les cervicales !
Charlotte : Je pense que le souvenir restera pour toujours ! Sinon c'était une belle expérience, même si on ne les a pas vus…
Ben : C'est un peu un état d'esprit particulier. Ils viennent juste pour le concert, avant ils ne mettent pas les pieds dans la salle, ils restent dans le tour bus. On n'a pas la même façon de penser, moi ça m'a un peu gonflé… Et puis au final, musicalement il ne se passe pas grand chose, à part des flammes et des explosions ! Autant aller voir un bon film d'action (rires) ! Je préférais ce qu'ils faisaient avant, ça n'a pas énormément changé, mais ils avaient l'air un peu plus concernés par ce qu'ils jouaient.
La majorité de vos concerts sont complets bien avant la date. Pourquoi ne pas avoir programmé de plus grosses salles, en particulier pour Paris ?
Ben : Parce que l'on va faire l'Olympia le 21 octobre ! Ca fait une semaine ou deux que la nouvelle est tombée !
La dernière question est pour Charlotte : As-tu des admirateurs masculins particulièrement envahissants ?!
(rires)
Charlotte : Oui ça arrive ! Mais bon, ils ne sont pas fanatiques non plus, ils gardent leurs distances !
Ben : En fait, ils ont peur ! Mais il y en a quand même un ou deux qui viennent sonner à ta porte !
Charlotte : C'est vrai !
Ben : On reçoit des trucs bizarres des fois aussi (rires) !
Charlotte : Mais en général ça reste assez bon enfant.
Merci à Ben et Charlotte, à Cyril, à Vincent chez At(h)ome ainsi qu'à Ludivine pour les photos.