Leur label verrait bien les musiciens de Rumble In Rhodos comme les nouveaux At The Drive-In. S’ils ne possèdent pas la renommée de la formation américaine malgré un appui désormais non négligeable des adeptes de rock indé, le quintet en cultive méticuleusement l’esprit. Bien qu’il ne s’agisse du premier véritable album à bénéficier d’une distribution nationale, Intentions représente le second chapitre de la courte histoire de Rumble In Rhodos. Un départ sur les marchés étrangers qui mérite toute l’attention.
Tout droit venu de la froide Norvège, le groupe romps avec la tradition metal de son pays et avance sur des terrains indie bien personnels. En l’espace de huit compositions, Rumble In Rhodos témoigne d’un véritable talent d’alchimiste en brodant des ossatures alambiquées. Ce qui n’entraîne pourtant pas les musiciens à sombrer dans les travers d’un rock trop cérébrale, ses expérimentations demeurant aisément lisibles et irrésistiblement accrocheuses. Les refrains se montrent à ce montrent d'ailleurs particulièrement entêtants (« Ethical Codes »). Intentions fleure bon le rock seventies, chaque excursion sonore présentant des étendues brutes de décoffrage mais néanmoins mélodiques à souhait. Le quintet attribue à ses morceaux un son sec et râpeux, proche d’un rendu vinyle, production admirablement adaptée à des envies musicales zigzagants continuellement et habilement vers des chemins non déterminés. Rumble In Rhodos brode ses morceaux dans une urgence de tous les instants, à mi-chemin entre post-punk et indie-rock, cultivant les dissonances ainsi qu’une certaine forme de psychédélisme avec un talent certain (le magistral « Paws, Claws & Alarm-Clock Laws » d’ouverture, « Cinematic Sweeps », « Soft Blackouts »).
Pas de temps mort, la rythmique demeure soutenue et les guitares naviguent dans des couches stratosphériques aiguës, ne muant dans une saturation plus percutante que de manière occasionnelle. Les lignes de basse se trouvent ainsi à nu, libre d’imposer des nervures rondes et entraînantes charpentant de façon particulièrement marquée les structures des titres (« The Function Of Color »). Mais si Intentions s’assimile de manière instantanée pour tout habitué des élucubrations de formations telles que The Mars Volta, le disque ne se profile pas comme une œuvre grand public. A l’instar des guitares, la voix du leader Thomas Bratlie survole dans les aiguës, et présente un timbre écorché vif assez difficile à appréhender sur les première mesures. Volontairement imparfait, le chant dérape à de nombreuses reprises dans des directions à la justesse discutable (« Flavoured Envy ») conférant à Intentions une dimension résolument « authentique ». Du rock posé sur bandes avec l’imprévu et l’énergie du direct.
Intentions est un disque de rock’n’roll grinçant et ponctué d’influences old school. Loin des schémas mercantiles et aseptisés actuels, Rumble In Rhodos ne vit que par la sueur et donne vie à une belle série de compositions personnelles et inspirées. L’expérience du live à domicile, magique.
.: Tracklist :.
01. Paws, Claws & Alarm-Clock Laws
02. Flavoured Envy
03. Conducting Electricity
04. Ethical Codes
05. Harpoon Etiquette
06. Cinematic Sweeps
07. The Function Of Colour
08. Soft Blackouts