Après un passage particulièrement décevant au Batofar début 2008, on n’attendait plus grand-chose de Bring Me The Horizon en live. Venu défendre un Suicide Season bien plus lourd et plus bandant que le précédent opus, la figure de proue du deathcore demeure encore un groupe à la crédibilité fragile. Qui n’a pas son tattoo n’entre pas sur scène, prise de température d’une prestation plus qu’attendue par la foule babylissée.
Son super lourd, Oliver Sykes débarque avec un marcel sur le dos et se jette dans le public, les fans du premier rang en perdent presque leur appareil dentaire. D’entrée de jeu, le frontman sur-tatoué affiche une assurance terriblement trippante, les musiciens maitrisent carrément leur sujet mais semblent en retrait. Malgré la qualité de leur jeu, on a un peu l’impression qu’ils ne sont que des faire-valoir au service d’un chanteur quasi érigé en icône d’une génération. Ils seront sur les photos ratées des fans… Pour autant, les nouveaux morceaux font parler la poudre : énorme puissance de frappe et fracassage massif de tympan (« The Comedown », « Diamonds Aren’t Forever », « Chelsea Smile »). Suicide Season voit Sykes exprimer une nouvelle facette vocale particulièrement éraillée et bien plus encline à séduire un public proche du hardcore. Bien plus intéressant qu’auparavant, le chant gagne aussi grandement en crédibilité quand c’est ce nouvel atour vocal qui prend le pas sur le vulgaire charabia typiquement deathcore des anciens titres ; on apprécie le changement. Les Anglais enchainent les morceaux sans temps mort (« Medusa », « Braile ») et la fosse s’éclate pas mal : « vas y que j’te mets des mandales dans le septum, que j’t’arrache ton slim, que j’m’accroche à tes plugs ». Certes loin d’être parfait, le set des Britons rassure quant à la capacité du groupe à fournir des prestations dignes de ce nom, l’expérience acquise au cours des tournées mondiales n’y est sans doute pas étrangère. Bilan plus que positif.
Petit à petit la scène emo s’éteint, une autre s’éveille, bien plus lourde, emmenant avec elle une jeunesse tout juste adolescente pas forcément avisée sur la question du metal. Nouvelle génération, nouvelles mœurs. BMTH a en tout cas réussi son rattrapage scénique, qui plus est pour défendre un album bien plus fort que le précédent. L’affiche n’a fait pas salle comble, mais démontre que BMTH brasse toujours beaucoup de fans, parfois même très jeunes. On sourit à la vue des parents attendant leur progéniture à la sortie du concert, les plus courageux avaient payé leur place…
Photos : Flora Colomas
Merci à Ben et à Flora !