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Interview – BATpointG (Juillet 2013)

BATpointG, ce nom ne vous dit peut être rien mais sous ce pseudonyme se cache un artiste français qui ose chanter dans sa langue natale et surtout endosser un style musical qui lui est propre. En effet, BATpointG a dans la peau une chanson française teintée de hip hop agrémentée de notes d’accordéon. Accordéon ? Je vois venir votre interrogation car son style n’est peut être pas celui dont vous avez l’habitude d’entendre mais revenez quelques années en arrière, il suit la trace de quelques éclaireurs comme Java… BATpointG a sorti en Avril 2013 son tout premier opus, Juste une Note et fait clairement voler en éclat les frontières entre la chanson, le hip hop, l’accordéon, l’électronique… La rencontre avec BATpointG était programmée après son passage sur la scène de l’Horloge des Francopholies de La Rochelle pour discuter pendant quelques minutes avec cet artiste qui mêle un son contemporain avec un accordéon qui, dans la conscience collective ne devrait pas être un instrument utilisé pour faire de la musette…

Qui se cache derrière cet accordéon et sous ce nom de scène BATpointG ?

Tout simplement Baptiste alias BATpointG. Je suis une personne de trente et quelques printemps qui fait des chansons, qui adore le rapport au corps et aux mots. Il se trouve qu’avec mon instrument, l’accordéon, je me suis trouvé le compagnon idéal pour faire corps. Je l’ai sur mes épaules, je le porte, je le sens… C’est un vieil instrument qui vibre et qui a une caisse de résonance, on fait corps tous les deux. J’ai fait pas mal d’instruments différents mais j’ai mis pas mal de temps avant de réellement le trouver. Aujourd’hui, je peux le dire je suis l’homme à l’accordéon. J’ai même fait une chanson qui explique les contradictions pour être l’homme à l’accordéon. Voilà, je suis juste l’homme à l’accordéon.

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Comment t’es venue cette idée de faire de l’accordéon et de te mettre en avant avec cet instrument ? Rares sont les artistes qui se mettent sur le devant de la scène avec un accordéon.

J’ai touché à pas mal d’instruments et un jour j’ai rencontré des amis qui faisaient de la musique acoustique. C’était un groupe qui était une sorte de composite de groupes de rock, il s’appelait Grosses Papilles en hommage aux VRP. Le seul moyen que j’avais pour jouer dans cette formation était d’endosser l’accordéon. On faisait pas mal de reprises de groupes comme les Motivés, La Tordue, les Têtes Raides… À l’époque, j’étais pianiste et un clavier à transporter en tournée, ce n’est pas très simple. J’ai décidé de prendre l’accordéon pour les suivre sur la route puis de fil en aiguille notre son s’est électrifié, c’est hip-hop « isé »… Je ne voulais pas lâcher cet instrument sur scène, du coup je me suis posé pas mal de questions et réfléchies pour que cet instrument ai sa place dans cette musique actuelle. Lorsque l’aventure Grosses Papilles s’est arrêtée il y a trois ans, j’ai décidé de chanter et de faire mes chansons, de les porter sur scène avec mon accordéon. C’était une évidence pour moi.

Comment t’es venue cette idée de faire de l’accordéon et d’avoir un phrasé rappé ?

Je ne suis pas le seul, il y en a plein. Il y a les MAP, Java… Lorsque je jouais avec Grosses Papilles, nous avions rencontré les Java. On avait partagé une scène en 1999, ce jour-là j’ai vraiment été marqué au fer rouge. D’une part, par la façon d’utiliser l’accordéon par Fixi, l’accordéoniste de Java et à la fois par R-Wan, le chanteur qui a un phrasé particulier et qui utilise très bien les mots. Je portais ça en moi depuis pas mal de temps et petit à petit en me nourrissant de poésie et en baignant dans cette chanson française, je me suis approprié cette langue, j’ai trouvé mes gimmicks, mes manières de composer… Ce que je reprocherais à la chanson française c’est son côté un petit peu mièvre. Avec ma propre culture musicale et bien sûr avec la culture musicale de mon frère de musique Mister Tchack, l’homme à la batterie, on construit des morceaux ensemble pour que ça devienne ce que tu as vu en concert tout à l’heure sur la scène des Francofolies de la Rochelle.

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Tu parles de tes influences, mais quels sont tes influences personnelles ?

