Future Palace prend tranquillement de l’ampleur. Si le groupe manque encore un peu d’impact en live – la probable conséquence d’une formule en trio, les allemands jouant avec des lignes de basse préenregistrées –, les ex-jeunes pousses signées sur l’excellent label Arising Empire poursuivent sur la bonne lancée de leur second album Run. D’étoile montante de la scène metalcore européenne, Future Palace passe au statut de « valeur sûre » en signant un troisième disque efficace et parfaitement inscrit dans la tendance du moment.
Genre fourre-tout par excellence, le metalcore est aussi décrié que le nu-metal en son temps. Future Palace s’y inscrit pleinement en y associant de plus une dimension électro-rock qui hérissera probablement les poils des plus true des métalleux. Tant qu’à faire, les allemands jouent la provoc’ esthétique à fond : couleurs flashy, paillettes, vidéos calibrées au millimètre, tatouages / barbes de hipsters etc. Le trio a bossé l’aspect marketing de sa musique mais ne n’arnaque personne : les influences principales sont certes metal, mais les musiciens sont avant tout là pour s’éclater et proposer des hits à la douzaine. Et force est de constater que ce Distortion fait vraiment fort dans le genre. Le disque est clairement percutant et ne nécessite pas d’écoutes répétées pour s’imposer. Future Palace fait dans l’easy-listening le plus total, naviguant en permanence entre gros riffs acérés, passages néo / alternatifs et grosses boucles électroniques qui se vissent solidement en tête. Le son est puissant mais rarement agressif – quelques passages velus éclosent cependant régulièrement –, et le guitariste Manuel Kohlert remplit solidement l’espace avec un riffing qui n’est pas sans rappeler des formations en vogue comme Landmvrks, Annisokay voire Bring me the Horizon. Beau joueur, ce dernier accepte volontiers de partager la vedette avec des claviers et boucles synth-pop qui imposent souvent les motifs mélodiques.
Cette dimension électro eigties se mixe parfaitement avec l’agressivité mesurée de la gratte, les constructions restant fluides et faisant état de beaux contrastes en matière d’intensité sans jamais sortir de schémas radiophoniques. Des morceaux comme « The Echoes of Disparity », « Decarabia » ou « Amethyst » sont des petites pépites de ce metalcore next gen redoutablement entêtant. La jeune frontwoman Maria Lessing fait ici, encore plus que sur le disque précédent, des merveilles. Elle déroule avec malice des lignes popisantes à souhait – quelle science du refrain ! – et surprend occasionnellement avec un coffre assez majestueux. Voire quelques phrasés rapcore énervés qui évoquent avec plaisir la scène américaine du début des années 2000… et ses thématiques revues à la sauce actuelle : dépression, relations humaines complexes, place des femmes etc. Si Run affichait déjà un gap conséquent côté chant par rapport au premier album, l’aisance désormais affichée par Maria Lessing en matière d’écriture est bluffante.
Future Palace semble définitivement lancé pour intégrer la cour des grands. Supporté dès ses débuts par un label qui affiche probablement dans son roster les formations les plus intéressantes du registre – avec Out of Line –, les allemands balancent avec ce Distortion une friandise aussi sucrée que burnée. Ne reste plus qu’à se donner les moyens sur scène pour courir en élite. Notons que le trio se lancera pour la première fois sur une tournée en headliner au cours de l’automne.
.: Tracklist :.
- Uncontrolled
- Malphas
- Panic Paralysis
- The Echoes of Disparity (Ft. Charlie Rolfe)
- Dreamstate
- Decarabia
- In Too Deep
- Rays of Light
- A Fool on a Devil’s Reins
- They Take What They Want
- Amethyst Lyrics