Jean : Pas de concept prédéfini pour cet album. Globalement, on retrouve des ambiances et inspirations différentes : il n’y a pas de ligne directrice autour d’un thème. Même si certains titres peuvent retracer l’histoire fictive ou non d’un personnage.
Vous faites souvent référence à des images mystiques alors que dans vos histoires, Dieu n’existe pas… Est-ce délibéré ?
Cela n’engage que toi ou l’auditeur (rires). Il n’y a pas de parti pris dans les textes, libre à chacun d’y voir une forme de dieu ou pas.
Là où vos pistes instrumentales issues d’Une vie plus tard, le précédent album, se teintaient d’une noirceur planante, les nouvelles se gorgent davantage d’onirisme, de magie, d’ambiances presque celtiques ou orientales comme dans « E-fée ». Aviez-vous une influence particulière ?
Ce sont des ambiances qui nous inspirent depuis pas mal de temps. Nous écrivons la musique avant les paroles : de ce fait, Clin y trouve une grande liberté dans la création de ses lignes vocales. Notre culture est vraiment portée par les ambiances que tu décris, donc on doit forcément les retrouver dans nos deux précédents albums, un mélange de titres instrumentaux ou vocalisés. A côté de ça, nous avons également des morceaux très longs où les ambiances sont primordiales. Certains morceaux restent sous leur forme originelle, d’autres doivent être retaillés pour s’adapter aux supports actuels.
Et justement ces morceaux plus longs, comme vos premiers enregistrements datant d’entre 1995 et 2001, comptez-vous les proposer par la suite en téléchargement, ou en bonus sur un cd ?
Nous avons une grande bibliothèque de titres. Dans notre fonctionnement, nous faisons beaucoup d’improvisations avec le magnéto qui tourne derrière pour capter les idées ! Parfois on s’y replonge, on les arrange pour une utilisation sur des projets annexes ou pour figurer sur des albums. En tout cas ils ne sont jamais rangés définitivement…
Il y a beaucoup d’images qui me viennent à l’esprit sur nos albums. Surtout une fois l’ambiance installée, les vocalises et les textes posés, là les images apparaissent. Pour ma part c’est rarement l’inverse sur le processus de composition, à savoir l’image qui me vient pour ensuite créer une musique s’y référant.
Un indéniable penchant littéraire émane de vos textes, tout autant que les mythes (« Morphée »), l’Histoire (« Athéna »), jusqu’à la citation d’une affiche de Paul Colin (« In humanité »). Qu’est-ce qui vous influence pour l’écriture ? Concevez-vous chaque texte de chanson comme une sorte de nouvelle ?
On compose souvent les textes à deux avec Clin, donc l’inspiration de chacun y transpire. Clin peut tout aussi bien lire de la littérature classique du dix-septième que du fantastique. Pour ma part, je suis pas mal porté sur la littérature du dix-neuvième. Mais on ne conçoit pas les textes comme des nouvelles, n’apportant d’ailleurs pas spécialement un début, un développement et une fin.
Quand on a composé le deuxième album, on avait une idée de ce que ça allait donner sur le troisième par la suite, tant pour les versions instrumentales que pour les textes ; certaines chansons étaient déjà écrites pour le troisième puisque nous avons composé davantage de titres que ceux qui figurent sur Une vie plus tard. On a donc toujours un peu une idée de la suite. Maintenant, pour l’univers, la musique suit sûrement une évolution logique tout en assimilant le son des deux premiers albums.
Avez-vous ressenti une certaine pression pendant l’enregistrement du Chemin du ciel, après le succès plus important d’Une vie plus tard ?
La pression, c’est plutôt nous qui nous la mettons pour se mettre à l’œuvre, ayant pas mal de difficultés à coucher sur papier comme sur cd les idées, les textes et la musique. Il y a des choix à faire et nous avons justement du mal à choisir, à faire le tri entre les différentes versions que l’on réalise de chacun des morceaux. J’ai beaucoup de mal avec l’application sur support et à arrêter la version définitive d’un morceau (quant aux arrangements, aux rajouts de guitare etc.), on a des quantités de versions, des fins qui ne seront jamais incluses… On essaie d’être réalistes, tout en restant sur notre faim de ne pas pouvoir tout exploiter.
As-tu quelques anecdotes à dévoiler quant à l’enregistrement ? Et pourquoi cet écart de quatre ans entre chaque album ?
