Blankass appartient désormais à l’histoire du rock français. Noyau dur du projet Zéro de Conduite, les frères Ledoux – à peine dix piges au compteur – signent au milieu des eighites chez RCA et assurent un impressionnant chapelet de premières parties prestigieuses. U2, Serge Gainsbourg, The Inmates, Charles Tranet, The Clash. Une liste non-exhaustive qui permet aux deux frangins de jouer ici et là, dans l’Hexagone comme aux États-Unis, leur apportant le contenu de dix vies avant même la majorité. Formé en 1990 suite à la dissolution de leur amour de jeunesse, Blankass souffle aujourd’hui sa vingt-cinquième bougie. En 27 titres, Je me souviens de tout offre un aperçu de l’héritage du groupe.
Blankass est né aux premiers jours d’une époque bénie. Nirvana explose alors aux yeux du grand public, entrainant par la même occasion un véritable engouement pour une musique alternative jusqu’ici réservée aux oreilles averties. Noir Désir durci le ton, le groupe Bordelais livrant à ce même moment et presque coup sur coup deux albums purement rock, rêches et sans concessions – Du ciment sous les plaines en 1991, Tostaky l’année suivante –. Étonnamment, Blankass prendra le temps de murir ses envies et son orientation musicale, la formation ne signant son premier album qu’au cours de sa cinquième année d’existence. Le succès est immédiat. Victoire de la musique, singles multi-diffusés sur les ondes, tournée à rallonge : le groupe marque immédiatement les esprits en livrant un album déjà maitrisé de bout en bout. La rançon d’une formule longuement préparée et testée « live ». Le punk des premiers jours à progressivement mué vers une approche plus complexe, contrastée, adulte. Si premier disque est souvent synonyme de tâtonnements, les membres de Blankass y posent des bases solides et dévoilent sans fausse(s) note(s) une marque de fabrique qui restera la leur sur les opus suivants.
L’écoute de Je me souviens de tout permet de constater la cohérence affichée par le travail de Blankass au fur et à mesure des sorties. Ce foisonnant premier best-of mixe audacieusement les classiques et les inédits, les morceaux confidentiels et les ré-enregistrements / radio-edit. Contraignant à en aller-retour perpétuel à travers la discographique de Blankass, Je me souviens de tout reste parfaitement homogène, comme si la marque du temps n’avait eu aucune emprise sur les compositions du groupe. Les novices découvriront de ce fait un passionnant recueil de chansons soignées, riches, naviguant constamment entre rock et folk. Car si Blankass témoigne du grain alternatif des années 90, les musiciens n’hésitent jamais à expérimenter, bidouiller, fusionner les influences. Leur musique se profile de ce fait comme un rock’n’roll ouvert, réceptacle de sonorités traditionnelles comme de riffs électrisants. De la tendresse à la rage, il n’y a souvent qu’un pas.
Stratégiquement positionné en ouverture, l’inédit « Panorama » présente un groupe en pleine possession de ses moyens. Une excellente nouvelle composition, à l’image du contenu de ce best-of chargé en pop-songs indispensables. S’il représente une porte d’entrée privilégiée sur le travail de Blankass, Je me souviens de tout devrait parallèlement ravir les aficionados en offrant son lot de raretés.
.: Tracklist :.
01. En paranorama
02. La couleur des blés
03. Pas des chiens
04. Roule
05. La croisée
06. L’ère de rien
07. Pour la lumière
08. Le silence est d’or
09. Anna
10. Grand
11. La faille
12. Qui se souvient
13. Mondiale idée
14. La couleur des blés (version 2014)
15. Changing of the guard (duo avec Mike Scott – démo inédite)
16. Mon drapeau
17. Killer inside
18. Le passage
19. Au Costes à côté
20. King of the world
21. Fatigué
22. Qui que tu sois
23. Rendez-vous
24. L’empreinte
25. Je n’avais pas vu (live)
26. Je me souviens de tout
27. Janvier
