Une soirée concert dans la ville de Rennes, c'est souvent synonyme de bonne ambiance. A l'Antipode ? Encore mieux, une salle sympa, une bonne prog et un bon son, ça promet d'autant plus. Organisée par les valeureux drilles de Radio Campus Rennes ? Bon, on les achète où, les billets ? C'est donc plutôt confiant sur la qualité de la soirée qui s'annonce que j'arrive au début des festivités de l'Anti-Plastic 2, soirée electro-rock faisant suite à une première édition réussie en janvier 2008. Une affiche mélangeant des jeunes pousses nationales et rennaises, pointue, à l'image de laboratoire de la découverte sonore que peut avoir la capitale bretonne. Sans oublier la présence de John Lord Fonda, camarade de dancefloor de Vitalic et valeur sûre en matière de gros beat qui envoie. Bon, ben quand faut y aller, faut y aller.
L'Antipode, ce soir en version « deux scènes » met en avant les formations plutôt rock et nationales sur la « Monster Floor », et les DJ et producteurs electro qui font de Rennes ce qu'elle est en matière de vivacité musicale sur la « Freak Floor ». Après un rapide coup d'oeil sur Downtown Cuckoo, jeune pousse rock qui va faire parler d'elle (et qui participera au tremplin Jeunes Charrues), il me semble entendre du gros son au loin. Et pour cause, Katell, Djette de l'excellent collectif Open Fader, officie aux platines de la Freak Floor, et elle sait où elle va. Un break incisif et percutant, un mix impeccable, première bonne surprise de la soirée, et il y en aura d'autres. Phospho prend le relais, le combo niortais donnant dans un son hybride punk-funk bien foutu, emmené par le gesticulateur David, qui se démène pour convaincre le public attentif de l'Antipode. Les bonnes critiques sur leur premier album sont visiblement fondées, groupe à suivre. A ne pas perdre de vue également, SATI, duo electro producteur/VJ qui nous balance un live techno oscillant entre minimale et choses plus percussives, tout en restant dans la sobriété et l'élégance, à l'image du Vjing inspiré.
Bon, là, on commence à vraiment rentrer dans l'ambiance, et le public répond présent. Flou, un trio de hipsters de premier ordre, nous balance son mélange nu-rave electro-pop acid-punk machin-chose, improbable mais particulièrement fun et bien exécuté. L'âge du frontman n'a pas l'air d'exploser le compteur, et c'est tant mieux, on va pouvoir compter sur eux longtemps. Tristan Wurst, armé de son Mac et de sa MC-808, donne comme à son habitude dans l'electro-clash façon french touch 2.0, ça envoie grave, et les gens aiment ça. Sexual Earthquake In Kobe, originaires de Lille, sont venus nous dire qu'ils se sont pas déplacés pour rien, et leur disco-punk (un truc dans le genre), inspiré autant par The Faint que Klaxons, en plus electro, finit par faire monter les gens sur scène, avant que le frontman Charly ne descende lui-même se mêler au public, visiblement conquis.
Sexual Earthquake In Kobe / Dr. Von Pnok & VJ Realmyop
Le coup de cœur de la soirée (pour le public comme pour moi) se situera sur la Freak Floor en la personne de Dr. Von Pnok, accompagné de son VJ, Realmyop. Changement de registre : 2 Gameboys en guise de boite à rythmes pour l'un, une manette de Wii et un PC pour l'autre, c'est parti pour un set 8-bit qui nous lessivera les oreilles, tout en nous refilant une patate d'enfer (et croyez-le ou pas, une reprise de « Dans Le Club » de TTC passée à la moulinette chiptunes, ça vaut le détour). Le set finit à 220 bpm, les visuels pixellisés du VJ convulsent de couleurs toujours plus fluo, la musique 8-bit est définitivement le punk des années 2010. Aussi surprenant que jubilatoire. C'est bientôt fini, mais pas avant que la locomotive de la soirée, John Lord Fonda, ne vienne envoyer son set dans les enceintes de la grande scène. « Girls » de The Prodigy flirte avec « Robot Rock » des Daft Punk, le bonhomme, en toute sobriété, balance son gros son, et malgré une fin de set un poil « grosse techno avec synthés pas très subtils », réussit le pari d'acquérir la foule à sa cause. Un public rennais exigeant (comme toujours), mais qui visiblement, aura apprécié la soirée, au vu des visages fatigués mais heureux sortant de l'Antipode à 5h du matin.
John Lord Fonda
Bon, ben visiblement j'ai gagné mon pari. Tous les groupes ayant tenu leurs promesses, cette soirée aura, on l'espère, conquis les connaisseurs autant que les amateurs venus pour la découverte. En espérant que Radio Campus Rennes remette le couvert pour la 3ème édition ( je vous précise d'ailleurs que cette édition était l'occasion pour eux de promouvoir leur compile « Vibrations Electriques 2 » téléchargeable gratuitement ICI ), on tient là un bon petit nom de soirée que je vous conseille de retenir. Chapeau bas.