Pas vraiment d’anecdote, mis à part le grand tri sur les chansons et les mixes (rires). Il s’agit d’un gros travail avant que tout soit mis en boîte, car ça peut partir dans toutes les directions et comme dit précédemment il y a des choix à faire, notamment sur les arrangements qui peuvent complètement changer de ce que l’on imaginait à la base.
Pour l’écart régulier entre chaque sortie, il n’est pas voulu, le marché du disques étant ce qu’il est ! Ca prend de toute façon pas mal de mois entre l’écriture, l’enregistrement, toutes les prises de son, les voix, les arrangements. Il y a aussi une recherche de cohérence, pas forcément évidente non plus. Donc le processus dure en général assez longtemps chez nous.
Vous finalisez actuellement le clip vidéo de « Promesse », mixtionnant des images de synthèse à des plans du groupe. De quoi parle le clip et à partir de quand le public pourra-t-il le découvrir ?
Je dirais au plus tard à la rentrée, pour la diffusion du clip. Effectivement il mélange à la fois des images de synthèse, des dessins, des aquarelles, des clins d’oeil à des dessinateurs ou cinéastes (Hayao Miyazaki, Hergé…) mais aussi à des jeux vidéo qui sont arrivés ces vingt dernières années. (Mario, Sonic, Crash Bandicoot, etc.) C’est un clip assez différent de ce que l’on a pu faire auparavant, et qui tient assez de la culture des réalisateurs Hal & Mandy, deux graphistes de talent avec lesquels la collaboration a été très riche. Il se démarque de l’univers traditionnel du groupe ou en tout cas du dernier clip, « Quand viendra l’heure » : l’histoire fait intervenir des créatures imaginaires s’interposant entre les deux personnages principaux. La trame scénaristique est celle du voyage initiatique semblable à celle qu’entreprennent les personnages de conte.
C’est un approfondissement de la musique, voire un habillage extérieur qui peut éventuellement influencer le choix du public. Cela peut paraître un peu superficiel ou pervers d’ailleurs. En tout cas difficile aujourd’hui de se passer de visuels, puisque la musique utilise aussi ce mode de communication. Nous réalisons les pochettes avec Philippe, notre manager : c’est un travail qui nous prend beaucoup de temps et dans un style assez peu réaliste.
Alors oui, Patrick fait toujours partie du groupe. Mais effectivement, sur l’album, il y a pas mal (pour ne pas dire exclusivement) de samples et de boucles. En revanche nous travaillons à présent l’aspect scénique avec Patrick, ainsi que le quatrième album qui devrait sortir avant quatre ans…
Vous avez déjà des idées pour ce quatrième album ?
Oui, on a beaucoup d’idées et pour tout te dire, on est actuellement en train de faire la préprod’. Nous en sommes à une quinzaine de titres, donc on va faire le tri pour essayer de mettre ça en boite au plus vite.
Vous êtes rapides pour le coup !
Exceptionnellement, on avait un peu de temps libre entre la sortie de l’album en avril et les concerts de la rentrée, c’était l’occasion de mettre à profit cette période plus calme pour la préprod’ du prochain…
Concernant vos prochaines prestations, avez-vous déjà réfléchi à votre set-list et à ce qui habillera les lives ? Avez-vous quelques dates prévues ?
Nous jouons le 29 août 2009 au Rock Estival de Loures-Barousse. D’autres concerts devraient suivre à la rentrée. Le chemin du ciel est particulièrement adapté à la scène, nous travaillons là-dessus, notamment sur la partie batterie où Patrick effectue un vrai travail de décryptage (rires). Il y aura des morceaux du premier, du deuxième et bien sûr du troisième opus.
Des morceaux du quatrième également ?
Je ne sais pas encore. On prépare une set-list sur les trois albums, ce qui fait déjà pas mal de morceaux pour la sélection. Peut-être qu’on en jouera un si le temps nous le permet.
Non mais tu vas me le dire (rires)…
Connais-tu ce super jeu vidéo de catch nommé Allan’s Championship Wresting League qui reprend ces initiales ?
Pas du tout, mais c’est impeccable ! Désormais on pourra le placer dans nos prochaines interviews (rires).
Interview réalisée par téléphone fin juin 2009.
Crédits photos : ACWL.