Sans véritable raison apparente, ce premier disque de Texas Terri (depuis rebaptisée Texas Terri Bomb) se voit déjà ré-édité pour la troisième fois depuis sa sortie initiale en 1998. Pas de remasterisation au programme, une pochette revue mais tout aussi affreuse (et après tout quelle importance, est-ce bien là une préoccupation punk ?) et quatre petits bonus greffés en fin de course, d’ou un titre modifié en Eat Shit +4.
Au vu de pareil artwork, on devine bien aisément le fonctionnement d’un personnage comme l’Amérique sait nous en livrer quelques dizaines par année. Ancienne strip-teaseuse, Texas Terri aborde la scène bien souvent dans une tenue guère plus habillée, et mérite bien son titre de frontwoman déjantée d’un mouvement punk revival bien underground. Car à l’image des groupes qui fleurissaient dans les caves du monde entier au cours des années 70 ou 80, la formation reprenant d’ailleurs avec brio quelques grands classiques (« Problems » des Dicks, « If Looks Could Kill » des Loafin’ Hyenas ou encore « Baby Let’s Twist » des Dictators), Eat Shit +4 sent l’enregistrement à l’arrache à plein nez. Non pas qu’il s’agisse ici d’un groupe inexpérimenté, bien au contraire. Les Stiff Ones ont déjà à cette époque de la bouteille, hantant les clubs les plus minuscules de la ville de Los Angeles dont ils sont originaires, mais préfèrent témoigner sur disque de leur potentiel scénique et optant donc pour les prises live. Ce premier opus se voit donc comblé de riffs poisseux balancés par un ensemble de musiciens dopés à la bière infâme, exécutés avec un matos limité pour une musique qui sera donc dénuée d’effets inutiles, le tout se voyant mené tambour battant par une section rythmique au punch indiscutable. Mais si la formation n’emprunte pas les chemins pailletés du rock actuel, celle-ci témoigne d’un niveau technique plus que satisfaisant, plaquant quelques solos bien retros sur une grande majorité de compositions (« Burgers & Fries », « Cave Woman »).
Les structures restent certes plutôt conventionnelles, mais force est de constater que l’efficacité est bien présente (l’excellent « Oh Yeah ! », « King & I »). Les délires vocaux de Texas Terri y sont probablement pour beaucoup. D’un chant gras et râpeux car non aseptisé par une sur-production (les musiciens n’en ayant de toute manière pas les moyens), la demoiselle enchaîne sur des refrains en borborygmes ou des cris arrachés sur-aigus (le délirant « Lifetime Problems »). L’investigatrice du projet n’a pas froid au yeux, détrônant au niveau de ses propos politiquement incorrects bons nombres de mâles velus, se qualifiant elle-même de « Mick’s Bitch » dans l’introduction de l’album, rotant avec délicatesse histoire de conclure un « Cave Woman » au titre évocateur et aux sonorités bien rednecks. Exception faîte de l’inédit « Women Should Be Wilder », morceau de très bonne facture, les bonus n’ont pour leur part qu’un intérêt limité, les deux démos (« Situation » et « Holy Ghost ») étant disponibles dans leurs versions finales sur le même album.
Sans originalité débordante, ce premier essai demeure, presque huit ans plus tard, un disque sacrément prenant. Difficile de dire si Eat Shit a mal vieilli ou pas, puisque celui-ci puise ses influences dans des groupes bien postérieurs à sa création. Reste que l’en reprend une rasade volontiers !
.: Tracklist :.
01. Mick’s Bitch
02. Lifetime Problems
03. Holy Ghost
04. Situation
05. Sad Life
06. Oh Yeah !
07. Me Mad
08. Burgers & Fries (You’re Not Alive)
09. Baby Bird Shuffle
10. Cave Woman
11. King & I
12. If Looks Could Kill
13. Baby Let’s Twist
14. Women Should Be Wilder
15. Situation (Demo)
16. Holy Ghost (Demo)
+ Vidéo Oh Yeah !