Pour les influences concernant les mots et la composition des chansons, j’ai été marqué au fer rouge par des groupes comme Java, Mano Solo, la Tordue… Ce sont des personnes que j’ai pu réellement rencontrer et discuter de cette matière textuelle. Puis après sur le plan de la musique, j’ai dans les oreilles du hip-hop américain, de la pop, de la musique classique… Je ne me pose pas la question par rapport au style de musique. La question du texte, c’est la base de mes chansons. Je suis un passionné des rythmes, moi qui n’ai pas le rythme dans la peau, ce n’est pas pour rien que je joue avec un batteur. J’adore les rythmes alambiqués, j’adore quand les choses s’imbriquent rythmiquement et c’est vraiment ce travail qui me plaît lorsque que l’on est dans notre local de répétition et que l’on passe pas mal de temps à créer notre musique. On ne se pose jamais la question du style, ni de référence. On se pose plutôt la question de couleur, de texture… Par exemple, sur l’album on a eu un gros background acoustique, j’ai joué pas mal d’instruments comme du synthétiseur, de la batterie électronique, de l’accordéon… Il n’y a aucune guitare. Une fois que nous avions tout enregistré les parties musicales, nous avons tout donné à un producteur de hip-hop qui a eu carte blanche pour enlever ou ajouter ce qu’il voulait sur les morceaux. Dans notre groupe, nous sommes à la recherche d’une certaine rythmicité, d’une harmonie et la recherche se fait surtout au niveau des textures sonores. On ne peut pas parler de style mais bien sûr ça reste de la chanson française car j’ai une envie de toucher les gens. C’est de la variété mais pas au sens péjoratif du terme, c’est de la variété au sens où c’est varié. J’adore jouer en première partie pour des groupes électroniques qui ont des casquettes vissées sur la tête et qui viennent nous dire après le concert que notre musique leur plaît par notre beatbox ou autre chose… Puis, on peut plaire aussi à des personnes âgées qui passent par hasard nous voir en concert lorsque l’on joue en plein air, par exemple hier nous étions à Surgères en Charente-Maritime. Nous étions sous un chapiteau, il y avait une ambiance assez familiale. Lorsque l’on arrive à toucher aux extrêmes avec la musique, je me dis que l’on a gagné quelque chose. Nous ne sommes pas cloisonnés dans un style avec BATpointG.

Sur le plan de la composition, comment se passe ce travail au au sein de BATpointG ? Travaillez-vous ensemble ?

La plupart du temps, j’apporte les textes et la trame principale. J’aime faire quelques reprises de temps en temps mais ce que je préfère par-dessus tout c’est de travailler mes propres compositions. J’ai une voix qui s’adapte à pas mal de choses mais pour y arriver, j’ai travaillé ma voix pour que ça claque sur des consonnes, sur le phrasé, sur le flow… Sur le plan de la musique, j’arrive souvent avec une ligne harmonique, des changements d’accords et ensuite on voit le reste avec Mister Tchack. Souvent j’arrive avec quelque chose d’assez neutre et on détruit tout. Ensuite, on reconstruit cette base en pensant à l’assemblage rythmique pour que ce soit un morceau original dans notre set.

D’où vient ce nom de scène BATpointG ?

Je suis baptiste Giuliano avec un G. Mes amis m’appellent BAT.. J’ai choisi un pseudonyme qui collait bien avec cette idée d’un truc un peu hip-hop urbain. J’aime bien comment sonne ce pseudo. Après je ne te cache pas qu’il y a ce côté du point G qui dans l’inconscience collective est assez parlant. Même si certaines personnes pensent à quelque chose de sexuel, très vite lorsque l’on nous voit, ou l’on nous entend, très vite la barrière de cet a priori tombe. À la base, j’avais une collection de chansons, je faisais des déclarations d’amour, des tentatives de séduction en utilisant les champs lexicaux. J’en avais une avec toutes les règles de grammaire, une autre avec toutes les règles du basket-ball, une avec tout le vocabulaire de la main.… Il y a plein de chansons qui parlent d’amour. Puis, on aime bien l’idée que notre projet soit sexy. Le tout fait que on l’assume pleinement mais pas dans le côté lourdingue que le pointG peut procurer dans l’imaginaire collectif. Tu sais, la musique c’est une recherche permanente du plaisir. Je te parle de la composition mais le plaisir, nous l’avons aussi dans les nuits blanches de studios, lorsque je noircis ma feuille blanche… C’est un exutoire et c’est vraiment un plaisir car je fais un métier qui ouvre des portes intellectuelles et affectives énormes.

