Comment vivre après le décès brutal de celle ou celui qui a partagé notre quotidien ? Comment réussir à ranger ses vêtements, à laver la vaisselle du repas de la veille ? Dans « Seul », un clip si bouleversant, Cachemire tente de faire ressentir le fantôme de l’être cher disparu dansant autour de soi.
Un riff mélancolique mais hyper puissant démarre le clip. Déjà, l’ambiance pesante et chargée en émotion se fait ressentir. Le rythme est lent, ce qui est rare dans les compositions de Cachemire. La voix de Fred Bastar, teintée de ce grain de poivre coincé dans la trachée si caractéristique, est posée et solennelle. Le pattern de la batterie de Farid Chanhih a été travaillé pour le rendre important. Lorsqu’il démarre, il donne le sentiment d’une explosion en sanglots chez la personne qui a perdu ce proche. Le petit passage de guitare, à la fin sur le pont, est savoureux, telle une douce caresse sur un visage pour sécher des larmes.
Les paroles relatent toutes ces choses familières que l’on fait chez soi tous les jours, machinalement. Toutes les habitudes qui ne sont qu’anodines tant que sa moitié est en vie. Mais qui prennent tellement d’importance quand le cœur de l’être aimé cesse de battre. Après un décès comme celui-ci, il est en effet très difficile, voire impossible, de vider une armoire remplie de ses vêtements. On cherchera encore à sentir son odeur dans les draps, même si c’est douloureux. Le dernier message sur le miroir sera laissé, tout comme les cheveux dans la baignoire. Et, pendant longtemps, il sera facile de se rappeler du son de sa voix.
Le clip a été tourné au Château des Places, situé au Vigneau, dans la commune de Beaupréau-en-Mauges (49). Fred apparaît debout dans l’herbe, le regard fixé vers le sol, comme quelqu’un de triste. Lorsqu’il commence à chanter, il se trouve tantôt dans une partie en rénovation, tantôt en train de marcher à l’extérieur. Son visage est fermé, comme pour exprimer avec exactitude les paroles. Une scène a été montée devant l’édifice. Il fait nuit, un triangle inversé émet une lumière blanche intense, de la même couleur que les robes des musiciens. Ils jouent tous avec un air grave. Deux personnes dansent en se déplaçant. Il s’agit de Mélinda et Florian Humeau.
Fred a travaillé ce titre en rentrant d’un live du groupe britannique Archive. Il avoue s’en être beaucoup inspiré. Comme le dit Ron Godd, la mélodie reste en tête. Lorsque le morceau se termine, on n’a qu’une seule envie : celle de le réentendre. Comme quand on souhaite se remémorer les souvenirs passés en compagnie de son défunt amour. Au travers de « Seul », Cachemire parvient presque à nous faire couler de chaudes larmes. Impressionnant !


