Dans les années 1990, Oakland a vu sortir Rancid de ses ghettos, elle voit aujourd’hui émerger un quatuor dont la démarche ambitieuse est aux antipodes du mouvement punk. The Matches débarque, oserez-vous tenter l’expérience ?
On croit rêver lorsque l’on voit qui a produit Decomposer. Ils s’y sont en effet mis a plusieurs et selon les morceaux, on assiste à un véritable balai de grands noms du punk-rock moderne : Mark Hoppus (Blink-182), Brett Gurewitz (Bad Religion), Tim Armstrong (Rancid), John Feldmann (Goldfinger) et bien d’autres ! La logique voudrait que ces punk-rock producteurs produisent du… punk-rock. Mais pas du tout, c’est vraiment mal connaître The Matches qui s’est forgé un style tout sauf académique. Le quatuor nous sort en effet le grand jeu avec une pop extravagante gonflée à l’électro à la limite de l’expérimental et de la new wave (« Drive »).
Le frontman un peu dérangé sur les bords (son look cheveux longs d’un côté et courts de l’autre suffit à nous convaincre) mélange les envolées vocales (« Papercut Skin »), les contes féériques (« Salty Eyes »), la pop (« Didi (My Doe, Part 2) »), le désespoir emo (« Drive »), bref c’est juste inattendu et surtout inédit. Mais ne réduisons pas The Matches à cette excentricité d’apparence car derrière cela, se cache une véritable usine à idées. « Lazier Than Furniture » pourrait ainsi dans son genre être une BO parfaite pour un Orange Mécanique contemporain. Il ne manque plus que le chapiteau pour que les hommes à trois têtes viennent se mêler au spectacle. Avec un batteur qui joue le métronome, des sons et des chœurs improbables, il y a de quoi devenir fou (« You (Don't) Know Me ») ; la guitare et le chant lorgnent du côté des aigus pour mieux nous injecter par intraveineuse les mélodies et les trouvailles sonores (« Sunburn vs. the Rhinovirus »). The Matches sait aussi calmer son jeu avec « The Barber's Unhappiness » et sa pointe d’émotion, ou s’accomoder de gimmicks entêtants (« What Katie Said »).
Decomposer est au final un album déroutant de prime abord mais carrément grandiose lorsqu’on se laisse emporter par l’originalité des californiens. Pour une fois qu’un groupe est créatif ne lui reprochons pas, d’autant que le boitier CD ainsi que le livret s’avèrent particulièrement réussis, voilà une chose que le téléchargement ne permet pas d’avoir !
Jeu, set et Matches (elle était facile) !
.: Tracklist :.
01. Salty Eyes
02. Drive
03. Papercut Skin
04. Clumsy Heart
05. Little Maggots
06. What Katie Said
07. Sunburn vs. the Rhinovirus
08. Lazier Than Furniture
09. Didi (My Doe, Part 2)
10. You (Don't) Know Me
11. My Soft and Deep
12. Shoot Me in the Smile
13. The Barber's Unhappiness