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Tu parles d’exutoire mais on voit réellement que la scène en est une pour toi.

C’est ma vie, je me démène pour jouer sur scène. Ce laboratoire de composition qui  est derrière existe pour vivre des moments de scène et des moments de communion avec mon compagnon batteur. Vu que nous sommes que deux sur scène, il y a plein de moments d’improvisations. A chaque concert, on se doit de faire une surprise l’un envers l’autre. Lorsqu’il y a cette osmose entre nous deux, les gens sont réceptifs. Depuis trois ans, depuis le départ du groupe, je fais en moyenne trois à cinq concerts par mois dans des conditions totalement différentes. Je rencontre plein d’artistes qui sont stressés et angoissés à l’idée de monter sur scène alors que moi je dis que je suis avec mon batteur et qu’il ne peut rien m’arriver. Aujourd’hui, avant de monter sur scène, je n’ai pas été stressé car j’étais avec mon batteur et je sais que nous serions bien accueilli, que c’était la fête… Quand c’est la fête, ça se transforme en salle des fêtes pour que les gens fassent la fête.

Je voulais venir sur l’artwork de Juste une note, le premier album de BATpointG. On voit ton visage sur un papier plié en accordéon, est ce pour mettre une nouvelle fois en avant cet accordéon ?

J’ai réalisé un premier EPqui s’appelait l’homme à l’akkordéon où je plantais un petit peu le décor avec ma boîte à rythmes, ma voix et l’accordéon. C’était dans un style un peu minimal. Avec l’album, nous voulions ouvrir le champ des possibles. Nous avons donc enregistré des cordes, des synthétiseurs… L’idée était d’ouvrir l’orchestration pour dire que nous n’étions pas limités qu’à l’accordéon. Il y a des chansons sur l’album où il n’y a pas du tout d’accordéon, il y a Grand Paris où je suis avec un quatuor à cordes ou encore la chanson Juste une note, il y a un style dubstep. Nous voulions marquer le coup avec cet accordéon et sur toute l’histoire de l’album et sur la déclinaison graphique de l’album de la même manière que l’on a réussie à trouver une unité de son et graphique sur cette aventure. Il y a cette histoire de photos qui me représente pliée en accordéon. Cette photo a été déclinée en affiche, placardée sur des murs… Mais cette photo a aussi une histoire, elle a beaucoup voyagé, elle est sur une scène, sur un ballon de basket et au-delà de ça, nous avons eu l’idée d’aller plus loin et de mettre en place un protocole c’est-à-dire que nous prenons en photo des personnes du public et des personnes que nous rencontrons lors des concerts comme des programmateurs des artistes… Nous les prenons en photo avec leurs avec leur moitié du visage et mon visage. Ces photos font comme une traînée de poudre sur Internet, nous voulions donc donner une suite à cette idée de feuilles qui voyagent en la mettant sur l’album. Je suis un peu mal à l’aise car je n’ai pas l’habitude d’être mis sur le devant de la scène, on voit mon visage sur l’album sur les affiches, sur des pages Facebook… C’est drôle et c’est marrant, ça donne une une vraie cohérence à cet ensemble graphique.

Est-ce que dans l’avenir BATpointG pourra prendre une autre dimension en intégrant de nouveaux musiciens sur scène ?

Nous avons déjà fait des concerts un petit peu particulier. L’album Juste une note est sorti en avril et nous avons fait deux concerts événements. Un concert à Toulon où nous avions eu carte blanche donc nous avons fait venir les cordes qui étaient sur l’album, on a fait venir des invités, des danseurs… C’était tellement une grosse soirée que nous avons décliné cette soirée à Paris au Divan du monde. Pour cette soirée, nous avons fait venir un violoncelliste qui s’appelle Valentin et chaque fois qu’il joue avec nous, il donne une extension à notre musique. Donc, je pense qu’il va venir de plus en plus jouer avec nous en tournée. Mais je t’avoue que l’instant, être à deux pour défendre notre projet c’est vraiment une force parce que c’est léger.

Photos Live / Propos recueillis par Hervé Faisant pour Vacarm.net
Merci à BATpointG (Baptiste) pour avoir répondu à mes questions.

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